
Le messie du mal: Ecarte ton vagin et recrache mon sperme que je t'assassine!
Alors que le monde est encore sous le choc de la tragédie Manson, le cinéma va exploiter à fond ce filon.
Trainant derrière lui une sulfureuse réputation, Sweet savior est une oeuvre étrange, une curiosité malsaine typique d'un certain cinéma américain en ce début d'années 70.
Une orgie de drogue, de violence et de sexe nous promettait l'accroche du film mais de cette promesse ne reste qu'une débauche de sexe essentiellement sous l'emprise de drogues- uniquement douces précise t'on

S'il est un genre auquel rapprocher Le messie du mal c'est le sexploitation à l'américaine.
L'intrigue ici est réduite au max. se contentant de reprendre le thème habituel du gourou psychopathe entouré de dévoués adeptes, quatre ici, choisis avec soin par Moon, dont une jeune fille devant faire sexuellement ses preuves lors d'ébats saphiques.
On se prépare ainsi durant toute la première partie du film, soit une petite heure, à une orgie organisée chez une apparente star de cinéma, vieille putain lubrique

Roberts ne s'attarde guère sur ses personnages. On apprend juste au détour d'un cauchemar que Moon, le gourou, fut un enfant martyr, battu par un père également prêcheur.
Suivant ses traces, il devint à son tour précheur évangéliste, fascinant les foules par sa présence hypnotique nous dit on au détour d'un dialogue, réincarnation du Messie. Quant à ses fidèles, il s'agit le plus souvent de jeunes marginaux, drogués, prostituées...
La communauté est à l'image des communautés hippies d'alors, rejetant le système et surtout toute forme de bourgeoisie. Si la loi de la secte repose sur une démocratie absolue, elle prône avant tout une dangereuse liberté des actes de chacun et de soi même, liberté justifiée et pardonnée par Dieu quelque soient ces actes y compris les plus abominables comme le carnage final.
On est donc dans le douteux Si tu le veux, Dieu le veut.
Pour le reste, tout semble baser sur le sexe notamment une totale liberté sexuelle, libre de toute contrainte, une sexualité axée sur les experiences les plus diverses et débridées dont le lesbianisme et les partouzes.
L'amateur y aura son compte. Dés les premières minutes, voici une sorte de trip sous acides à l'atmosphère poisseuse, un lupanar psychédélique parfois ennuyant mais pourtant fascinant de par ses personnages abjectes et la crudité des dialogues, véritable festival de grossièretés et autres rejouissances verbales bercé par de douces mélodies trés 60s.
On ne compte plus les Queues, bites, cons et autres gaietés telles que J'aime être pris par derrière...


Plutot osé pour 1971, Sweet savior pourrait se rapprocher d'un certain cinéma underground à la Morrissey, sorte de film-vérité à l'image crasseuse.
Si jadis, le film fut coupé de ses plans trop hard et d'organes génitaux afin de connaitre une sortie américaine, l'amateur aura son lot de nudité









Si déjà les lois de la secte étaient des plus douteuses, plus tendancieux encore est le discours sur l'homosexualité masculine malheureusement bien en phase avec son époque.

Si le lesbianisme est la liberté suprême, l'acte homosexuel masculin fait encore peur, perçu comme un acte contre-nature même si Moon la prêche dans ses discours sans jamais la pratiquer.
Contradiction mise en évidence par le seul presonnage gay du film, une folasse qui n'a rien à envier à Ru Paul ou Chi Chi Larue



En cette période de révolution sexuelle, Roberts pousse le vice à en faire une femme devenue homme par amour du phallus




Un vrai homme non, mais un homme devenu femme, la pillule passe mieux et en apparence on demeure donc "normal"



Sans raison particulière, l'orgie se terminera comme il se doit par un massacre général des participants, ordonné par le gourou au nom de Dieu.
Le film prend alors soudain des allures dérangeantes par la gratuité des actes.
On songe parfois à La dernière maison sur la gauche tant par l'ambiance que par l'ultime meurtre dans la piscine, semblant interminable, scandé en choeur par les adeptes déchainés.

Si certains raffinements comme la castration pouvaient être pressentis, on se contentera de poignarder les victimes attachées à l'aide d'un couteau, arme fascinante et sale contrairement au revolver, trop propre pour tuer du bourgeois, plaie de la societé comparée à des animaux abjects.
C'est à ce moment qu'explose toute la haine vouée aux bourgeois.
Pourtant ce n'est pas tant la violence ici qui est importante mais le comportement et la sauvagerie soudaine des membres, pris dans un tourbillon de folie aveugle sous couvert du pardon de Jesus.
Le film se terminera bien impunément. Si une voix-off nous apprend que Moon et ses amis furent arrêtés par hasard et emprisonnés, le générique défile sur Moon sillonant les rues de New York à moto, faisant un beau doigt d'honneur aux policiers ou toute autre autorité. Tout le symbole d'une époque contestataire.
Pur film d'exploitation, cette oeuvre étrange est une curiosité pelliculaire d'une gratuité incongrue, exemplaire et douteuse comme Eric adore


Le Messie du mal est le parfait reflet d'un certain cinéma trash typique des années 70 dont les dialogues restent surprenant.
On retrouvera avec surprise Troy Donahue

On reconnaitra au générique le nom de Lloyd Kaufman ici assistant producteur au film qui se paye également le luxe d'une rapide apparition.