"La momie" (1932) de Karl Freund : Après les succès de ses deux premiers films d'horreur parlants, "Dracula" et "Frankenstein", Universal s'inspire de l'actualité d'alors (en particulier la pseudo-malédiction de Toutankhamon supposée avoir pesé sur les archéologues ayant découvert son tombeau) pour créer le personnage principal de cette histoire de terreur.

Des archéologues découvrent la tombe d'Im-Ho-Tep, un grand prêtre du temple de Karnak, momifié vivant pour s'être épris de la fille du Pharaon. Dans la même tombe, ils découvrent un parchemin étrange qu'un archéologue lit à haute voix. Mal lui en a pris, car il s'agit d'une formule magique d'immortalité, qui rend aussitôt la vie à la dépouille d'Im-Ho-Tep. Celui-ci s'enfuit avec le parchemin maléfique... Des années plus tard, un étrange oriental se faisant appelé Ardath Bey rentre en contact avec des archéologues et les aide à découvrir la tombe d'une reine de l'ancienne égypte. Ces occidentaux ignorent que Ardath Bey est en fait le redoutable Im-Ho-Tep, qui a de sinistres projets derrière la tête...
Interprété par Karloff, propulsé star de l'horreur après "Frankenstein", et réalisé par Karl Freund, grand chef opérateur du cinéma allemand de l'entre deux guerres, "La momie" est à n'en pas douter un des nombreux classiques du cinéma fantastique de son époque. Maquillage élaboré, éclairages et mouvements de caméra savants et envoutants, ambiance à la fois sombre et romantique... Rien ne manque pour cette réussite donc, en particulier marquée par la très subtile interprétation de Karloff, inquiétant, redoutable, et aussi très effrayant. On pourra reprocher un peu trop de bavardages entre vieux messieurs en smoking dans des salons cosy (on est plus dans le prolongement de "Dracula" que de "Frankenstein"), mais la réussite de cette évocation insolite de l'égypte ancienne font de ce mélo horrifique une pierre angulaire du cinéma fantastique classique.

"La main de la momie" (1940) de Christy Cabane. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, "La main de la momie" n'est pas une suite ; il s'agit plutôt d'un espèce de remake de "La momie". Après 1935, Universal est pris dans une tempête financière entrainant le renvoi de son fondateur et sa prise en main par une nouvelle équipe qui va cesser toute production de films horrifiques... Jusqu'au succès de ressorties en salles de "Dracula" et "Frankenstein" qui va provoquer la mise en chantier de nombreux projets redonnant vie au monstrueux catalogue Universal. "La main de la momie" en fait définitivement partie. Toutefois, on a ici affaire à une nouvelle "momie", nommée Karis, qui n'est pas ramenée à la vie par une formule, mais par les vapeurs des feuilles de Tana. Bien que son histoire antique soit très semblable à celle d'Im-Ho-Tep (ce qui nous vaut le recyclage de nombreux plans du film de 1932), il est désormais le serviteur d'un prêtre protégeant un temple sacré contre des profanateurs.

Après le ton sombre et romantique de "La momie", nous nous retrouvons ici dans l'esprit des serial d'alors, dans un mélange d'aventures exotique et de comédie bon enfant, où l'horreur affleure parfois. En fait, on a l'impression que "La momie" de 1999 est bien plus dans l'esprit de "La main de la momie" que du film de 1932, renouant avec son visuel dépaysant et son esprit dynamique. "La main de la momie" est donc un divertissement sympathique, léger et agréable, assez solidement fait, qui mérite très nettement le coup d'oeil !
La suite au prochain épisode...
