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Dragonball
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Message par Dragonball »

On a souvent l'habitude de taper sur les journaux de gauche, comme Télérama, Libé ou les Inrock. Et ils le mérite souvent ! :D

Mais bon, je serais quand même curieux de savoir ce qu'on pensé des journaux comme le Figaro de films préstigieux comme ceux cité précédement (Les Polanski, Les Fisher), parce que bon, si on sait déjà que ce n'est pas parce qu'on se dit de gauche qu'on est forcément plus ouvert et plus tolérants, il ne faudrait pas non plus oublier que le droite, au minium, n'est pas mieux, et, je pense, est même bien pire !

D'ailleurs, j'aimerais bien savoir comment on été reçu des films comme "La bataille d'Alger", "Avoir 20 ans dans les Aurès", "Dupont Lajoie" ou encore "Les Valseuses", autant de film que beaucoup de critiques, aujourd'hui, s'accordent pour dire qu'ils sont très bons et ont marqué le cinéma.
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Fatalis rex a écrit :Oui mais bon, s'il y a 20 ans d'écart, et que ce ne sont plus les mêmes rédacteurs... Tu as même peut-être toi-même critiqué négativement un film dans les pages de l'Ecran Fantastique, aujourd'hui présenté comme un bon film par d'autres dans le même magazine.
J'ai effectivement descendu deux films dans les pages de l'Ecran !
C'étaient "La grande trouille" de Pierre Grunstein, et "King Kong" (1976) de John Guillermin. Et je n'ai guère changé d'avis...
De plus, on sait maintenant, par les "aveux" de ceux qui y bossaient, que les critiques de "Télérama" étaient faites uniquement dans l'optique catho de la revue, c'est-à-dire que les auteurs de ces comptes-rendus écrivaient le contraire de ce qu'ils pensaient pour plaire à la redoutable rédactrice en chef. Ce n'est pas moi qui l'invente, c'est un des principaux critiques de l'ancien "Télérama", un type très connu par ailleurs, qui l'a raconté lors d'une émission sur CinéCinéma Classics. A cette époque, un film fantastique ne POUVAIT PAS être bon, puisque du point de vue de l'Eglise, c'était caca-boudin, pensez donc !
D'où, d'ailleurs, la phrase lancée un jour par Jean Boullet, alors un des rares à défendre le cinéma fantastique, et que tu trouveras ci-dessous...
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

D'ailleurs, j'aimerais bien savoir comment on été reçu des films comme "La bataille d'Alger", "Avoir 20 ans dans les Aurès", "Dupont Lajoie" ou encore "Les Valseuses", autant de film que beaucoup de critiques, aujourd'hui, s'accordent pour dire qu'ils sont très bons et ont marqué le cinéma.
"Avoir 20 ans dans les Aurès", je ne sais plus, j'ai vu le film dans un ciné-club breton, où il a été applaudi, mais en ce qui concerne la France, je ne sais vraiment pas. Il est vrai que Vautier était un enfant du pays. C'est d'ailleurs lui qui devait tourner "Le cheval d'orgueil", et on peut penser que le résultat aurait été très différent du film de Chabrol et de son côté un peu "endimanché"...
Par contre, "La bataille d'Alger" a purement et simplement été interdit en France, il n'est sorti que bien des années plus tard. J'ai pu cependant le voir à Bruxelles... De toute façon, c'est sûr que les plumitifs de "Rivarol" ou de "Minute" n'ont pas dû en dire grand bien, même au bout du long purgatoire du film !
Je ne sais pas si, en ce qui concerne le Fantastique, il y avait un tel clivage entre critiques "de gauche" ou "de droite". A part les intégristes de "Télérama", j'ai lu parfois de très bonnes critiques d'un film fantastique dans "L'aurore", une mauvaise dans "L'Humanité", etc. Je pense qu'en ce qui concerne la gauche et la droite, les types disaient ce qu'ils pensaient, tout simplement, et c'était honnête. Seuls des magazines comme "Télérama" faisaient tache - mais encore une fois, je ne parle ici que des films fantastiques. Le magazine le plus proche de mes goûts, à l'époque, c'était "Positif".
dario carpenter
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Message par dario carpenter »

fantomas 2 a écrit :Et si vous en voulez plus, dans le genre débile, vous n'avez qu'à lire la collection complète de "Télérama"
moi j'aime bien les critiques de Pierre Murat... :D
francis moury
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esthétique, politique et religion

Message par francis moury »

fantomas 2 a écrit :
D'ailleurs, j'aimerais bien savoir comment on été reçu des films comme "La bataille d'Alger", "Avoir 20 ans dans les Aurès", "Dupont Lajoie" ou encore "Les Valseuses", autant de film que beaucoup de critiques, aujourd'hui, s'accordent pour dire qu'ils sont très bons et ont marqué le cinéma.
Par contre, "La bataille d'Alger" a purement et simplement été interdit en France, il n'est sorti que bien des années plus tard. J'ai pu cependant le voir à Bruxelles... De toute façon, c'est sûr que les plumitifs de "Rivarol" ou de "Minute" n'ont pas dû en dire grand bien, même au bout du long purgatoire du film !
Selon Pontecorvo, le film a été reçu positivement par les critiques de toutes opinions, y compris par ceux qui défendaient l'Algérie française.
Cf. : extrait d’un entretien de Gillo Pontecorvo avec Guylaine Guidez in Le Nouveau Cinémonde N° 1840, éd. S.F.E.P.I., Paris 16 juin 1970, p. 25, reproduit ici :
http://www.cineastes.net/textes/moury/m ... alger.html

Rassurez-vous, c'est pour l'instant la première fois 8) que je vois votre précision prise en défaut, cher J.-C. M. même si votre hargne anti-catholique me laisse totalement froid, moi qui suis catholique (non-pratiquant mais cependant catholique) et défenseur acharné du cinéma fantastique des origines à nos jours, comme vous le savez.

Je suis ainsi un vivant démenti à votre thèse selon laquelle catholicisme et fantastique seraient antinomiques. Elle est absurde : bien des écrivains classiques de la littérature fantastique française classique furent de grands catholiques. Barbey d'Aurevilly, etc...
Et le catholicisme est souvent un élément essentiel de l'esthétique fantastique dans l'art et la littérature : loin d'être antinomiques, les deux domaines s'alimentent.
Bien entendu, le surnaturel n'est pas un élément nécessaire au fantastique : vous avez lu, comme moi, les essais de Lovecraft et Roger Caillois. L'essence du fantastique, c'est la peur.

Enfin bref...

J'amenais mon grain de sel dans cette passionnante discussion : la remarque de Gans concernant LES MAITRESSES DE DRACULA m'effraye, je vous l'avoue car je n'arrive pas à y croire.
C'est mon Fisher préféré avec LE RETOUR DE FRANKENSTEIN !
Et comme Gans aime je crois autant la Hammer que moi, je suis tout de même surpris... je dirais même, comme Littré dans l'histoire drôle bien connue, "je suis étonné" !
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fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Désolé si j'ai donné l'impression que les catholiques n'aimaient pas le cinéma fantastique.
Je ne parlais que de l'Eglise, qui l'a toujours condamné, comme elle a condamné le théâtre, les acteurs, le cinéma, etc. suivant les époques. Je rappelle qu'un acteur n'avait pas droit à un enterrement religieux !
Et "Télérama", ou plutôt "Radio Télé Cinéma", comme çà s'appelait à l'époque, était alors le reflet fidèle de ces interdits : tous les films fantastiques étaient condamnables, car ils vous détournaient des "vrais" mystères, à savoir Dieu, la Création, etc.
J'ai même entendu, à la messe de minuit dans les années cinquante, le curé de l'église Ste-Marthe des Quatre-Chemins s'en prendre violemment, en chaire, au... Père Noël, qualifié "d'abominable", ceci devant des fidèles qui avaient amené leurs mômes et qui étaient consternés par ce prêche totalement imbécile (je n'avais moi-même que 15 ans, je n'y croyais plus depuis longtemps, mais j'étais gêné pour les gosses présents). Et Ste-Marthe des Quatre-Chemins, ce n'était tout de même pas St-Nicolas du Chardonnet - çà donne juste une idée de l'ambiance de l'époque.
Dans le même temps, il est bien évident que des catholiques allaient voir ou lisaient ce qui leur plaisait sans s'occuper des délires du clergé, mais ces délires existaient bel et bien, et c'est celà que j'évoque lorsque je parle de "Télérama"... qui condamnait presque tous les films que j'aimais au nom des mêmes principes.

En ce qui concerne "La bataille d'Alger", c'était donc juste le gouvernement français qui jugeait le film dangereux, en tout cas non projetable ? je ne sais combien d'années il est resté interdit. Si, selon Pontecorvo, le film plaisait à tout le monde, je ne comprends pas bien les raisons de son interdiction !
Otis
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Re: esthétique, politique et religion

Message par Otis »

francis moury a écrit : Rassurez-vous, c'est pour l'instant la première fois 8) que je vois votre précision prise en défaut, cher J.-C. M. même si votre hargne anti-catholique me laisse totalement froid, moi qui suis catholique (non-pratiquant mais cependant catholique) et défenseur acharné du cinéma fantastique des origines à nos jours, comme vous le savez.
+1, enfin : chrétien avant d'être catho 8)
francis moury a écrit :Je suis ainsi un vivant démenti à votre thèse selon laquelle catholicisme et fantastique seraient antinomiques. Elle est absurde : bien des écrivains classiques de la littérature fantastique française classique furent de grands catholiques. Barbey d'Aurevilly, etc...
Et le catholicisme est souvent un élément essentiel de l'esthétique fantastique dans l'art et la littérature : loin d'être antinomiques, les deux domaines s'alimentent.
Bien entendu, le surnaturel n'est pas un élément nécessaire au fantastique : vous avez lu, comme moi, les essais de Lovecraft et Roger Caillois. L'essence du fantastique, c'est la peur.

Et là je dis "oui oui oui et OUI". N'oublie pas Villiers de l'Isle-Adam, ce grand monsieur, et un peu Huysmans ! :P
Je file au passage un article sur la question, paranthèse fermée :oops: :

http://www.krinein.com/livres/Todorov-I ... -4600.html
el hazard
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Message par el hazard »

Il y a quelques films de carpenter aujourd'hui adulés qui à leur sortie ont été flingués par la critique,je crois:the thing ou new york 1997 notamment.
On pourrait également ranger dans cette catégorie la malédiction finale de graham baker.
Manolito
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Message par Manolito »

Pour "La bataille d'Alger", il y a eu une émission récente sur RFI, pour la sortie du DVD où ils interviewaient un spécialiste de la guerre d'Algérie au cinéma. Il expliquant en substance que le film n'est pas sorti en France car les exploitants ont eu la trouille de casseurs, en particulier chez certains anciens combattants de la guerre d'Algérie qui avaient semble-t-il déjà fait du bordel au cours des quelques projections exceptionnelles du film en France. Aucun distributeur n'a voulu prendre le risque de le sortir, et l'état ne serait pas intervenu pour empécher sa sortie...
Otis
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Message par Otis »

Ne parlons même pas des sentiers de la gloire :roll:
Dragonball
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Message par Dragonball »

Manolito a écrit :Pour "La bataille d'Alger", il y a eu une émission récente sur RFI, pour la sortie du DVD où ils interviewaient un spécialiste de la guerre d'Algérie au cinéma. Il expliquant en substance que le film n'est pas sorti en France car les exploitants ont eu la trouille de casseurs, en particulier chez certains anciens combattants de la guerre d'Algérie qui avaient semble-t-il déjà fait du bordel au cours des quelques projections exceptionnelles du film en France. Aucun distributeur n'a voulu prendre le risque de le sortir, et l'état ne serait pas intervenu pour empécher sa sortie...
Bizarre, pourtant, le fait que le film ai été censuré en France par le pouvoir semblait avéré.

Il me semble qu'il a même été utilisé comme "accroche" si j'ose dire pour le lancement du DVD.
Manolito
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Message par Manolito »

Si on en croit le métériel de presse, c'est un peu des deux en fait : il a été interdit dans les années 60, puis autorisé en 1971, mais sans être réellement distribué à cause de pressions des groupes susnommés...

"Malgré un Lion d'Or à Venise, un prix de la Critique à Cannes et trois nominations aux Oscars, La Bataille d'Alger (1966), interdit de diffusion en salles, doit attendre 1971 pour obtenir son visa d'exploitation en France. Mais à la suite de pressions et de menaces, il est très vite retiré des écrans."
francis moury
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esthétique, politique et religion (suite) + exemple + PS

Message par francis moury »

fantomas 2 a écrit :Désolé si j'ai donné l'impression que les catholiques n'aimaient pas le cinéma fantastique.

En ce qui concerne "La bataille d'Alger", c'était donc juste le gouvernement français qui jugeait le film dangereux, en tout cas non projetable ? je ne sais combien d'années il est resté interdit. Si, selon Pontecorvo, le film plaisait à tout le monde, je ne comprends pas bien les raisons de son interdiction !

RELIGION et ESTHETIQUE
Concernant l'Eglise, je vous signale tout de même que l'éditeur le plus important d'études d'histoire du cinéma fut, en France, pendant longtemps un éditeur catholique : les éditions du Cerf.
Et que le livre de Gérard Lenne, "Le cinéma fantastique et ses mythologies", fut d'abord édité - vous le savez, cher J.-C.M. , et je sais que vous le savez mais je le rappelle aux plus jeunes lecteurs - aux éd. du Cerf. en éd. originale en 1971 avant d'être réédité en plus grand format par Henri Veyrier qui en profita pour supprimer l'index nomini si utile de la première éd. mais permit à Lenne de rajouter quelques illustrations et notes en raison du plus grand format,

Sur tout ce qui concerne le rapport du catholicisme et de l'image, une source essentielle, constituant une excellente synthèse :
- Régis Debray, "Vie et mort de l'image - une histoire du regard en Occident", éd. Gallimard, coll. Bibliothèque des Idées, Paris 1992 puis rééd. en coll. Folio.

On peut en conclure - après lecture et si je m'en souviens bien mais sous réserve tout de même car il est tard et je suis un peu fatigué - que Le Nouveau testament est au fond plus favorable à la représentation et à l'image - quelle que soit son esthétique, réaliste, fantastique, que sais-je ? - que L'Ancien testament ! Le catholicisme favorise, encourage les représentations et l'image, fondamentalement.
En tout cas, Debray a donné une synthèse magistrale de ces études sur l'art et le sacré dans notre culture occidentale depuis l'antiquité grecque et judaîque à nos jours, en passant par l'islam, le protestantisme luthérien et calviniste, les byzantins, l'orthodoxie, etc.
Marie-José Mondzain, "Image, icône, économie - les sources byzantines de l'imaginaire contemporain", éd. du Seuil, coll. l'Ordre philosophique, Paris 1996 est ainsi, quatre ans plus tard, une simple excroissance - rameau - du livre de Debray, même si Debray a lui-même lu beaucoup d'histoire de l'esthétique, bien entendu, beaucoup de théologie et beaucoup de philosophie de l'art

Le cas des comédiens est un problème spécifique sur lequel je ne peux pas m'étendre ici... et je reconnais aussi bien volontier qu'un curé de campagne de 1950 n'est peut-être pas forcément un Père grec ou latin lecteur de Cicéron, de Lucain et de Homère, ni un théologien dominicain ni saint Augustin tel que les éditions du Cerf permettent de le lire dans le texte avec traduction en regard - ce sont les éd. du Cerf qui éditent en texte et traduction française les O.C. de saint Augustin et le travail est monumental ! Ce sont les mêmes éd. du Cerf qui éditèrent donc Gérard Lenne.
Enfin bref, vaste question qui est vraiment trop vaste pour être épuisée ici mais qui ne peut pas être résumée aussi simplement que vous le faites.

POLITIQUE ET ESTHETIQUE
Il est exact que LA BATAILLE D'ALGER fut longtemps interdit mais il est non moinsi exact que selon Pontecorvo, un indépendantiste algérien pouvait l'apprécier et qu'un tenant de l'A.F. pouvait aussi l'apprécier. Attention, je ne dis pas que Pontecorvo est une source 100% fiable mais il ne me semble pas non plus indigne de foi et je crois à son témoignage. Ce n'était pas un fantaisiste : il aimait trop la vérité pour mentir là-dessus... et il n'avait pas de raison de mentir en 1970 dans un tel entretien.

EXEMPLE TRANSVERSAL politique-esthétique (manque religion hélas)
Un exemple savoureux est celui de la réception du génial DRACULA [HORROR OF DRACULA / LE CAUCHEMAR DE DRACULA] (G.B. 1958) de Terence Fisher.
Relisons S.V.P. l'admirable étude historique de René Prédal, "Terence Fisher" in Anthologie du cinéma, tome 11 relié, éd. de l'Avant-scène, réédition Paris 1983, pp. 275-279. En quelques pages, Prédal décrit comment le film de Fisher fut reçu en France.
- Cinéma 59 ne lui consacre pas une ligne ;
- Les Cahiers du cinéma se moquent de lui d'une manière ignoble; en deux lignes ;
- Positif a des problèmes, et aucun des 2 numéros parus cette année-là ne le signale - nous apprend Prédal [J.-P. Torök lui consacrera, comme on sait et comme Prédal l'écrit justement, deux ans plus tard un article élogieux dans le fameux N° spécial H-Pictures où LE CAUCHEMAR DE DRACULA est considéré comme "sans doute le plus beau film de vampire depuis NOSFERATU"] ;
- Un certain G.A. (Guy Allombert ?) crache sur le film dans La Saison cinématographique 1959 tandis que Image et son, qui patronne la S.C., n'en parle pas du tout
- Gilbert Salachas crache sur le film dans Télé-ciné, avec l'accord de... Henri Lemaître (l'historien de la littérature française bien connu, normalien et agrégé; aussi l'éditeur critique des Petits poèmes en prose - Le Spleen de Paris de Baudelaire, éd. Classiques Garnier !! ? Quelle déception si c'est lui !!!!) et un accord un peu plus nuancé d'un illustre inconnu nommé Elie Fovez qui reconnaît que "quelques images pourtant, sont assez baroques" et se croit malin en concluant avec une vaseuse plaisanterie concernant le pieu tueur de vampire chez Fisher et chez Dreyer ;
- L'Index de la cinématographie française 1959 .... "décrit le film de manière positive" (R. Prédal) qui cite ladite description in-extenso : elle est très bien écrite et très exacte, d'ailleurs. Il faut préciser cependant - Prédal le fait justement là encore - que l'Index est destiné aux exploitants professionnels de salles de cinéma avant tout, et pas vraiment au grand public. Cet abord positifi est donc une règle de présentation de tous les films analysés.

Il me semble qu'il manque l'équivalent catholique de la Saison que collectionne Christophe Bier : l'Office central de je ne sais plus quoi...
bref... son avis devait être tout aussi négatif que celui de ses confrères, probablement.

Ce que cet exemple du CAUCHEMAR DE DRACULA montre bien, c'est qu'en 1959, tous ces arriérés qui étaient désignés comme critiques en exercice, dotés d'une carte de presse ou non - le côté bureaucrate de la France : que les critiques soient dotés d'une carte, soient syndiqués, etc... héritage des corporations médiévales passées au crible du syndicalisme marxiste - furent aveugles, sourds et muets à la beauté de Fisher.

Heureusement qu'en juillet 1961 puis en 1962, Torök puis Midi-Minuit Fantastique réparèrent le préjudice.


PS pour Otis :
NOTE additionnelle sur Todorov et Villiers de l'Isle-Adam 8) Je remercie le lecteur précédent concernant ses liens.
Todorov, ce structuraliste borné, n'est pas du tout ma tasse de thé. Je l'ai lu comme vous mais son intérêt provient surtout de ses citations de Louis Vax - bien supérieur - Lovecraft - idem mais pour d'autres raison - et Caillois - idem pour les mêmes raisons que Louis Vax mais je ne détaille pas ici, etc... et de quelques analyses pertinentes mais très rares. Sinon à fuir. Lire les autres auteurs cités de préférence.

En revanche, bien sûr, je n'oubliais nullement Villiers de L'Isle-Adam et vous avez absolument raison de le citer. Simplement je ne pouvais pas citer non plus toute L'ANTHOLOGIE DE LA LITTERATURE FANTASTIQUE FRANCAISE de P.-G. Castex (éd. José Corti, Paris 1970 circa) en annexe... :wink: mais vous avez cent fois raison de citer Villiers, absolument... et J.-K. Huysmans, aussi bien pour LÀ-BAS que pour LA CATHEDRALE, dans des registres anté-conversion et post-conversion.

PS 2 : Pour Jean-Claude
sur Fereydoun Hoveyda
Si Hoveyda et F. Hoda sont la même personne ? J'ai un doute brusquement ! Mais je crois l'avoir lu sous votre plume ici même dans un autre topic ? Enfin vous me direz à l'occasion :?
Bref je suis décu par cette citation de Hoveyda car j'aimais en revanche beaucoup cette autre citation du même Fereydoun Hoveyda tirée des Cahiers du cinéma n° 119 et accolée par Jean-Marie Sabatier à la sublime photo (d'exploitation détourée ou de plateau ?) de LA MASCHERA DEL DEMONIO [Le masque du démon] (Ital. 1960)....p.31 de Les Classiques du cinéma fantastique, éd. Balland, Paris 1973.
En somme, leur mise en parallèle prouve qu'un même critique peut parfois avoir raison, parfois se tromper. On s'en doutait mais on s'en attriste tout de même à chaque fois qu'on le constate. :(
Modifié en dernier par francis moury le dim. déc. 10, 2006 2:27 am, modifié 9 fois.
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fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Salut Francis !
Le livre de Gérard Lenne publié par les Editions du Cerf, OK... mais c'était en 1971 ! autant dire, une autre époque !
Mes critiques de "Télérama" concernent surtout les années 1955/1965, dirons-nous, époque de leur vaste obscurantisme. Même les Editions du Cerf n'auraient pas publié alors un bouquin sur le cinéma fantastique, il a fallu Jean-Jacques Pauvert et Michel Laclos, en 1957. Mais en 1971, çà faisait déjà neuf ans que paraissait "Midi-Minuit Fantastique", Alain Schlockoff avait déjà produit "Horizons du Fantastique", puis "L'Ecran Fantastique" en 1969, et un an seulement après la parution du livre de Gérard Lenne, naissait le Festival de Paris - enfin, plus exactement de Nanterre, cette année-là ! - donc ce n'était plus du tout la même époque...
Donc, même "Télérama", en 1971, devait commencer (faudrait vérifier) à mettre de l'eau dans son vin de messe !


J'ai retrouvé un compte-rendu honnête du "Cauchemar", c'est peut-être celle qui manque à ta liste ? je l'ai mise sur ImageShack :

Image


A propos, et de mémoire, voici comment "Cinéma 60" rendait compte de "La malédiction des Pharaons" de Terence Fisher :
"Une momie ressuscitée provoque la panique. Comment s'en débarrasser ? le ridicule s'en charge."
Je me souviens que lorsque F. Hoda publia dans "Fiction" sa critique de "Frankenstein" (ressorti à Paris, au "Midi-Minuit", en 1958) où il traitait le film de "squelette", j'ai envoyé une lettre indignée à "Fiction", qui eut la courtoisie de la publier. Vous allez rigoler, avais-je fait peur à Monsieur Hoda ? toujours est-il que quelques mois plus tard, il trouvait des tas de qualités à un médiocre film comme "Frankenstein 1970" !!! je ne lui en demandais pas tant...

Mais la critique de cinéma, en ce qui concerne le fantastique, n'a pas toujours été idiote, la preuve, ces lignes relevées dans un magazine de 1939, lors de la sortie aux "Max-Linder" du "Fils de Frankenstein", et que je cite de mémoire :

(après avoir relevé les indéniables qualités du film, l'auteur ajoute :)

"Mais nous sommes loin de la grandiose poésie qui se dégageait des images finales du premier "Frankenstein", cette prodigieuse incantation du feu digne de Wagner."

Il est vrai que ce critique n'était autre que Marcel Carné !
francis moury
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Oui +

Message par francis moury »

Extraordinaire citation de Carné : bravo !! :o :)

Oui vous avez bien raison concernant le recadrage historique de 1971 : presque 10 ans de M.-M. F. avaient passé par là, et tout le monde s'y mettait en effet - enfin tout le monde... non, mais... presque ! Puisque le Palace avait les honneurs des articles de Colette Godard dans Le Monde si ma mémoire est bonne, ou de Jacques Siclier - qui avait déjà publié avec Labarthe... oui en effet on en dit du mal de ce petit
- Images de la science-fiction, coll. 7ème Art], éd du Cerf, Paris 1957 ! "On y revient.... touuuuujouuuuurs...." comme disait la chanson du générique d'Armand Panigel :lol: 8) Il y avait déjà du fantastique et de la science-fiction aux éditions du Cerf en 1957 Jean-Claude ! :) 8)

Enfin vous avez le grand avantage d'avoir vécu consciemment la période 1960-1970 : je n'étais qu'un enfant alors. Dois-je le regretter ?
Vous allez me dire "non" mais... cela m'arrive pourtant ! :? Surtout quand je pense à tout ce qui est invisible en matière de péplums, par exemple. Cf. le site de Michel Eloy :) , si beau. Et ce n'est qu'un aspect du fantastique invisible parmi d'autres...
Le petit Stéphane Derdérian était surpris lorsque je lui racontais que j'avais vu ITOKA LE MONSTRE DES GALAXIES au Brady. Et moi je suis surpris qu'il en existe une VHS ( ou un Laserdisc : j'ai un doute !!!) en NTSC en Scope respecté que j'ai découverte grâce à Stéphane... j'attends le DVD de ITOKA LE MONSTRE DES GALAXIES qui viendra avant qu'on claque tous, j'espère : sinon comment le revoir en v.f. d'époque, et au format ? !! Ah la la .... quel beau souvenir, ce beau ITOKA !

Concernant votre belle - incroyable et sublime !- citation de Carné - j'y reviens tant elle est hallucinante- consacrée au premier Whale dans une critique du troisième Whale, je ne peux m'empêcher de penser que j'ai découver ce sublime troisième Whale (LE FILS DE FRANKENSTEIN) au Midi-Minuit lors de sa reprise vers 1969, dans une salle encore assez pleine. Par contre c'est Claude-Jean Philippe ou Claude Jean-Philippe, je ne sais jamais de mémoire comme écrire son nom, qui m'a révélé le premier Whale (FRANKENSTEIN)... au Ciné-club de la 2ème chaîne un dimanche soir... idem pour LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN donc le film central...
J'ai commencé par le dernier Whale de 1939 et découvert ensuite le 1931 et le 1935. enfin bon là ce sont des souvenirs subjectifs sans grand intérêt pour le sujet...

à bientôt !

PS : je n'arrive pas à ouvrir le document sur LE CAUCHEMAR DE DRACULA que vous avez mis en ligne .... :cry:
Modifié en dernier par francis moury le dim. déc. 10, 2006 2:49 am, modifié 1 fois.
"Felix qui potuit rerum causas cognoscere"
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