Zimmerman met ici l'accent sur la part de responsabilités que le cinéma et la violence peuvent avoir sur certains esprits faibles dans notre société moderne.
Le jeune Eric-



Toute la vie d'Eric n'est que tristesse et solitude jusqu'au jour où il rencontre le sosie de Marylin Monroe en la personne d'une serveuse de bar qui va hanter ses jours et ses nuits, nuits qu'il passe à se masturber en imaginant son portrait. Le corbeau adore cette scene!


Le fait que la jeune fille ne s'interesse guère à lui le mene vers une folie irreversible. A bout de nerfs, harcélé une fois de trop par sa tante, il la tue comme l'aurait fait un des ses héros.
Eric va perdre pied d'avec la réalité, torturé par ses actes et sa folie gagnante. Mais pourtant il tente de s'accrocher à la réalité, d'y garder un pied comme le prouve la scène où il se maquille en Dracula/Lugosi une seule moitié du visage, comme si le cinéma ne l'avait pas encore entièrement ravagé.
C'est là où se situe le drame. Eric ne serait pas vraiment dangereux s'il vivait dans l'imaginaire mais il se sert de l'imaginaire pour tuer ceux qui le font souffrir ou lui prennent ses rêves.
Il est un docteur Jekyll qui trouve ses differents Hyde dans ses films favoris, Hyde qui lui permettent de réaliser ses désirs interdits dans une sorte de demi conscience.
Fade to black est un film sur la schyzophrénie de notre société, schyzophrénie engendrée par l'image, engloutissant le réel.
Eric est alors pris dans un tourbillon qu'il ne peut plus arrêter. Il va tuer tous ceux qui lui ont fait du mal, prenant l'asect de ses personnages adorés: Dracula, la momie, Cary Grant, John Wayne jusqu'à endosser une nouvelle identité celle de Cody Jarrett, son héros de tous les temps.
Truffé de réferences cinéphiliques et d'images de grands classiques des années 50 et 60, Fade to black est un film fort, dramatique, intense où l'émotion nous gagne de nombreuses fois, pris de pitié pour ce pauvre garçon, victime non pas de sa passion mais de la société comme l'expliquera un psychiâtre de pacotille.
Fade to black c'est aussi toute l'hypocrisie du show bizz, son monde d'artifices où seule l'image compte.
Le film de Zimmerman, c'est la fragile et ténue frontière qui sépare parfois le monde de la réalité et celui du rêve.
Le final est en cela superbe, majestueux, d'une intensité emotionnelle stupéfiante où monté au sommet d'un hotel, Eric, blessé, mourrant, sous les feux des projecteurs de la police, la scéne devient presque un plateau de cinéma. Criant son incompréhension, son désarroi, vivant enfin comme la vedette qu'il a toujours voulu être, donnant son spectacle sous les regards terrifiés, il hurlera alors qu'une balle bien peu méritée le percutera: "That's Hollywood" avant de tomber dans le vide.
Saisissante et emotionnellement tres forte, la séquence résume à elle seule toute la vie de ce pauvre garçon, psalmodiée par la prenante chanson finale.
Non dénuée d'humour, la mise en scène de Zimmerman est quasiment parfaite et l'interprétation du jeune Dennis Christopher est excellente. Il possède le coté ingrat de son personnage et retranscrit à la perfection toute la folie de son personnage, à la fois pityoyable et ravagé. Quelques soient ses actes, il n'est jamais detestable.
A ses cotés Linda Kerridge, parfait et troublant sosie de Marylin et la présence d'un Mickey Rourke tout jeune et encore inconnu.

Fade to black est un film qui aujourd'hui n'a rien perdu de sa force, véritable petit chef d'oeuvre au potentiel emotionnel énorme qui ne laissera personne indifferent.
Eric qui lui rêve d'être une des quatres bourreaux de Salo!