J'ai toujours rêvé d'être un gangster - S. Benchetrit - 2008

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DPG
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J'ai toujours rêvé d'être un gangster - S. Benchetrit - 2008

Message par DPG »

Hop.

J'aimais beaucoup l'affiche. J'aimais bp le titre (ben oui, c'est du Scorsese !). J'aimais bien le casting (brasser Edouard Baer et Anna Mouglalis avec Arno et Venantino Venantini, c'est qd meme la classe). Mais d'un autre coté, je detestais profondement Samuel Benchetrit. Faisant fi de tous mes préjugés, je me suis donc laissé tenter.

Et j'ai commencé par detester. Le film est un film à sketches, 4 histoires, qui s'entrecroisent de façon anecdotique, et un epilogue. Le premier sketch m'a semblé totalement foiré. On y retrouve Baer et Mouglalis ds une cafeteria pour un pseudo braquage qui finit en discussion. J'ai trouvé ça faux, creux, mal écrit, repompé ici ou là (Tarantino en tête), mal joué et mal filmé, bref, n'en jetez plus, j'ai eu envie de me barrer de la salle au bout de 20 minutes !

Mais j'ai qd meme tenu bon, et j'ai eu bien raison. Car dès la 2e histoire, je suis rentré ds le film. Un kidnapping d'une gamine rebelle de 15 ans par deux pieds nickelés. Dont Bouli Lanners exceptionnel une fois de plus. Ce segment là est tout ce que le premier n'était pas, vraiment drole, touchant, juste, sincère, parfois poétique, bref, une pure réussite.

On enchaine ensuite sur un anecdotique 3e récit, qd meme sacrément repompé sur "Coffees and cigarettes" de Jarmusch (à qui le film entier doit beaucoup) qui voit se croiser Arno et Alain Bashung ds leurs propres rôles ds la cafeteria. Si le passage est anecdotique, il reste néanmoins sympathique pour peu qu'on apprécie les bonhommes, et ça tombe bien, j'aime bp Arno, donc j'ai aimé !

Puis vient la dream team vermeil. Une équipe d'anciens braqueurs qui se recroisent. Avec Jean Rochefort, Laurent Terzieff, JP Kalfon, Venantino Venantini et Roger Dumas. Ce segment là est lui aussi une vraie réussite. Drole, sincère, avec un parfum old school parfaitement assumé, au sein duquel vient se créer un décalage post moderne à travers une série de situations et répliques qui font mouche. Du très bon.

Enfin un epilogue, plutot pas mal, qui boucle la boucle, mais je n'en dirai pas plus pour ceux qui verront le film.

Au final j'en sors qd meme heureux. Déjà parce que j'aime les films à sketches et que ce genre se fait trop rare au cinéma. Ensuite parce que le film a une vraie personnalité, totalement assumée ds son coté bancal entre les références US et les touches purement hexagonales. Le tout est bien filmé, ds un joli N&B cadré en 1.33, à l'ancienne. Les comédiens sont qd meme pas des manches et l'ensemble léger se suit avec un plaisir non feint. Après, on pourra qd meme reprocher à Benchetrit d'avoir des réferences un peu trop lourdes (j'en ai cité deux, mais on peut rajouter Chaplin ou Lautner ou d'autres) et de ne jamais se hisser vraiment au niveau de ses ainés. Qui plus est, si le film n'a pas de coté trop "patchwork", on pense qd meme regulièrement à plein d'autres trucs déjà vus, et à la longue, ça peut lasser. C'est donc bancal, mais plutot attachant. Anecdotique mais plutot réussi en somme. Et puis Drew Barrymore fait penser à un hamburger ! :D
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Re: J'ai toujours rêvé d'être un gangster - S. Benchetrit - 2008

Message par mercredi »

DPG a écrit : Et puis Drew Barrymore fait penser à un hamburger ! :D
Brad Pitt aussi :)
La dernière œuvre de Samuel Benchetrit constitue également une agréable surprise pour moi. En effet, l’usage du sketch comme procédé narratif et non plus tant comme référent d’une taxinomie particulière, fonctionne merveilleusement. Toujours subtile, la parodie des grandes “tendances” du cinéma d’action américain (gangster; western; polar...) s’assoit sur maints codes, acteurs ou imageries directement emprunts au patrimoine européen (“gueules” du cinéma français; chanteur belge; Nouvelle Vague; tragi-comique wallon...) afin de signifier l’immense richesse et donc la grande complexité d’un septième art francophone depuis longtemps conscient des influences outre-Atlantique sur ses propres productions . Parodie d’une parodie d’une parodie; l’imbrication des dits modèles nécessitait l’autonomie artificielle de quatre histoires dont une austère cafétéria s’érigera en dénominateur commun. Cette diégèse en “sandwich” ou “hamburger” rappelle naturellement celles dorénavant estampillées “Tarantino”, clin d’oeil peut-être chargé de rajouter une marche supplémentaire à l’escalier métaphorique du souvenir cinéphilique.
Néanmoins, contrairement aux êtres mis en scène par l’auteur de Pulp Fiction, les protagonistes de Benchetrit porte le poids (croix?) de leur appartenance à un réel apparemment inadéquat avec le fantasme (ou passé). Un cache devient un fast-food, une banque un Mac Donald’s, un flingue un jouet. Le mythe et le cliché s’effritent progressivement pour dévoiler l’humanité paradoxale de héros dont l’indéniable grandeur se cristallise autour des invariables échecs (du rapt, braquages, suicide, meurtre) lesquels singularisent les souhaits, désirs, aspirations et en cela les respectifs statuts, du Spectateur / Cinéaste; en bref de ceux qui ont toujours rêvé d’être des gangsters.
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Re: J'ai toujours rêvé d'être un gangster - S. Benchetrit - 2008

Message par DPG »

Je suis d'accord avec toi sur le fait que Benchetrit, partant d'un postulat "tarantinesque" (c'est ce qui m'a le plus géné ds le 1er sketch) s'en démarque petit à petit et impose sa patte et fait vivre ses persos autrement que par le biais de réferences. Néanmoins, là où je trouve qu'il reste trop fixé à Quentin, c'est ds l'utilisation de la musique. Certains morceaux semblent vraiment là pour faire "cool" et sont, en plus d'etre inutiles, plutot mal utilisés. C'est vraiment sur la BO que le film souffre le plus de son coté "sous Tarantino impersonnel". Mais sinon, 24h après, j'ai envie d'en dire du bien, d'ailleurs j'en ai parlé aujourd'hui à des gens, et j'en ai dis du bien ! )8
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Re: J'ai toujours rêvé d'être un gangster - S. Benchetrit - 2008

Message par mercredi »

DPG a écrit : Certains morceaux semblent vraiment là pour faire "cool" et sont, en plus d'etre inutiles, plutot mal utilisés. C'est vraiment sur la BO que le film souffre le plus de son coté "sous Tarantino impersonnel".
Oui, c'est vrai. La BO est un peu présomptueuse, voire grossière tant elle souhaite caresser le spectateur dans le sens du poil. Entraînantes, présumées "cool", les chansons soutiennent trop explicitement le propos (type far west = entrée dans la cafétéria/ saloon; Bob Marley lorsque l'on évoque le chanteur...). Sur ce point, le film ne fait pas dans la finesse (sans omettre l'altération complètement inutile de la puissance sonore en fonction du point de vue au sein des premières scènes).
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