Doubt (John Patrick Shanley, 2008)

[milton arbogast]

"En 1964, la directrice d'une école catholique du Bronx, une nonne aux méthodes de discipline sévères, accuse de pédophilie un prêtre populaire..." (allo ciné)

Autre adaptation d'une piece a succés, DOUBT, mis en scène par son auteur, John Patrick Shanley -oscar du meilleur scenar pour MOONSTRUCK de Norman Jewison et oscar de rien du tout pour JOE CONTRE LE VOLCAN qu'il mit lui même en scène- , debarquera aussi bientot.
Prix Pullitzer recompensé par une pluie d'award divers (Tony, dram desk et autres) en 2005.
Au contraire de FROST/NIXON, John Patrick Shanley ne fera pas appel au casting "awardé" de la piece, mais du gros calibre hollywoodien pour film "à thèse": Meryl Streep et Philip Seymour Hoffman.
Pas encore de trailer disponnible ici, sortie prevue également en décembre, histoire d'être bien en mémoire pour les oscars -qu'ils esperent ramasser à la pelle-

[milton arbogast]

...voilà le trailer, suffisez de demander!

http://www.broadwayworld.com/videoplay.cfm?colid=35087

[Superwonderscope]

Le couple Hoffman/Streep a l'air terrible et le film très rugueux. ca me plait.

Ca me fait quand même furieusement penser à The Children's hour de Lilian Hellman , dont a été tiré l'épouvantable La Rumeur de William Wyler.

[milton arbogast]

...c'est le truc avec Audrey Hepburn et Shriley Mc Laine ça?
amusant dans le sens où c'est assez revelateur de l'évolution des tabous.
Il y a 45 ans, l'homosexualité (féminine dans ce cas, puisque la masculine n'avait même pas droit de cité sur les ecrans) devait paraitre au spectateur lambda une abomination aussi grande et revoltante que la pédophilie évoquée ici.

[Manolito]

Effectivement, avec ce film, Miramax lorgne très fort vers les Oscars. Mise en scène sans grande invention mais d'une grande rigueur et d'un parfait professionnalisme, comme tout ce qui est technique dans ce film ; "grand sujet" rejoignant l'actualité de l'époque (avec quelques années de retard quand même : le scandale des prêtres pédophiles aux USA) ; tandem d'acteurs "poids lourd" ; pièce de théâtre ayant fait ses preuves, déjà couverte de récompenses...

Il faut bien avouer que durant la première heure, nous pensons n'assister qu'à un énième drame opposant un brave homme poursuivi par la rumeur injuste et par une Meryl Streep peau de vache reprenant ce qui a fait le succès de son interprétation dans "Le diable s'habille en Prada"... On se demande ce qu'on fait à regarder ce film qui aurait pu paraître d'une folle audace dans les années 50, mais qui aujourd'hui est complètement démodé !

Toutefois, "Doute" bascule vers plus d'ambiguité et de doute par la suite, il est d'ailleurs difficile d'en parler réellement sans spoiler.

Est-ce pour autant que le film m'a convaincu. Pas vraiment, car il est à la fois très, très manipulateur quant au spectateur ; et en même temps il va refuser prendre parti.

Toutefois, ce refus n'est pas tant important en ce qui concerne le fond, le sujet, la personnalité et la conviction du projet : ce refus semble plus une forme d'"épate", de manipulation un peu creuse à mon sens, pour tenter de susciter un '"effet" déstabilisant et "efficace" sur le spectateur. En cela "Doute", tel que je l'ai perçu, finit par me sembler plutôt racoleur qu'autre chose, livrant un message plus conventionnel (et réactionnaire ?) qu'il ne veut bien le laisser croire...

Vu sur le bluray européen miramax, VO dts master, VF et STF, excellent disque, de la très belle HD à tous les niveaux...

[manuma]

Vu il y a peu et un peu déçu également. Je m'attendais à quelque chose de plus fort et, de par son thème, plus troublant. Bon, maintenant c'est sûr que c'est du solide, que les 100 minutes passent d'un trait, que c'est écrit avec un certain brio et que Meryl Streep et Philip Seymour Hoffman sont 2 bêtes de scène qui bouffent l'écran. Mais j'sais pas, j'espérais quelque chose de plus riche, de plus tortueux. La musique d'Howard Shore, assez discrête dans le film - Shanley n'a conservé qu'une toute petite partie de sa composition, choix plutôt judicieux à mon sens - est excellente de son côté.

[Superwonderscope]

C'est indéniablement pro, joué à la perfection par les deux acteurs principaux (Amy Adams et Viola Davis sont plus en retrait, mais tout aussi méritantes!), carré, sans rien qui dépasse, si ce n'est-ce fameux doute qui transpire.
Enfin, pas tant que ça à mes yeux. Le sujet semble laisser de côté le choix même du réalisateur de dire si oui ou non tout cela est avéré

Spoiler : :

à mes yeux, non, car le sujet est porté par Meryl Streep et sa conviction, battue en brèche dans l'ultime scène

mais en fait, ça éloigne le traitement lourdingue du "film à thèse". De maintenir une certaine ambiguité n'est pas pour me déplaire. D'autant plus que les révélations de la mère (Viola Davis) ont aussi leur grain de sel "spectaculaire", car elle lance quand même à Meryl Streep

Spoiler : :

qu'au final son fils l'aurait bien cherché, car c'est sa nature - la raison pour laquelle son père le tabasse.

.

donc

Spoiler : :

son fils semble être gay, elle l'a compris, d'où le premier dialogue du film lorsque le jeune Donald demande à l'autre enfant de choeur s'il le trouve gros = éveil à sa sexualité

et au final, le Père Flynn démissionne

Spoiler : :

car ile souhaite protéger le secret de Donald étant homosexuel

En y repensant, il s'agit d'un discours assez ahurissant de la part d'une mère - mais en 1964, venant d'une famille noire et d'une mère qui cherche (visiblement) avant tout le réconfort de son fils et l'envoyer le plus loin possible de son père et le plus proche de la réussite sociale... cet extrême semble presque compréhensible ici.

C'est prenant, tranchant mais filmé de manière assez neutre si bien qu'on assiste à un échange/escalade de dialogue qui finalement n'éclate jamais vraiment. Je suis resté sur ma faim.

Deux scènes que je retient : le dialogue entre Viola Davis & Meryl Streep à l'extérieur, et la scène finale sur le banc, superbe.

Vu également sur le BD français de chez Miramax. Rien à redire sur l'ensemble.