Regarder une aventure de Fu Man Chu de nos jours, revient a remonter le temps jsuqu’a une epoque, ou le “politically correct” n’avait nullement cours.
Fu Man Chu, quelle que soit son incarnation (Christopher Lee, Glen Gordon, H. Agar Lyons, Paul Naschy ou Boris Karloff comme c’est le cas ici) n’echappera pas a ses propres “regles”; il sera Asiatique (l’on le soupconne d’etre chinois)—mais interprete par des acteurs occidentaux(!)




A noter, aussi, qu’a l’epoque, les roles principaux(!) d’asiatiques n’etaient generalement PAS confies a des asiatiques. L’on pourrait citer comme exemples: Karloff (un anglais) dans ce Fu Man Chu, mais aussi dans les Mr. Wong, Warner Oland (un suedois) / Sidney Toler (un ecossais) dans les Charlie Chan et Peter Lorre (un austro-americain) dans les Mr. Moto.
Le monde dans lequel Fu Man Chu evolue sera au diapason des phantasmes et preconceptions du temps; les asiatiques y vivent “les uns sur les autres”, sont frivoles, (les femmes travaillent dans les bordels



Face a la menace “jaune”, se dresse heureusement de valeureux hommes (blancs)—ici, britanniques—qui lutteront avec passion et fair-play(!) contre le demon et sa horde.

Il est clair, qu’on ne fait pas dans la dentelle, autres temps, autres moeurs…
Le realisateur, Charles Brabin, veteran du muet, ne se tire pas mal de ce qui sera un de ses derniers films—un talkie de surcroit—utilisant le talent de Karloff a bonne escient, et ayant l’obligeance de traiter son sujet en misant plus sur l’exotisme que sur le racisme, semblant eviter d’”enfoncer le clou” ou cela n’est pas absolument necessaire.
Au cote de Karloff qui semble jubiller dans l’interpretation over-the-top (mais pas ridicule!) de Fu Man Chu, Lewis Stone joue un valeureux Nayland Smith et Myrna Loy, une Fah Lo See, fille de Fu Man Chu, des plus “perverses”.
Dans l’ensemble, l’on est egalement plus prêt du “serial” avec son lot d’experiences impies, de megalomanie galopante, de laboratoire (avec machine a eclairs) qui ferait baver plus d’un savant fou, de mygales en bocal, de decors megalythiques et qui quelque part annoncent les ceremonies du parti Nazi a venir(!!), de costumes que l’on devine colores—le film etant en noir & blanc, de machines a tortures et autres pieges mortels destines a mechanismes a “executer” les inopportuns qui ne depareillerait pas d’un Indiana Jones ou James Bond.
S’il n’y avait effectivement ces relents racisto-colonialisto-ethnico-revanchistes, TMoFMC ne depareillerait pas d’une simple serie B d’aventures (de la grande epoque, quand meme et reussie de surcroit(!) ), comme il allait s’en realiser des centaines pendant l’histoire du cinema. L’on se dit aussi, que debarasse de certains aspects quand meme un peu trop “politically incorrect”, un remake realise de nos jours ne depareillerait pas du contenu de certains blockbusters.
Quelque part, ce Fu Man Chu trouverait notamment son pendant du cinema “moderne” dans Ming, l’empereur de Mongo de Flash Gordon (1980) qui lui emprunte beaucoup—et ce, sans aucune xenophobie sous-jacente a part, peut-etre(?), le regard du spectateur.
Les peripeties quant a elles, s’enchainent bien, les decors sont bien utilises, les acteurs a leurs aises et font de ce Fu Man Chu un film qui depasse le niveau de la simple curiosite pour entrer dans celui du bon moment de “cinoche”.
Ne sous la plume de Sax Rohmer, un ecrivain britannique ne dans le dernier quart du 19eme siècle, le succes de la serie des Fu Man Chu fit de Rohmer l’egal des grands ecrivains des annees 20s et 30s. Pour l’anecdocte, il est amusant de faire remarquer que Rohmer mouru en 1959, de…la grippe asiatique…Une “punition” du demoniaque docteur pour l’avoir trop souvent fait perdre…?

A voir, pour le cote retro et mal-eleve(!)—pour les “valeurs” en vigueur de nos jours, mais aussi pour le charme du reve procure par ces aventures de pacotille.
The Mask of Fu Man Chu: 3.75 / 5