Alors qu’a Londres sevit Jack l’eventreur, un vieux couple vivant avec leur jeune fille loue une chambre a un homme etrange, qui finit par les inquieter au point de penser que peut-etre, il s’agit du monstre…
Ce qui frappe le plus dans TL, est la caracterisation de la vie, des us et coutumes de l'avant-dernier siecle, ainsi que de la faune grouillante de Londres. Des artistes de rues aux artistes de Music-Hall, des familles bourgeoises aux familles qui vivotent, des gosses des rues aux adultes en queue-de-pie, Londres, de par ses habitants et du spectacle permanent qu’ils offrent, ne font qu’ajouter au point de donner un role a Londres-meme.
Tire du roman de Marie Belloc Lowndes, mais nullement la premiere adaptation, celle-ci datant de 1927 (The Lodger: A Story of the London Fog) d’Alfred Hitchcock, film muet auquel fut rajoute un remake “talkie” en 1932.
Contrairement aux version precedentes, la mouture de Brahm appellera un “chat”, un “chat” et appellera Jack l’Eventreur tel quel et le placera dans son epoque, plutot que de rester flou quant au nom du monstre et de transposer l’action dans le monde contemporain (annees 20s et 30s) pour les version precedentes.
D’autres versions seront encore realisees apres celle de Brahm; en 1953 (Man in the Attic) par Hugo Fregonese, ainsi que des adaptations pour la television (un episode de la serie britannique Armchair Mystery Theater en 1965 et un telefilm pour l’ORF autrichienne Der Mieter (1967) ). A ce jour, la derniere adaptation date de 2009, sobrement intitulee: The Lodger.
Si le film date de 1944, sa mise en images, et surtout sa “mise en scene” semble plus “classique” encore. Brahm (The Undying Monster (1942) Ghost in the House (1945), Hangover Square (1945) ), maitrise parfaitement son sujet et se plait a mettre toutes ses vedettes et figurants…en vedette(s). Entre grande interpretation—jusque dans les petits roles, et voyage dans le temps, TL est un film parfaitement maitrise
Si tous les “exterieurs” sont estampilles “interieurs studio”, l’atmosphere est saisissante, marquee par des relents d’expressionisme allemand (John Brahm, ne a Hambourg, s’appelle en fait Hans Brahm), et matine d’une esthetique “film Noir” en avance sur son temps.
Laird Cregar (I wake up Screaming (1941), This Gun for Hire (1942), The Black Swan (1942), Heaven can Wait (1943), Hangover Sqaure (1945) ) dans le role-titre su sinistre “locataire” est bluffant, oscillant entre le personnage legerement “decalle”, mais sinistre dans son propos, entre la bestialite rentree et le besoin d’amour (sous-entendu homosexuel

) qui semble le consumer. Une tres belle performance toute en nuance, mais fondamentalement inquietante et indubitablement marquante.
La realisation de Brahm se permet sur la fin un incroyable travail sur les eclairages permettant a son interprete de literalement accentuer sa transformation jusqu’a l’eclosion du monstre qu’il cachait en lui.
Cregar est tres bien entoure par ses ”proprietaires” interpretes par Sara Allgood (The World, the Flesh, the Devil (1932), The Spiral Staircase (1945) ) et Cedric Hardwicke (The Ghoul (1933), Things to come (1936), Suspicion (1941) ) et leur fille jouee par Merle Oberon ( The Scaret Pimpernel (1934), The Private Life of Don Juan (1934) ). A aucun moment ni leu jeu de ces personnages devenus peu a peu des vedettes a part entiere, ni leurs actions ne paraissent deplaces ou hors de propos, contrairement a de nombreux films traitant de sujets similaires.
La realisation eloignee de l’horreur des mefaits de Jack l’Eventreur, s’arretant au niveau des protagonistes, laisse aller sa tention en crescendo via une prise d’empreinte, pour culminer dans un Music Hall bonde ou le monstre s’apprete peut-etre a frapper de nouveau.
Bref, dans le genre a part entiere que represente les activites cinematographiques de Jack l’Eventreur, une entrée majeure et TRES chaudement recommendee.
The Lodger: 4.5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.