Un Prophète - Jacques Audiard (2009)

[DPG]

Après un parcours sans fautes de realisateur, ponctué de films qui sont aussi bien des réussites critiques que publiques, c'est evidemment avec impatience qu'on peut attendre le prochain film de Jacques Audiard.

Donc ça s'appellera "Le prophète" et le pitch dont on m'a parlé il y a qques jours et qui m'a sacrément mis l'eau à la bouche, c'est ça :

"L'ascension criminelle d'un jeune orphelin d'origine maghrébine, qui n'a connu que la prison et qui, avec l'aide de la mafia corse et la protection d'un imam influent, va devenir le parrain de toutes les cités de France."

Sujet ambitieux, vaste, mais ds les mains d'Audiard, on peut qd meme esperer se taper autre chose que "La mentale 2" !

Par contre, je n'ai aucune info sur un casting eventuel, voire une date de sorte, meme approximative, donc je suis preneur de tte info !

[oily maniac]

sur u scénario écrit par un Abdel Raouf Dafri. plus connu par ceratin sous le pseudo de Francis Panama.

Le type vient d'écrire également MESRINE que réalise actuelment Richet.

ceald it, d'apres mes sources, il smeble qu'il existe des dissensions légères. LE PROPHETE est violent et dur, et Audiard n'acrioche pas trop à la violence graphique; c'est pas vraiment son univers..

[drummonde]

Personne ne l'a vu ?

Il s'agit pourtant d'un des meilleurs films français de ces trente dernières années (soyons fou ).

Ca se passe dans une taule non identifiée, un rebeu paumé monte en grade en s'associant à des corses, des gitans, des muslims, la crème quoi.

Film hyper-réaliste, hyper-dur, plus puissant que les pleurnicheries de Scorsese, plein d'humanité, de sueur, de sang. Ca donne pas envie d'aller en zonze tout ça.

Le film se passe en taule, à Paris, en banlieue, sur la route, un peu dans le 13.

On cherche pas à nous faire larmoyer sur le sort des taulards, Audiard nous raconte juste une histoire avec force et intelligence, sans esbrouffe. Les acteurs sont bétons ! Et y a même une pincée de fantastique !

A voir en salles bien sûr.

[Cosmodog]

Je rejoins l'avis ci-dessus. Bonne claque !

Sans concession, hyper réaliste, tendu comme un arc, les 2H30 passent à une vitesse folle (là ou les batards sans gloire semblent durer 6 plombes !).

Description jamais vue de l'univers carcéral français, rugueux et froid comme la mort.

Brutal, édifiant et jamais moralisateur.

Excellent !

[DPG]

Je serais un peu moins enthousiaste que ce que j'en entends partout. Bon, ceci étant, on reste dans du tout bon. Le scénario, la mise en scène, les comédiens, tout est dans le haut du panier, c'est vraiment bien foutu d'un point de vue formel et à ce niveau là, le film est irréprochable. Après, je dois dire que j'ai un peu plus de réserves sur le reste. Disons que déjà, sur un plan strictement personnel et émotionnel, j'ai pas "plus accroché que ça". Alors que par exemple, j'avais adoré le Audiard précédent. Et après, certains petits aspects du "fond" m'ont un peu gêné, ou disons en tout cas que j'y adhère pas spécialement, mais je veux pas trop en parler, je laisse les gens le voir, et se faire une idée. Ca reste minime hein, mais disons que ça m'empêche d'être béat devant le résultat et aussi dithyrambique que ce que tt le monde m'en dit. Un très bon film, solide, sérieux, adulte, sur un sujet qu'on ne voit pas tous les jours en France, et jamais traité aussi bien en tout cas. Mais pas forcement THE chef d'oeuvre, ni de l'année, ni même de la filmo de son real en ce qui me concerne.

PS : Même si ça a été claironné partout, on peut qd meme souligner encore une fois la performance exceptionnelle de Tahar Rahim dans le très complexe role titre. Et Arestrup est également (une fois de plus) génialissime. Voilà, c dit.

[ZombiGirl]

On cherche pas à nous faire larmoyer sur le sort des taulards, Audiard nous raconte juste une histoire avec force et intelligence, sans esbrouffe. Les acteurs sont bétons ! Et y a même une pincée de fantastique !

C'est exactement ce que je me suis dit en sortant de la salle. Mais même si je suis très impressionnée par le résultat, j'ai aussi quelques petites réserves donc à l'instar de DPG, je ne hisserai pas ce film au rang de méga total chef d'oeuvre, etc. Ceci étant dit, j'ai rarement vu une direction d'acteurs pareille C'est simple, on ne voit pas l'acteur derrière son personnage et ça vaut pour tous, pas seulement Arestrup et Rahim (quel talent, ce p'tit jeune, n'empêche et quelle belle paire de fesses ! ). La réalisation est juste brillante et ces qqs moments de fantastique dont parle Drummonde (le viol, les chevreuils, l'accident) apparaissent comme de petits moments de poésie pure parmi la brutalité du reste (le meurtre de Reyeb - ouch, crado !). Le scénario est en béton, les dialogues finement ciselés, y a rien à jeter.

Heureusement que le cinéma français possède des réals comme ça pour rattraper le niveau de certains

[drummonde]

Je serais curieux de connaitre les réserves sur le fond dont parle DPG qui est me semble-t-il amateur et connaisseur du polar hexagonal.

SPOILOIERS



c'est la défaite des corses et la victoire des rebeux qui passe pas ?

[DPG]

ATTENTION SPOILERS EN LONG EN LARGE ET EN TRAVERS :

Spoiler : :

Honnetement, oui, en partie. J'avoue, je vais pas tourner autour du pot

Bon après, pour développer un peu plus, disons que je trouve la vision des "barbus" un peu gentillette par rapport aux autres. Je sais bien que l'intérêt du film est ailleurs, mais là, on ne voit pas vraiment de trucs négatifs sur eux et sur l'Islam. Je vous rassure, je suis pas là à faire des raccourcis sur l'Islam, le terrorisme et autres, mais là on parle pas non plus de pratiquants lambdas à la mosquée, on parle de "taulards", donc des gars qui, à priori, sont pas tous tout blanc s'ils se sont retrouvés là.

Plus globalement, je trouve que les Corses sont qd meme assez mal traités par rapport aux autres communautés (le gitan vend son shit et dérange personne par ex). Je veux dire, pr ce que j'en sais, ds le milieu carceral, OK, tu choisis ton camp, et c'est chacun pr sa gueule, mais disons que le racisme, il est dans les deux sens, or là, on le voit qd même surtout ds le sens habituel (blanc envers arabe / noir). Et au jour d'aujourd'hui, à mon avis, si tu débarques en taule sans aucun appui ni connaissance, tu as qd même plus de chances de t'en sortir en étant arabe ou noir qu'un petit blanc.

Et puis je sais pas, j'avoue que la fin d'Arestrup m'a attristé, même si c'est tout à fait cohérent avec le film et que je comprends très bien ce qu'Audiard a voulu montrer.

Après, honnêtement, comme je disais plus haut, ya surement qques trucs qui font que j'ai pas accroché, mais c'est pas UN POINT en particulier, j'ai du mal à mettre le doigt sur ce que c'est exactement d'ailleurs. Mais bon, après tout, c'est pt etre pas plus mal, ça reflete aussi la complexité du film, et pt etre qu'une deuxième vision me fera changer d'avis d'ailleurs, c'est pas impossible.

Edit,

Et aussi :

Spoiler : :

Je me doute bien que le but d'Audiard n'est pas de faire l'apologie de la prison, mais bon, là on a qd meme une fois de plus la demonstration implacable que c'est l'école du crime.

Si on résume, on a qd meme un mec qui rentre à 20 ans, analphabète, qui ne connait rien ni personne, completement paumé. Et au final, il ressort 5 ans après, riche, à la tête d'un gang, parlant une langue de plus, connaissant tous les mafieux de France et de Navarre. Même si la prison n'est jamais montré comme un lieu paisible ou idylique, le bilan reste qd meme très positif pr lui.

[drummonde]

Je ne suis absolument pas d'accord avec toi et je tente d'apporter des éléments de réponse ci-dessous, en souhaitant emporter ta conviction

SPOIUILIERS à mort alors passez !

Spoiler : :

En fait, le film montre tout simplement que la criminalité est maintenant le fait des rebeus et que l'avenir du crime c'est eux. Plus les corses. En ce sens, c'est un peu la fin d'une époque qui est dépeinte. Concernant la fin de Cesar, il l'a pas volé, il s'est très mal comporté avec Malik, l'a poussé à tuer, etc


On a de la sympathie pour Malik, son pote qui a le cancer et c'est tout. Les autres rebeus sont montrés comme des bêtes à crânes rasés communautarisés. Ils font pas spécialement rêver et je ne suis pas d'accord avec toi sur l'image "positive" qu'ils ont par rapport aux corses. Jordi le tangi a quand même une gueule de camé déglinguo. Non je crois que ton jugement est sévère sur l'éventuel politquement correct du film ... et les corses sont ultras-racistes par rapport aux lillois ou aux bretons, c'est connu comme le loup blanc.


Ensuite, c'est l'histoire d'un homme, Malik, il s'en sort bien, on est plutôt content pour lui et surtout, Dieu merci, on nous fait pas la morale ici- genre il se fait flinguer comme une merde.

Et on le fait quand même sortir de taule en jogging degueu. Ca sent pas la pute blonde parfum vanille et la coke au soleil, la fin.

Enfin, et tu le dis, ça montre que la taule fonctionne pas : c'est l'école du crime.

Sinon, une question : leur taule est dans quel coin ? T'as capté ?

[DPG]

Leur taule est ds quel coin, je sais pas trop. Je dirais banlieue parisienne, là, comme ça, mais on a pas plus de précisions non plus...

Pr le reste, je comprends tes arguments, et je suis même assez d'accord avec plusieurs d'entre eux (on va pas les reprendre un par un ). Après, c'est plus des appréciations de chacun, des nuances, sur la façon dont on a perçu tout ça, mais je trouve pas non plus que ce qu'on dit toi et moi soit TOTALEMENT contradictoires après tout. Et comme tu dis, ça vient aussi du fait qu'on nous evite un coté moraliste ou politiquement correct ou autres, et ça, c'est tant mieux, on est d'accord !

[san]

Peut être que c'est le meilleur film francais de ces 30 derniéres années...qu'on en a parlé prtt en long et en large...Que le réal ne fait que des chefs d'oeuvres...Peut être aussi que maintenant, aprés tt ce tapage, on peut laisser la maison tombait en ruine, avec tt ses locataires!!!

[Robert Zdar]

PLUS OU MOINS SPOILERS ...

Je ne sais pas trop quoi penser de vos points de vue sur "corses plus racistes que les arabes". Je pense (et c'est là que le film est réussi) qu'on suit plus particulièrement le point de vue d'UN personnage qui traîne avec des corses et donc on "entend" plus ce qu'ils disent sur le camp d'en face que les autres. Je ne trouve pas que les barbus soient particulièrement épargnés non plus.

Ce qui est puissant dans le film c'est que le personnage principal ne prend en fait jamais parti avec un camp à 100%. Il prend ce qu'il y a à prendre chez tout le monde, il exploite autant qu'il est exploité.

Personne ne l'a dit mais le film m'a fait penser à "Assassins" de Kassovitz. Merde il y a quand même beaucoup de points communs : un jeune paumé qui se fait embringuer dans l'école du crime par un plus vieux, la réalisation assez docu, la France d'en bas filmée de façon blafarde

Très bon film pour ma part, mais j'avoue que c'est difficile "d'adorer" ce genre de film vu le sujet et la violence

[mercredi]

Ce qui est puissant dans le film c'est que le personnage principal ne prend en fait jamais parti avec un camp à 100%. Il prend ce qu'il y a à prendre chez tout le monde, il exploite autant qu'il est exploité.

Cette aptitude inscrit d'ailleurs le héros dans une tradition cinématographique précise.
Un “Prophète” mêle jusqu’à confondre deux points de vue - mythique et réaliste - afin d’offrir septième art un personnage de gangster supplémentaire. De prime abord, ce retour aux “sources du mal” s’intègre dans un perspective sociologique, notre héros faisant ses premières armes à l’intérieur d’une structure (prison) propice à une initiation au gangstérisme laquelle convoque naturellement quelques figures charismatiques (le mentor corse, protagoniste hautement tragique) pour susciter notre intérêt et provoquer notre empathie. La peinture choisit également d’apparenter le jeune prophète à une espèce de Kaiser Soze frenchy en consacrant la bienheureuse neutralité, voire dépersonnalisation, d’une icône exempte de qualité; analphabète, ni vraiment arabe ni vraiment corse, plutôt malingre, apparemment dépourvu de passions, le personnage se fond au sein d’un univers dont il manipulera, tel un démiurge, toutes les ficelles. D’abord sociologique, le film acquière rapidement une autre dimension en interprétant la délinquance contemporaine en termes mystiques (cf certaines métaphores appréciables, telles les apparitions répétées du fantôme). Ainsi le métrage d’Audiard n’innove-t-il pas vraiment... pour le plus grand plaisir des amateurs du genre.

[hitcher]

Personne n'a eu de problème avec le rythme?
J'ai trouvé l'ensemble tres bon, mais ça aurait carrément pu être excellent avec un montage plus resserré.
Parce que là, au bout d'un moment ça se traine, à la limite du décrochage.
Une bonne demie-heure en moins et ça aurait été nickel.

[celia0]

Si j'ai pensé exactement la même chose en sortant de la salle mais je saurais pas dire où couper parce que je ne me souviens que de bribes d'images du film!