La possédée est une des nombreuses oeuvres qui ont su en leur temps profiter du succès d soporifique et si ennuyeux L'exorciste et elle n'est certainement pas une des plus mauvaises, bien au contraire.
Signé Mario Gariazzo, artisan de la série B qui sut exploiter tous les filons possibles et imaginables avec un certain savoir faire certes inégal mais jamais déplaisant, le film nous conte cette fois les aventures de Christina, jeune étudiante aux Beaux-Arts, qu'une statue qu'elle restaure représentant un Christ sur la croix va posséder.
Simple, facile, tout en tient en une ligne et en 90 mn sur l'écran. Gariazzo n'invente rien, il suit scrupuleusement la formule de base et le schéma narratif inhérent au genre.
Il nous présente donc son heroine, jeune bourgeoise issue d'un milieu familial bourgeois fort décadent.
C'est ensuite la découverte de cette statue presqu'immédiatement suivi de la résurrection de ce Christ démoniaque qui viole Christina. La voici désormais possédée ce qui entraine hystérie et obscénités avant l'exorcisme final.
Sans surprise, d'une linéarité exemplaire, La possédée n'est pourtant pas dénué ni d'interet ni d'un certain charme. Celui réside essentiellement dans la beauté de certaines scènes dont celle de la grotte, à la fois baroque et étrange, envoûtant sabbat qui aboutira à la descente du Christ de sa croix qui crucifiera la pauvre jeune fille avec une rage et une violence assez inouie. Les clous se plantent dans les mains et les pieds a grands coups de burins sous le rire demoniaque de notre faux Christ et les hurlements de la pauvrette, le sang giclant.
Cette aura d'étrangeté presque fascinante parfois émane aussi de toutes les séquences où Gariazzo filme ce Christ cloué sur sa croix, statue qui de par son coté tellement vivant et réel parvient à vous donner la chair de poule.
Une totale réussite à ce niveau qui trouve son apothèose lorsque le Christ prend vie pour la première fois, enlève ses clous pour descendre de sa croix et violer


Pour le reste, La possédée demeure très classique. Christina hurle et se déchaine de manière convaincante, l'exorcisme en lui même n'est guère impressionnant mais il fonctionne tout de même aidé en cela par les tornades de vents et le décor pierreux de ce château.
Toujours d'actualité dans ce type de cinéma transalpin, on dresse une fois de plus un bien piètre portrait de la haute bourgeoisie à travers les parents de Christina qui dissimule la dérive de leur mariage en sauvant les apparences tout en cachant leur dépravation.
L'épouse n'est qu'une putain lubrique qui s'adonne aux plaisirs sado-maso avec son amant, se faisant fouetter à coups de tiges de rose, cris de chienne en rut tandis que sa peau se lacère sous l'impact des épines


La dépravation est toujours punie, quoi de plus normal donc que leur jeune fille soit la proie de troubles psychiques, marquée des stigmates de ses névroses, voire la proie du Démon!
On sera par contre assez déçu voire hilare devant certains dialogues notamment ceux très pro-charabia du médecin de famille

L'érotisme est ici peu mis en valeur, Gariazzo reste assez discret, peu de nudité ou d'obscénités sexuelles souvent récurrent au genre... La possédée reste à ce niveau très gentillet n'en déplaisent aux vicieux...

On savourera par contre un casting plutôt interessant puisqu'on retrouvera Chris Avram en mari bafoué et Luigi Pistilli en prêtre exorciseur se mortifiant à coups de fouet. Gabriele Tinti est l'amant d'une des plus grosses garces d'alors, Lucretia Love, ici en chienne SM offrant sa nudité à l'oeil expert de Gariazzo.
Christina est incarnée par la dodue et tout en cernes Stella Carnacina qui offre une prestation convenable mais sans surprise, respectant les codes de la possédée.
La possédée est du pur cinéma d'exploitation, une satanerie agréable et distrayante sans autre prétention que de satisfaire un certain public et à qui elle doit beaucoup à Rassimov.
Le corbeau aux ailes lacérées qui adore donner le fouet!