Le film de Pascal Franchot jouit d'une assez mauvaise réputation.
Pourtant Milo est une agréable petite série B à l'atmosphère particulière qui donnait vie à un nouvel héros particulièrement malsain.
Fils d'un gynécologue/avorteur, Milo est un enfant obsédé par le sexe. La séquence d'ouverture du film, tournée avec un certain brio, dégage un étrange climat de malaise et de glauqueur.
Sous sa capuche de ciré jaune, il emmène quatre de ses petites camarades d'école chez lui où elles découvrent des bocaux renfermant des foetus.
L'arrivée de ces enfants dans ce milieu est déjà en soi assez dérangeant mais lorsque Milo entraine l'une d'entre elles dans le cabinet de son père, l'allonge sur la table, lui ecarte les jambes avant de brandir un scalpel, on devine qu'on va assister à quelque chose de spécial. Un cri, du sang sous la porte.. ses amies découvrent le carnage.
Pascal Franchot préfère ici suggérer que montrer. Le malaise s'en trouve par conséquent renforcé, l'imagination allant bon train.
La suite se passera vingt ans plus tard quand l'une des petites filles, Claire, devenue institutrice, retourne enseigner dans son ancienne école.
A partir de là, même si Franchot soigne sa mise en scène, la photo et sait entretenir un petit climat plutôt angoissant, le film devient trop classique et suit la trame habituelle du film d'horreur ce qui lui fait perdre de cette force dont il s'était imprégné au départ d'autant plus que la réalisation est un peu mollassone.
L'heroine croit voir Milo partout, habillé de son ciré jaune et montant son vélo rouillé, ses anciennes amies meurent... Complot, folie ou Milo est il toujours vivant? Car l'enfant serait mort noyé aprés le drame. Et quand bien même il serait vivant, il serait un homme aujourd'hui.
Si le réalisateur ne fait guère durer le suspens et qu'on devine assez vite ce qu'il en retourne sur ce scénario prévisible, il se reserve pour son final qui va retrouver toute la glauqueur du début.
Milo est resté malgré le temps un enfant au visage défiguré, fruit d'un avortement raté pratiqué par son père.
Assoiffé de sexe et devant satisfaire ses pulsions de mâle, le petit garçon n'a qu'une obsession: tuer et mutiler le sexe de ses anciennes petites camarades.
La découverte de son antre à un air de folie tout à fait jouïssive, macabrement poétique et perverse: attachées et allongées, jambes écartées, habillées en mariée, on devine par le sang les maculant ce que Milo leur a fait subir... voire plus.
Assez osée également la séquence où il tente de violer l'heroine


Antonio Fargas, notre Huggy les bons tuyaux qui interprète ici le concierge de l'école, interrompera malheureusement pour nous le drame.

Fargas qui malheureusement apporte une touche d'humour mal venue.
Milo s'affirme donc comme un bon petit film, plutot osé dans son sujet même si quelque part Franchot rate un peu son coup en le rendant trop classique dans son developpement et en donnant si peu d'épaisseur à ses personnages notamment au père interpreté par le patibulaire et inquiètant Vincent Schiavelli.
Milo avait tout pour devenir un nouvel héros empreint d'une aura véneneuse, dérangeante et inquiètante. Il avait les qualités pour devenir un personnage quasi- fantastique et effrayant, habillé de son ciré jaune à capuche, montant ce vieux vélo rouillé grinçant, une carte à jouer coincée dans les rayons de la roue.
Dommage mais espérons qu'on nous resuscite Milo car la fin est quelque peu ouverte!
Le corbeau sur un mur qui picore des foetus tout dur...

