Element of Crime - Lars Von Trier - 1984

[DPG]

Je n'avais vu jusqu'à présent aucun film réalisé par Lars Von Trier. Tout juste ai-je subi un "Dear Wendy" qu'il a écrit et produit et que j'avais copieusement detesté.

J'ai profité de la sortie en Z2 du coffret proposant "Element of Crime", "Epidemic" et "Europa" pour une quinzaine d'euros seulement pour me lancer. Et j'ai donc entamé tout ça par la vision d'Element of crime cette semaine !

Je dois dire que même avec quelques jours de recul, je ne sais toujours pas quoi en penser vraiment. Je ne saurai vraiment dire si j'ai aimé ou non, mais quoiqu'il en soit, le film m'a dans un sens fasciné. Ca ne ressemble pas à grand chose d'autre, le film est experimental, la narration n'a rien de classique et on se rend vite compte que l'intrigue policière, et ben Lars il en a pas grand chose à foutre. Reste donc le parcours d'un flic, dans une ville semblant irréelle, dans des lumières totalement "autres" elles aussi, revisitant un peu tous les lieux communs du film noir mais de façon totalement décalée. Un peu, dans une certaine mesure, mais en encore plus "abstrait", ce que pouvait faire un Ridley Scott avec "Blade Runner".

On a donc un film opaque, hermetique, parfois sublime, parfois étrange, malgré le rythme lent je n'ai pas vu le temps passer, baignant dans des cadrages somptueux, une ambiance envoutante, un peu comme si le film noir à la Bogart croisait le cinéma de Lynch. Le tout avec une vraie personnalité et une maitrise assez impressionante pour un premier long. Pas pour autant un film parfait, ni le truc que je me retaperai tous les mois, mais j'ai su apprécier je crois finalement. A voir.

[rusty james]

Super glauque ! photo jaunâtre dégueulasse assez hallucinante dans le genre (on a l'impression de sentir l'humidité), retournement de situation final bien barré (à la Lynch effectivement, tout comme ce cheval dans l'eau qui me fait penser aux délires de Twin Peaks), pour ce qui est du côté exotique il y a effectivement un côté Casablanca si l'on veut (le gros egyptien ou turc, je sais plus). Des personnages étranges, une intrigue qui tient la route (bien que barrée), un film assez fascinant.

J'avais adoré, mais pas revu depuis l'époque de la VHS...

[Manolito]

Un film noir ésotérique d'une très grande beauté plastique, avec un vrai regard différent, personnel, très européen sur le Film Noir. Une vraie réussite de lars Von Trier que je serais curieux de revoir en tous cas...

[eric draven]

Difficile de parler d'Element of crime, on ne peut que donner des points de récit que chacun interpretera comme il le veut car chacun verra ce qu'il veut dans ce film selon ses propres critères.

Subtil mélange de policier et de fantastique, Element of crime est un vrai casse-tête chinois, une oeuvre difficile et cerebrale, profonde, un manifeste psychologique rempli de references cinéphiliques à donner la migraine.
Voila un film fascinant qui demande notre total investissement au risque de trés vite décrocher.

Il fait partie de ces films qui peuvent chez certains engendrer un ennui mortel ou chez d'autres une absolue fascination si on aime les films psychologiques, torturées et tortueuses.

Invitation à la reflexion, voila un film expressioniste, plein de rigueur, une oeuvre hermétique, un film sec malgré l'eau omni-présente. Il pleut sans cesse, les villes croulent sous des averses diluviennes, devenant presque aquatiques.
Ceci augmente l'aspect morne et desespéré, quasi apocalyptique dans lequel baigne tout le film qui en fait une sorte de quête.
Les images glauques aux eternels tons jaunatres accentuent le coté maladif et insolite.
Von Trier se permet même quelques éclats surréalistes comme le suicide des kamikazes et ces chevaux du haut d'un plongeoir.

Voila un film fabuleux interprété par d'excellents comédiens qu'il fit parfois tourner sous hypnose afin d'en tirer le meilleur parti.

Aux cotés de Michael Elphick, une rejouissance visuelle, la birmane Me Me lei, NOTRE, non, MA MEME LEI , notre si dévouée et impudique fille de jungle qui nous eblouit dans Le dernier monde cannibale, Cannibalis ou La secte des cannibales, et dévouée aux roles de putes ( Au pair girls, Le retour de la panthere rose, License to love and kill...).. et de nouveau pute ici!!
Ce fut son ultime film avant de dispraitre...

Anecdote pour les fans de MeMe ( prononcez Mimi): la belle birmane née d'un père anglais officier de marine, ex-presentatrice de jeux TV à la fin des 60s venait à l'époque du film de se faire refaire les seins. Lors de sa 1ere scene avec Elphick, une scene de gifle, elle se mit à fondre en larmes. Elphick crut lui avoir fait mal.. Que nenni! Me Me ne se supportait pas. Elle detestait ses seins aujourd'hui trop gros!!!!!!!!!!!!

[Jarlow]

Un film absolument magnifique dans sa façon de faire vivre les lieux, de donner une ambiance particuliere aux lieux... Une moiteur palpable comme nulle part ailleurs au cinéma, si ce n’est dans quelques sequences d’Apocalypse Now et par brefs moments chez Lucio Fulci. Le travail sur les textures est veritablement impressionnant, il faut voir la 4L avancer dans la boue pour y croire, on a l’impression que tout dégouline, que tout est sur le point de fusionner avec les elements proches... Les lumieres monochromes utilisées sur le plateau, ainsi que le travail general des décors, sont vraiment impressionnants...
Au niveau du scénario c’est plus problematique tant le coté pensum peut parfois prendre le pas sur l’impression de vers libres cinematographiques sur le theme du film noir... La mise en scene aerienne garde toujours le film comme en suspens, comme dans un entre deux narratif la plupart du temps jouissif, parfois simplement destabilisant. Dans l’ensemble j’ai cependant vraiment apprécié ce film, ayant pourtant de gros a priori contre Lars Von Trier. Par rapport à ses boursouflés derniers films (mis à part le tres intelligent Direktor, Les Idiots en moins aggressif) Element Of Crime correspond plus à quelque chose que je voudrais voir sur un ecran.
Surprise et Transgression !!