Rocco et ses frères de Luchino Visconti (1961)

[Dragonball]

Ce soir sur ARTE, visiblement dans sa version de près de 3 heure !


Y a pas quelqu'un pour me l'enregistrer par hasard ?

[DPG]

Chef d'oeuvre absolu, d'une richesse inepuisable, casting de folie, multitude de thèmes abordés, tous avec brio, mon Visconti préféré !

[Manolito]

Pas mon préféré... Mais certainement un des meilleurs Visconti, un de ses incontestables "grands" films. Maintes fois plagiés, rarement égalé ! D'habitude, Arte passe une copie restaurée en Allemagne plus longue de quelques secondes (pas trop cruciales) par rapport à la version intégrale dispo en France ou dans les pays anglo-saxons.

[DPG]

Tiens, petite question, pr Manolito (ou d'autres). Vu que tu nous parlais de plusieurs DVD français de Visconti ces derniers temps, pourrais tu me dire qques mots sur l'edition de "Rocco", la 2 DVD de chez René Chateau ? Est elle satisfaisante si tu as eu l'occasion de l'avoir en mains ?

Celle là :

[celia0]

Alain Delon aime beaucoup ce film.

[mallox]

Chef-d'oeuvre achevé. Je m'aperçois que ça fait des années que je ne l'ai pas vu.
Et quelle belle chanson/musique de Nino Rota !

[Manolito]

Je ne l'ai jamais visionné, mais des amis qui l'ont assez contents - même s'ils sont très réservés sur les suppléments. En tous cas, on a une version à peu près intégrale avec vistf dans une bonne copie. C'est déjà bien... Il est dans les promos actuels de la FNAC, par exemple à la FNAC des champs élysées...

[Manolito]

Revu sur le bluray français sorti par chez TF1 vidéo.

La copie restaurée est la restauration 4k italienne, 1.85, déjà sortie en Angleterre (le film est souvent passé en 1.66 en France...).

Il s'agit de la copie intégrale qui était jusqu'ici extrêmement rare (j'en avais un enregistrement vidéo pris sur arte, avec les scènes coupées insérées en très mauvaise qualité ; mais en salles ou en dvd, la version intégrale n'était jamais sortie). Le film avaété coupée par la censure italienne après sa première - mouvementée - au Festival de Venise. Ce sont en fait des morceaux qui ont été coupés dans trois scènes clés :

Spoiler : :

le viol, la bagarre qui le suit, le meurtre final

Ils ont aussi réintroduit un plan plus anodin de quelques secondes qui avait été coupé du film après la première du film à Venise et qui honnêtement ne sert pas à grand chose et à moins de connaître le film sur le bout des doigts, je ne pense pas que vous le remarquerez.

Comme la scène de la grotte dans "Le bon, la brute et le truand", c'est une réintroduction qui ne s'impose pas à mon avis, on parle de coupures qui ont sans doute été faites par choix artistique... Mais bon, on parle ici d'un plan de 5 à 10 secondes, pas de quoi en faire un drame...

Léger souci du bluray français : il y a quelques plans (je dirais deux ou trois) avec du macroblocking dans les noirs. Dommage, aujourd'hui, pour un tel film, on est en droit d'être exigeant et ce genre de bévue d'authoring/compression est génante.

L'insertion de ses scènes coupées est indiscescernable en terme de qualité. Le noir et blanc est superbe, la qualité de l'image nickel, je n'ai jamais vu "Rocco et ses frères" avec une telle qualité d'image.

Bande son mono italien nickel, avec STF, là aussi, je n'avais jamais entendu le film avec un son aussi nickel. VF aussi..

[Superwonderscope]

Manquement dans ma culture, je ne l'avais jamais vu.

Oubli réparé via le Blu ray Eureka! de facture très agréable (et avec le doublage italien).

On voit assez rapidement la connexion avec La terre Tremble et la misère du sud scrutée..Assez curieux de voir comment Visconti s'éloigne du néoréalisme alors que le sujet s'y prêtait (une famille immigrée du Sud s'installe à Milan), avec un choix de cinq gravures de mode/mannequins pour incarner les 5 frères. Le reste du casting est très populaire, dans le bon sens du term, ce qui fait contraste.

Deux éléments m'ont fait tiquer.
1.La scène du viol, terrible, où j'étais littéralement accroché à l'écran. Annie Grardot y est déchirante. Mais.. (et c'est une constante dans les films italiens), il semble que cela n'ait aucun impact sur elle. Ca arrive juste comme ça. ET elle ne semble pas vraiment affectée à postériori par cet acte d'une cruauté extraordinaire - un film me vient aussi à l'esprit: La dame rouge tua 7 fois , avec celui de Barbara Bouchet. Elle sanglante une fois. plan d'après, la vie reprend, normalement.
2. la condition des femmes. Hormis le personnage extrêmement irritant de la mère, ce sont toutes soient des prostituées, soient des filles soumises, ou des épouses à bébés.

Dire que le film transpire d'homoérotisme est une gageure. la scène ahurissante entre Roger Hanin et Renato Salvadori... comment cela a pu passer la censure italienne, je me demande. Mise en scène exemplaire de Visconti de ce désir refoulé, avec cees images hypnotiques de la télévision supposer faire dévier le regard du spectateur de ce qu'il se passe vraiment.

Le film oscille entre drame fiévreux, racines envolées, dégradation morale (ou pas?) et montre une absence de cons inc politique de chacun. Mais établit un regard visuel sur les changements historico-sociologiques d'une Italie renaissante. mais qui n'échappe que de peu à la misère encore bien présente. C'est une peinture assez terrible de la modernité italienne post-guerre, entre le boom économique naissant et les laissés pour compte. Et le duel entre Simone - affecté par les effets pervers de la modernité à laquelle il est exposé et où il se noie - et Rocco, peut être, au final, le plus affecté par les sirènes morales qui finissent aussi par le détruire.

On est happé pendant trois heures par cette maestria visuelle, des mouvements étudiés, des très gros plans savamment orchestrés et une direction d'acteurs d'une force peu commune. Girardot livre probablement l'une des ses meilleure sprestations, Delon y joue bien, pas encore affublé de ses tics futurs. Salvatori en ange blessé, y est extraordinaire. Paxinou en fait des caisses, et ça m'a un peu ruiné la fin.

Très belle découverte

2 174 532 entrées françaises sur 52 ans d'exploitation (dont 1.6 million la première année)! Le film est un des très rares à avoir été projeté de manière régulière dans les salles françaises.