
D'Agostino s'est souvenu ici du Salo de Pasolini dont il nous livre sa vision personelle.
Oeuvre férocement blasphématrice, Ceremonie.. nous invite à un voyage onirique, à la fois rêve et cauchemar, dans l'univers où le subconscient d'un jeune accidenté de la route le projette, étendu sur son lit de souffrance.
Aux confins du réel et de l'imaginaire, D'Agostino ne cesse de jouer avec ce qui est ou n'est pas, suite de tableaux obscènes et provocateurs tous empreint d'une incroyable force religieuse et hérétique.
C'est au parcours de cet homme auquel on assiste, réincarnation du Messie, aux prises avec une société totalitaire et fasciste, representant un danger pour les dirigeants qu'ils soient politiques, juridiques ou religieux qui cherchent sa destruction afin de continuer d'exercer la repression, la corruption sur le peuple soumis tout en s'adonnant aux pires excés orgiaques.
Ce pourrait être une revisitation de la Bible et du calvaire du Christ transposé à notre époque dans la société fasciste d'un Salo moderne ou tout simplement Salo transposé à notre époque où les adolescents de Pasolini seraient le jeune peuple et les bourreaux et hauts dignitaires SS les dirigeants de l'Italie d'aujourd'hui, l'Eglise et la haute bourgeoisie.
S'ensuit alors un film étrange, envoutant, irracontable, série d'images et de scénes toutes plus extravagantes les unes que les autres, séquences à la fois grotesques et immondes dont notre Christ est le lien.
D'Agostino se livre à un jeu obscène, étalant scatopholie, urophilie, orgie, hérésie, bestialité...OUIIIIIIIIIIIIIIII



L'amateur de trash y trouvera également son compte puisque D'Agostino accumule les scénes de perversion.

On retiendra entre autre l'orgie scatophile menée par une vieille femme obèse ordonnant à ses invités, cardinaux, officiers, juges et autres autorités, de defequer et d'uriner sur le sol de son salon, veritable féte excrementielle


L'extase supreme! Eric applaudit!


Dans la continuité de cette orgie suivra celle organisée par les dignitaires où un groupe de jeunes filles tenant un vase de nuit- Salo encore- devront laver les pieds des invités- scene des apotres de la Bible- avant que le bain ne se transforme en décadentes bacchanales se terminant par une séance de bestialité

A cela s'ajoute le grotesque d'une pseudo naissance où d'un vagin géant gonflable jaillit une hermaphrodite qui s'adonnera plus tard aux plaisirs saphiques.

Il est clair D'Agostino tente de refaire à sa façon la Bible. Le Messie est dans notre société le malvenu, l'être à abattre comme il le fut jadis, celui qui represente une menace pour le pouvoir en place, fier de sa corruption et de son autorité, vivant dans la luxure et le luxe.
Il y reprend certains passages de la Bible qu'il transforme à sa façon, veritable blasphème, offense envers l'Eglise sur laquelle il crache comme crache cette maquerelle obése sur le corps de ce Messie supplicié. "Tu ne m'inspires que cela" siffle t'elle, triomphante.
C'est également la corruption du pouvoir, le triomphe du fascisme, la mort de la pureté et le retour de l'Homme, le bas peuple, au rang d'animal avant sa destruction comme jadis dans Salo.
Ceremonia.. est un étrange mélange des deux, parfois maladroit mais toujours fascinant voire envoutant.
D'Agostino fait preuve pour une fois d'un réel sens de l'onirisme et d'un certain talent comme entre autres passages ce Christ courant dans ces églises et salles aux décors fabuleux, ces enfants en aube blanche, petits anges lançant des pétales de fleurs, ces cardinaux et religieux riant de toute leur bouche édentée comme de terribles juges lors des ébats du Christ et de cette femme qu'on pourrait voir comme une potentielle Marie sous H sur un parterre de bougies scintillantes, les enfants courant dans les nefs telle une envolée d'angelots.
Il y a quelque chose de presque surréaliste lors de ces instants que multiplient D'Agostino.
Peut être plus maladroites mais tout aussi empreintes de poésie d'où nait pourtant encore une certaine fascination sont ces scénes comme la guérison sur une immense place déserte, blanche, d'une horde d'aveugles sortant comme de dessous Terre tels une meute de zombis ou l'hypnotisante resurrection d'un mort sortant de sa dalle tombale tout aussi blanche, instant d'où émane une tension sourde, une indicible angoisse.
Les scénes de sexe sont par contre plus faibles et font quelque peu retomber le coté envoutant par leur manque de conviction surtout et le coté parfois un peu trop Bis de l'ensemble, terme ici point insultant, non aidé par des dialogues ridicules.
Le final totalement anticlerical, sorte de trip hallucinogène, cloturera le film de façon impressionante avec la reconstitution de la crucifixion.
D'Agostino se déchaine sur son faux Messie, interferant sans cesse comme dans un tourbillon de folie, rêve, cauchemar et réalité où les personnages s'interchangent à satiété sous les hurlements de ce Christ nu aux bords de l'alienation, monté sur la croix par ses bourreaux en soutane ricanants se transformant en infirmiers le mettant en camisole de force ou en policiers miliciens le matraquant avant de le retrouver seul chez lui face à son miroir, jusqu'à l'image de cette hideuse sorcière le projetant à nouveau dans l'enfer des supplices et le terrible dénouement, véritable no happy end pour cet accidenté de la route ayant vécu dans son coma ce voyage mystico-cauchemardesque.
Oeuvre obscure et à part, presque unique dans l'euro-trash italien, Ceremonia.. n'est jamais qu'une vision personnelle de l'Italie d'alors, pays que le Christ compare à des latrines, imagé par la séquence de l'orgie scatophile, cette merde dont les dirigeants et la bourgeoisie aiment se repaitre et dans laquelle vit et se perd le peuple, allégation biblique où l'innocence et la pureté ici representées par ce Messie sont vouées à la mort, poignardé dans sa propre demeure, l'Eglise menteuse et corrompue.
Maladroit certes puisqu'on reste dans un certain cinéma Bis mais le film ne laissera pas indifferent et parviendra à fasciner les récalcitrants par l'onirisme de certaines scénes et une BO magnifique, à la fois planante, angoissante et envoutante, mix de musique synthétique et religieuse mélé à des airs faussement floydien.
L'interprétation demeure plutot moyenne, Franco Pugi dont on admirera le superbe petit fessier et le beau kiki à volonté OUIIIIII

On retrouvera perdu(e) dans ce casting, cette catin de Robbins, la plus fameuse transexuelle italienne que D'Agostino réutilisera notamment dans Eva man, la Robbins encore blonde alors, ses mamelles et son kiki tout mou.

Le corbeau christique qui ne fait pas caca sur le tapis du salon!!
