
Production assez étonnante de 1973, ce film est sorti sous plusieurs titres, dont aussi Claw of terror (j'ai vu une copie US portant ce titre) ou encore the Female Captive.
Une jeune garçon écrase son père fermier sous une moissonneuse, tombe de l'engin et se fait écraser une main. Doté d'un crochet, il sort de l'institution quelques années après pour rejoindre sa mère. Celle-ci se remarie et il est clair que le garçon a un énorme complexe d'Oedipe, ne supportant pas qu'elle se fasse toucher par un autre. Il élimine son beau père à la hache et tue accidentellement sa mère. Commence alors une errance sur les routes américaines, hanté par les visions déformées de sa mère ensanglantée.
Le début souffre d'une écriture aléatoire (allez, à toire), se contentant d'aligner quelques meurtres sans réélle avancée de l'histoire. Ne serait-ce que la première scène, intéressante mais mal écrite, où l'on voit le gamin sauter à côté de la moissonneuse et inexplicablement, se retrouve devant pour se faire écraser la main. Totalement illogique et pour une entrée en matière.
Le récit devient passionnant dès qu'il rencontre Vera (Leigh Mitchell) une prostituée hippie et peintre à ses heures , souhaitant sa liberté pour elle même. Il en tombe visiblement amoureux, mais d'un amour chaste, tout en vénérant sa peinture... et il refuse de voir qu'elle se fasse toucher par d'autres hommes. Il va alors tout faire en oeuvre pour se faire aimer, au point d'assassiner les occupants (une handicapée et sa gouvernante) d'une grande demeure pour y prendre place et installer l'objet de son désir.
Le jeu pervers prend place, car elle refuse ce qu'il offre. il la ligote sur le lit, commence à la tenir en laisse pour l'obliger à profiter de ce qu'il lui offre : un endroit calme pour peindre. Les scènes de bondage sont assez réaliste et l'on sent précisément cette sensation de baillonnement, d'enfermement et d'impossibilité de se révolter. Et on pense à quoi, qu'un fou furieux emprisonne une artiste afin qu'elle fasse son oeuvre sus ses ordres tout en la torturant afin qu'elle reste sous son toit? A Misery, pardi!
Beau cas d'Oedipe poussé dans ses retranchements, le film tient à la fois du film d'exploitation (au début du film) que du huis-clos parfois étouffant, puis d'un doté d'un final totalement délirant et assez surprenant d'un point de vue scénaristique
SPOILER
puisque la jeune femme se voit déchirée par le crochet de son assaillant au moment où la caméra la montrée sauvée. Cette scène fait penser un peu au final de Lady in a Cage, d'ailleurs, dont il reprend la construction.
Mais c'est la dernière scène où le scénariste se lache:
dans une église, le jeune homme se fait assaillir par ses visions cauchemardesques de ses victimes zombifiées. Ceci ressemble d'ailleurs étrangement au final de Maniac !
END SPOILER
Autant la première partie me semble médiocre et parfois mal jouée, autant la deuxième est dotée d'une charge psychologique inattendue(certes primaire) , allant de pair avec un scénario dont on ne se doutait pas qu'il prendrait une telle direction.
Les meurtres se situent la plupart du temps hors champ, mais une caméra très mobile et proche des acteurs, un montage très cut donne une sensation de brutalité réaliste, notamment dans le meurtre au hachoir de la gouvernante.
Très en phase avec ce que les années 70 ont pu donner comme produits, mais une découverte surprenante, bien meilleure que les commentaires médiocres qu'on peut lire ici et là. Même si on est loin d'un incunable du 7e art, il est étonnant de le voir régulièrement omis ou oublié.