Oublions ce DVD donc dont on se passera et Eric garde précieusement sa sublime version italienne 16/9 revue cette nuit.. l'italien apportant ici à mon goût une force supplementaire au film dont voici ce que j'ecrivais en substance jadis.. vu que personne n'a encore parlé du film lui même!
3eme oeuvre de son triptique commencé par Mort à Venise et Les damnés, Ludwig rebaptisé en France Le crépuscule des Dieux en rapport avec l'oeuvre de Wagner puis Ludwig, Le crepuscule des dieux afin de ne point le confondre avec La caduta dei Dei ( La chute des dieux titre original des Damnés), Ludwig reprend la biographie du roi Louis II de Bavière.
Louis, couronné roi à l'âge de 19 ans est un poète, un artiste qui préfère l'art à la politique. Accusé de dilapider sa fortune pour aider Wagner à monter son opera Tristan, on suit à travers cette fresque de 4 heures la déchéance du jeune roi, ses illusions et désillusions, les trahisons des on entourage et du peuple, ses amours avec sa cousine Elisabeth d'Autriche jusqu'à son accusation pour folie mentale et sa mort, ponctué par les guerres qui secouèrent la Prussie et L'autriche...
Ludwig n'est pas en soi une biographie. Visconti s'appuie sur des faits historiques réels mais romance son histoire pour en faire un récit à la fois morbide et flamboyant. Ludwig c'est la vision d'un monde agonisant vu à travers les yeux d'un rêveur invétéré.
C'est la lente déchéance d'un jeune monarque idéaliste et visionnaire qui préférait la rêverie, l'art, la beauté, l'amitié et l'amour aux charges du pouvoir. C'est la trahison de nombre de ceux qu'il aimait et de son peuple avant l'internement et la mort.
Ludwig aurait pu prêcher par le grandiloquent mais Visconti lui a préféré la simplicité ce qu'on a pu lui reprocher alors notamment les inconditionnels de fresques historiques extravagantes tout en puissante flamboyance..
Ici, Visconti opte pour la beauté des décors, des costumes et la force des sentiments tout en pudeur. Au même titre que si Wagner est constamment présent et que l'histoire de Louis est narrée à travers lui, jamais Visconti n'insiste sur l'oeuvre de Wagner ou sa musique, toujours en filigrane ici.
Visconti comme d'habitude tente de saisir le destin singulier d'un homme à part, luttant contre les mesquineries du monde qu'il tente de contrer par l'amour, la beauté et le rêve.. sorte d'utopie qui le menera à la folie ou ce qui pour son entourage et le peuple est considéré comme folie, alienation mentale.. celle qui mène ou pousse à la mort.
C'est également la bourgeoisie toute puissante alors imposant ses lois et sa politique par le biais de ses ministres et sa police, cherchant à détruire ce jeune monarque marqué par sa difference et sa haine face a l'hypocrisie bourgeoise et la guerre, ce monarque pour qui l'argent est un moyen d'aider ici vu à travers Wagner, artiste montré pas toujours flatteur mais où le coté amical revient régulièrement.
Ludwig n'est pas une oeuvre idéaliste.. il y a un coté toujours trés réaliste dans cette fresque que certains pourront trouver par instant ennuyeuse, Visconti préférant filmer le coté humain, décrire la lente agonie du roi et sa chute au coté sensationnel. Pas de combat épique, pas de sensationalisme clinquant quelque soit les sublimes décors et chateaux dans lesquels se déroulent le film, de sentiment exacerbé. On reste tout le temps dans la retenue, la simplicité dans ce luxe, simplicité des êtres, des sentiments et des éclats quelqu'ils soient.
Ludwig oscille sans cesse entre le lyrisme et l'analyse critique, faisant de son jeune roi un homme face à ses propres convictions, convictions qu'il gardera jusqu'à la mort, au detriment de sa propre destruction, tourment de son âme torturée. Ludwig c'est en un mot l'erreur d'un jeune homme ayant trop cru en ses rêves et l'ont mené à sa mort.
Belle, pleine de tendresse et chargée d'emotion, Ludwig est une oeuvre avec laquelle on se laisse porter et emporter, d'une sidérante justesse dans le ressenti sentimental et dramatique, qui brille aussi par son interprétation internationale.
Outre Trevor Howard et Gert Froebe, c'est la splendeur de Romy qui nous rapelle qu'elle fut Sissi, c'est le talent d'un sublime Helmut Berger, cet acteur autrichien de son vrai nom Helmut Bergenstein qui aprés s'être destiné a la restauration se voua au cinéma et devint un des piliers du cinéma italien, acteur voué au rôle de noble déchu et torturé a l'image de sa propre vie ponctuée par l'alcoolisme et la drogue, sex symbol de toute une génèration..
C'est le jeune John Moulder Brown dont on n'oubliera pas la séquence de nu integral frontal

et le trouble du monarque face a celle ci qui laissera exploser ses pulsions lors de la nuit d'ivresse où il tombera sous le charme d'un de ses valets.
C'est le royal Marc Porel, autre destin voué à l'auto-destruction jusqu'a sa pénible mort par overdose, seul et brisé en 1982.
C'est aussi la filiforme Adriana Asti, l'opulente star Silvana Mangano et Umberto Orsini.
Plusieurs versions existent du film.. On compte celle de 240 mn, celle de 245 mn puis une de 485mn.. J'ignore celle de ce Dvd kiosque..
J'avais la VHS sortie en 87, scindée en 2 VHS d'ailleurs.. qui ne correspond pas a la version que j'ai desormais en italien. L'ouverture y est differente.
En fait, lorsque je me penche sur Ludwig ( facon de parler bien sur même si Helmut

..), je lis qu'il existe beaucoup de versions differentes du film notamment en durée.. mais aucune ne correspondrait réellement à celle tourner d'origine par Visconti.
Quelle est donc cette version s'il y a des specialistes de ce Crepuscule?
Helmut, divin, dans le role de Ludwig.. être torturé et idéaliste auquel Helmut apporte toute sa sensibilité et son malaise
Helmut reconfortant le Jeune John Moulder Brown qui nous offre sa nudité frontale integrale comme bien souvent alors.. John qui incarne le jeune Otto un des valets du roi..
Eternel Romy et Helmut: Ludwig et Elisabeth d'Autriche
Ludwig et son altesse Sophie qu'il epousera pour l'apparence..
Magnifique fresque, divine Romy..
Ludwig atteint par la folie
Et une affiche que j'aime beaucoup
