Fondu au noir / Fade to black- Vernon Zimmerman - 1980

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eric draven
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Fondu au noir / Fade to black- Vernon Zimmerman - 1980

Message par eric draven »

Fondu au noir, c'est le drame d'un être frustré, un monsieur-tout- le-monde anodin dont la passion du cinéma- son unique raison de vivre- va lui monter à la tête et le faire basculer de l'autre coté du miroir, du mythe hollywoodien, le faisant sombrer dans la folie irreversible.

Zimmerman met ici l'accent sur la part de responsabilités que le cinéma et la violence peuvent avoir sur certains esprits faibles dans notre société moderne.

Le jeune Eric- :roll: :lol: :lol: - ne vit que pour le cinéma et ses idoles pelliculaires dont il connait les répliques par coeur. C'est sa façon de s'évader de son quotidien terne et sinistre, régi par sa tante austère et paralysée qui le harcèle sans cesse, lui vouant une haine sans nom. Eric n'est guère mieux loti là où il travaille. Maladroit et étourdi, il est le souffre-douleur de son patron et de ses collègues.

Toute la vie d'Eric n'est que tristesse et solitude jusqu'au jour où il rencontre le sosie de Marylin Monroe en la personne d'une serveuse de bar qui va hanter ses jours et ses nuits, nuits qu'il passe à se masturber en imaginant son portrait. Le corbeau adore cette scene! :lol: :oops:
Le fait que la jeune fille ne s'interesse guère à lui le mene vers une folie irreversible. A bout de nerfs, harcélé une fois de trop par sa tante, il la tue comme l'aurait fait un des ses héros.

Eric va perdre pied d'avec la réalité, torturé par ses actes et sa folie gagnante. Mais pourtant il tente de s'accrocher à la réalité, d'y garder un pied comme le prouve la scène où il se maquille en Dracula/Lugosi une seule moitié du visage, comme si le cinéma ne l'avait pas encore entièrement ravagé.
C'est là où se situe le drame. Eric ne serait pas vraiment dangereux s'il vivait dans l'imaginaire mais il se sert de l'imaginaire pour tuer ceux qui le font souffrir ou lui prennent ses rêves.

Il est un docteur Jekyll qui trouve ses differents Hyde dans ses films favoris, Hyde qui lui permettent de réaliser ses désirs interdits dans une sorte de demi conscience.

Fade to black est un film sur la schyzophrénie de notre société, schyzophrénie engendrée par l'image, engloutissant le réel.
Eric est alors pris dans un tourbillon qu'il ne peut plus arrêter. Il va tuer tous ceux qui lui ont fait du mal, prenant l'asect de ses personnages adorés: Dracula, la momie, Cary Grant, John Wayne jusqu'à endosser une nouvelle identité celle de Cody Jarrett, son héros de tous les temps.

Truffé de réferences cinéphiliques et d'images de grands classiques des années 50 et 60, Fade to black est un film fort, dramatique, intense où l'émotion nous gagne de nombreuses fois, pris de pitié pour ce pauvre garçon, victime non pas de sa passion mais de la société comme l'expliquera un psychiâtre de pacotille.

Fade to black c'est aussi toute l'hypocrisie du show bizz, son monde d'artifices où seule l'image compte.
Le film de Zimmerman, c'est la fragile et ténue frontière qui sépare parfois le monde de la réalité et celui du rêve.

Le final est en cela superbe, majestueux, d'une intensité emotionnelle stupéfiante où monté au sommet d'un hotel, Eric, blessé, mourrant, sous les feux des projecteurs de la police, la scéne devient presque un plateau de cinéma. Criant son incompréhension, son désarroi, vivant enfin comme la vedette qu'il a toujours voulu être, donnant son spectacle sous les regards terrifiés, il hurlera alors qu'une balle bien peu méritée le percutera: "That's Hollywood" avant de tomber dans le vide.
Saisissante et emotionnellement tres forte, la séquence résume à elle seule toute la vie de ce pauvre garçon, psalmodiée par la prenante chanson finale.

Non dénuée d'humour, la mise en scène de Zimmerman est quasiment parfaite et l'interprétation du jeune Dennis Christopher est excellente. Il possède le coté ingrat de son personnage et retranscrit à la perfection toute la folie de son personnage, à la fois pityoyable et ravagé. Quelques soient ses actes, il n'est jamais detestable.

A ses cotés Linda Kerridge, parfait et troublant sosie de Marylin et la présence d'un Mickey Rourke tout jeune et encore inconnu. :lol:
Fade to black est un film qui aujourd'hui n'a rien perdu de sa force, véritable petit chef d'oeuvre au potentiel emotionnel énorme qui ne laissera personne indifferent.


Eric qui lui rêve d'être une des quatres bourreaux de Salo!
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Jeremie
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Message par Jeremie »

Je ne l'ai vu que rapidement (par un moyen que je ne citerais pas evidemment) mais qu'est ce que c'est bien :shock: :shock: Excellent pitch de base d'ailleurs et une atmosphère très inquiétante, très sombre. Cependant il faudrait que je le revois dans de bonnes conditions...
hitcher
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Re: Fondu au noir / Fade to black- Vernon Zimmermann- 1980

Message par hitcher »

eric draven a écrit : Fade to black est un film qui aujourd'hui n'a rien perdu de sa force, véritable petit chef d'oeuvre au potentiel emotionnel énorme qui ne laissera personne indifferent.
Film découvert en cours grace à une prof d'anglais (bien branché ciné la prof) :D
Pas revu depuis, mais excellent souvenir!
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Si on m'avait dit qu'un jour le forum Devil Dead tomberait dans les mains de personnes woke et intolérantes. §£
Et pourtant...
eric draven
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Message par eric draven »

Jeremie a écrit :Je ne l'ai vu que rapidement (par un moyen que je ne citerais pas evidemment) ...
:roll: :roll: Intrigué je suis là!! Que cela sous-entend il??????

Petites affiches pour illustrer:

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facilement dispo en VHS... Il existe un Z1 je crois.. Un beau Z2 de ce petit chef d'oeuvre serait le bienevenu.
A noter l'excellente BO qui participe beaucoup à l'ambiance du film.. et la magnifique et prenante chanson du générique de fin.. dt le titre m'échappe :cry: :cry: .. chanson qui aprés les ulltimes et dramatiques images finales achèvent de vous clouer au fauteuil, le tps de reprendre ses esprits et se défaire de l'emotion qui vous serre la gorge.
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eric draven
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Message par eric draven »

Un petit mot sur le jeune acteur qui joue Eric, Dennis Christopher, révélation du film.
Dennis est en partie responsable de la force du film emotionelle du film. Il a le physique de l'emploi, ce visage ingrat et malingre, ce coté névrosé qui pourtant fait son charme
.
Dennis c'est un visage, une sensibilité mais aussi un look.. Le look Cody jarret qui à l'époque fit sensation.. Le chapeau, la cravate dénouée, le look negligé et la clope en coin de bec sur son scooter.
Un ami à moi s'était totalement identifié à Cody d'ailleurs tant et si bien qu'il avait pris son look, exigeait qu'on l'apelle Cody Jarret et signait même de son nom.
Fou de ciné, Fade to black lui avait bouleversé les neurones et je lui dédie ce thread s'il me lit. :wink:

Qt à dennis, peu porté par le ciné mais surtout par le theatre, on le vit ensuite ds Breaking away par ex et il fut un des heros adulte de CA.

Dennis dans Fade to black: 8) 8) 8)
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Dennis ds Breaking away: 8) 8) 8)

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Dennis aujourd'hui: :cry:

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bluesoul
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Re: Fondu au noir / Fade to black- Vernon Zimmermann- 1980

Message par bluesoul »

Eric travaille a Hollywood, habitant avec une mere possessive et entoure de collegues meprisants, il vit neanmoins "dans le reve". Lorsque sa route croise celle d'une jeune fille ressemblant traits pour traits a Marylin Monroe, il commence a perdre pied avec la realite, et sombre petit a petit dans la folie meurtriere. Empruntant a Cagney, aux monstres de l'Universal, et a bien d'autres references cinephiliques, sa vengeance sera "cinematographique"...

Croise sur la RTBF belge quelque part milieu des annees 80s, un peu pres en meme temps que Dead Men don't wear plaids (1982), je n'ai jamais reussi a oublie cet ofni (objet filmique non-identifie), qui partage de nombreux elements avec DMdwP, notamment un amour incommensure (irraisonne?) avec le 7eme art, et plus particulierement; le "film de genre".

Tourne en pleine vogue du slasher--la meme annee (1980) sera notamment l'annee ou Friday the 13th et Maniac se dechaineront sur les ecrans--bizarrement, FtB sera pratiquement oublie, car par vraiment un slasher pur-"sang" et pas vraiment un film de reference pour les cinephiles (tel que le serait plutot DMdwP), plutot qu'un film sur un fele du cinema qui "pete les plombs" et qui, manquant d'identite propre (ou de "creativite", selon certains...) s'inspire de ses icones
du cinema pour accomplir sa sanglante vengeance.

La vision d'Hollywood qui transpire du metrage est loin (TRES loin) d'etre glorieuse, et la faune (ici, les plus bas etages des "travailleurs de l'ombres"--les obscure techniciens, coursiers et autres manutentionnaires de l'usine a reves) vit un travail harassant, basique et fondamentalement pas differents de millions d'autres petits jobistes a travers le monde, la seule difference etant qu'ils sont plus proches du "reve", tout en en etant pourtant a des annees-lumieres.

L'impression (tres forte) que le film m'a laissee a l'epoque, n'etait pas celle d'un film / slasher a "gimmick" (masque de hockeyeur, tronconneuse, ou rouleau a patisserie), mais plutot celle d'un film culte, culte que celui que le realisateur vouait a ses "peres" (fondateurs) a travers l'hommage donne, tout en relativisant l'envers du decor et peut-etre meme ses relations avec ses "pairs" (ou
"chers collegues" si l'on veut).

Plusieurs scenes me restent encore a l'esprit aujourd'hui; les tensions dans le labo / atelier(?) entre le "hero" et ses collegues (un tout jeunot--et detestable--Mickey Rourke notamment), quelques meurtres decales et referentiels, la ressemblance si frappante entre l'elue de son coeur et Marylin, la momie, le cow-boy, Dracula, les assassinats que ceux-ci commettent, et le final sur le Grauman Chinese Theater ("I'm on Top of the World, 'Ma!").

Jeu de piste cinephilique pour amateurs de "cult" fantasticophile, mes bandes memorielles n'ont jamais efface ce reflet de mon ame cinephilique, gardant le souvenir de ce film vivant--comme une sorte d'avertissement peut-etre... :mrgreen: ?

Perdu de recherche depuis au moins 20-25 annees. Valeur: inestimable. FtB, jadis disponible en dvd aus USA, semble avoir retourne au neant...pour l'instant...Meme, si j'ai l'impression, qu'il continue de vivre, peut-etre meme dans quelque-uns d'entre-nous sur ce forum... :wink:

Si quelqu'un connait; ecrivez-moi: a bluesoul, Hollywood, CA, boulevard of broken dreams.
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
celia0
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Re: Fondu au noir / Fade to black- Vernon Zimmermann- 1980

Message par celia0 »

Il existe un zone 2 UK mais dont l'image laisse franchement à désirer quoique meilleure qualité que la vhs. Avec en prime un double liseret blanc sur le côté gauche de l'image tout le long du film.
Image
Trouvable sur amazon.co.uk à 1 pound.
Avis aux nouveaux forumers, il est parfaitement normal voir de santé publique d'envoyer chier manolito au moins une fois.
Manolito
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Re: Fondu au noir / Fade to black- Vernon Zimmerman - 1980

Message par Manolito »

Pas vraiment un film qui marche sur les traces du slasher, plutôt un titre aux relents de films de Psychokillers, il y a un côté Norman Bates dans le physique frêle et la cadre de vie anonyme, en marge, d'Eric Binford. Passionné par les films d'horreur et de gangsters des années 30, les films noirs des années 40, son univers est celui de la nuit, des salles obscures où il peut se projeter jusqu'à l'ivresse et l'oubli de soi dans le monde imaginaire du cinéma. Si le portrait est évidemment excessif, il est aussi juste... Dans sa description de la part sombre de la cinéphilie, "Fondu au Noir" tape vraiment juste, comme "Le voyeur", c'est une plongée dans l'obsession, le fantasme ultime et à jamais frustré de s'échapper du réel pour se fondre dans l'écran blanc d'un imaginaire hors d'atteinte. "Fondu au noir" n'est pas sans défaut toutefois. Après une bonne exposition, le métrage part dans des scènes de meurtres un peu gratuites et mécaniques (le cowboy, la momie), l'action ne reprenant pour moi vraiment son souffle qu'avec la scène du gangster. Mais comme dit plus haut, le dénouement sur Hollywood Boulevard est très réussi, vraiment touchant. Un bon film, un film à part, qui sort de la masse par ses idées et son regard pointu sur son sujet.

Vu sur une VHS française Highway/Initial vidéo de mauvaise qualité, copie 1.33 4/3 recadrée (format d'origine : 1.85), VF entachée d'un bruit de fond casse-pied...
antropophagus
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Re: Fondu au noir / Fade to black- Vernon Zimmerman - 1980

Message par antropophagus »

Plus
- Le Los Angeles des années 80 et son atmosphère hollywoodienne.
- L'idée d'un tueur qui s'inspire de personnages de films est intéressante...

Moins
- Les meurtres manquent totalement d'intérêt et d'imagination.
- Les personnages sont tous détestables.
- Une pseudo enquête minable, menée par le duo le moins crédible de l'histoire du cinéma.

La thématique a de quoi plaire aux cinéphiles, mais j'ai trouvé le film particulièrement pénible. La prestation de l'acteur principal est insupportable, même s'il surjoue volontairement.
Man-eater
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