Réalisé presque dix ans aprés le Nosferatu de Werner Herzog, Nosferatu a Venezia se veut une semi-suite de ce dernier, Kinsky y reprenant son fameux rôle.
Caminito, habituellement scénariste dont ce fut le deuxième et ultime film, ici secondé de Mario Caiano n'est evidemment pas Herzog et son Nosferatu ne possède pas cette dimension poético-macabre quelque peu démésurée qu'avait l'oeuvre du maitre, cette lenteur extrême parfois pesante.
De l'oeuvre de Caminito on retiendra un certain coté onirique qui avec ses décors sont les atouts de cette pseudo-séquelle. L'histoire est simple:
Enterré à Venise lors de la Grande Peste du 17eme siècle, une séance de spiritisme va ramener à la vie le célèbre vampire qui dés lors va se mettre en quête d'une jeune vierge.
Rien de trés original scénaristiquement parlant mais ce qu'on gardera en tête avant tout du film c'est le soin apporté à la photographie et la beauté des décors flamboyants vénitiens. Le réalisateur explore chaque coin de la ville-mystère, longe les canaux, lèche les murs lézardés, parcours les ruelles et les cryptes ancestrales, posant sa caméra dans de trés belles salles ou églises apportant une attention toute particulière aux lumières.
Plutôt lent dans son developpement, Nosferatu a Venezia est surtout un film d'atmosphère, une atmosphère qui se veut étrange et angoissante où plane l'ombre du vampire.
Malheureusemnt même si on est d'emblée saisi par la beauté visuelle du film, Nosferatu a Venezia ne fonctionne qu'à moitié, Caminito ne parvenant pas vraiment à effrayer ou simplement angoisser.
Malgré les efforts louables, il manque ce qui fait l'essence même de la peur car instaurer une atmosphère toute pesante soit elle ne suffit pas forcement à saisir le spectateur à la gorge. Caminito joue avec les ombres dont celle de Nosferatu errant dans les ruelles de Venise ou voguant seul dans une barque sur les canaux embrouillardés mais la sauce ne prend pas réellement, ceci dut en grandes parts à Kinski qui cette fois refusa tout maquillage et apparaissant donc à visage nu.
Malgré ce faciès toujours aussi inquiètant et torturé, ses déambulations n'ont rien de vraiment effrayantes et apparaissent plutot fades. Il perd beaucoup de son aura malèfique. Ceci ne signifie pas que le film est exempt de scénes choc bien au contraire.
La séance de spiritisme qui précéde la resurrection du vampire est excellente mais on retiendra surtout l'envolée des prêtres à travers les vitraux de l'église avant de s'empaler sur les pics d'une grille ou les meurtres assez sanglants perpetrés par Nosferatu.
Particulièrement remarquable et aidant beaucoup à l'atmosphère du film est la partition musicale signée Vangelis, lancinante, angoissante, collant à merveille aux images du film.
Outre Kinski incarnant donc à nouveau Nosferatu, on retrouvera Christopher Plummer et Yorgo Voyagis aux cotés de la De Rossi devenant ici la proie convoitée de Nosferatu. Egalement présente au générique, la regrettée Elvire Audray malheureusement pour ses fans plus en simple figurante qu'en réelle protagoniste, Caminito lui reservant tout de même une mort à demi-dénudée tout à fait violente.
Abonné en cette fin d'années 80 aux seconds rôles dans de nombreuses séries B italiennes, Donald Pleasance est ici un prêtre pleutre, fuyant le vampire à grands renforts de roulements d'yeux.
Petite oeuvre esthétisante, Nosferatu a Venezia séduira par la beauté de ses images, son envoûtante B.O, ses décors vénitiens et son étrange atmosphère mais échoue là où le film devait effrayer.
Voilà qui est bien dommage.
Le corbeau-vampire qui à Gerardmer adore sucer.. les petits esquimaux.
