

La vague de films cannibales engendra des oeuvres qui utilisèrent ce terme à des fins commerciales trompant ainsi le spectateur sur le contenu. Safari cannibal en fait partie.
Voila en fait un petit film de jungle dont le point de départ se situe en 1945 lorsqu'un groupe de soldats japonais cachent un fabuleux trésor dans une grotte au milieu de la jungle fillipine infestée de tribus primitives.
On sent des remiscences des Aventuriers de l'arche perdue, Safari cannibal se voulant une lointaine resucée du film de Spielberg. Malheureusement, Birkinshaw est loin d'être Spielberg ou tout simplement Margheriti.
Aprés une ouverture laissant augurer du meilleur, le plaisir et l'espoir retombent bien vite. Passé ce début prometteur en pleine jungle et une attaque d'indigènes qui se terminera par une belle décapitation, nous voilà mornement plonger dans l'univers glauques des bars à strip-tease pour vieil alcoolo lubrique et les préparatifs molassons de l'expédition qu'un escroc met en place afin de retrouver le fameux trésor.
Inutile de dire que les bars glauques de Birkinshaw se résument à une salle sombre ventilée où s'agitent trois potiches asiatiques sur fond disco devant quatre alcolos mal rasés accoudés au comptoir avant une petite bagarre aussi molle qu'un escargot grabataire.

Et le moins qu'on puisse dire c'est que cette expédition tourne au ralenti. Birkinshaw semble avoir été victime d'une mouche tsé-tsé au même titre que tout le casting, d'une molesse rarement vue dans un film.
Cette aventure de jungle prend trés vite des airs de ballade forestière dominicale, rythmée ou plutôt ponctuée de quelques meurtres d'une sagesse exemplaire filmés au... ralenti!

Au lieu d'en renforcer l'impact, dans un tel contexte, cela devient vite irritant voire risible. Un crocodile, un empalement.. le menu est bien maigre.
Pour le reste, on subira les bavardages des acteurs se lamentant sur leurs déboires sentimentaux et les aternoiments de la Barber.
La mise en scéne sans imagination est poussive à l'excés, tout le monde semble s'ennuyer et surtout ne jamais prendre au sérieux leurs rôles.
Ceci aurait d'ailleurs été un exploit dans de telles circonstances. La version française n'arrange guère les choses comme on peut l'imaginer.
Birkinshaw ne saisit pas même l'opportunité de son décor.
Tourné à Manille, sa jungle ressemble plus à un jardin botanique qu'à une épaisse forêt malaisienne. Inutile de dire qu'à aucun moment il ne parvient à instaurer une quelconque atmosphère pas même lors du final qu'il expédie en cinq minutes tonnantes, oubliant même un générique. Rarement film de jungle aura été plus ennuyant tant il ne se passe rien..
Les amateurs de cannibalisme pleureront toutes les larmes de leur corps car ce dernier n'est présent que dans le titre français. Horror safari étant même exempt de tout indigène si on excepte donc la séquence d'ouverture.
Dans ce safari qui avoisine plus la ballade espagnole qu'autre chose, le vétéran Stuart Whitman plus anémique que jamais grogne et fronce ses épais sourcils dans son rôle d'aventurier alcoolique aux cotés de Woody Strode, impassible, jouant de la guitare en pleine jungle.
Ce safari nous donnera tout de même l'occasion de revoir Laura Gemser. Malheureusement une fois encore, Birkinshaw ne sait pas saisir cette chance et la délaisse copieusement, réduisant son rôle à une simple figurante

On devra par contre subir cette gourde de Glynis Barber... mon dieu la Barber, insupportable de mièvrerie, niaise à souhait, véritable godiche pleurnicheuse surmontée d'une touffe capillaire qui lorgne furieusement vers le postiche de cheveux acryliques pour poupée plastique de bazar que Birkinshaw semble amplement préferer à la Gemser.
A croire qu'il n'avait pas tout compris, le bougre.

Safari cannibal connu sous moulte autres titres en décevra plus d'un mais servira d'excellent soporifique pour l'insomniaque le plus endurci.
Tout sur sur Safari cannibal, ses retitrages, ses anecdotes de tournage demain...

Le corbeau insomniaque mais jamais soporifique
