Après avoir reçu chacune une invitation, 10 personnes qui ne se connaissent pas, se retrouvent dans un hôtel isolé au coeur du désert iranien pour y passer un séjour. Le suspense commence avec une drôle de chanson et 10 statuettes ...

A en croire la petite biographie de Peter Collinson présente dans les suppléments des DVD de Fright et Straight on till morning, le cinéaste anglais aurait perdu toute ambition passé la seconde moitié des années 70, tournant essentiellement pour pallier à une tendance à dépenser son argent sans compter.
Si le jugement me parait un peu sévère, certains de ses derniers travaux portant profondément sa marque, formellement comme dans les thèmes qu’ils abordent (Tomorrow never comes, The Earthling), il faut toutefois bien reconnaître qu’à la vision de cette bizarroïde version du classique d’Agatha Christie, on ne peut pas non plus entièrement donner tort à ce biographe.
And then they were none est donc loin d’être une grande réussite dans l’oeuvre de Collinson. Elle commence pourtant très bien, sur l’un de ces hypnotiques et inquiétants longs plans fixes caractéristiques de style sec, brutal de leur auteur, et se poursuit sous les meilleurs auspices, en enfermant de suite ses personnages dans un décor quasi unique – ici un somptueux palace au cœur du désert iranien – afin de les faire s’entre-déchirer. Ce type de trame générale, en huit clôt, le cinéaste le connaît bien pour l’avoir déjà pratiqué à de nombreuses reprises, And The they were none rappelant en ce sens aussi bien The Penthouse que Fright, Straight on till morning ou encore Open season.
Pourtant, alors que le sadisme raffiné du roman d’Agatha Christie semblait pouvoir s’accorder idéalement à l’œuvre torturée du cinéaste, on constate avec regret qu’à quelques rares séquences près empreintes d’une certaine cruauté, telles celle de la mort de Martino dans la désert ou encore celle dans laquelle nous est révèlé l'identité de l’assassin - qui dans son caractère morbide soigneusement mis en scène, rappelle d'ailleurs le final d’Open Season - Peter Collinson n’exploite que très partiellement les possibilités offertes par son sujet.
Plus embêtant encore, le film et les comédien affichent par moment une déconcertante nonchalance et, à cet égard, la séquence dans laquelle Charles Aznavour pousse la chansonnette, accompagné d’un orchestre invisible, est pour le moins déroutante, voire embarrassante.
On est également étonné que le réalisateur n’exploite pas davantage ce lieu de tournage unique, et en particulier les magnifiques et menaçantes ruines entourant l’hôtel. Peut-être n’en a-t-il pas eu le temps comme semble l’indiquer la séquence de la mort de Blore visiblement tournée ailleurs (en Espagne apparemment).
Tout ce laisser-aller est d’autant plus regrettable qu’il sape en partie la curieuse ambiance, à cheval entre le whodunit et le film d’épouvante, dans laquelle baigne tout le film. Une atmosphère très séduisante que vient renforcer la musique 100 % giallo de Bruno Nicolaï.
Il semble exister 3 versions différentes de ce film, un de 92 minutes (celle, diffusée sur ciné polar, dont je vous cause ici), une autre de 98 minutes et la dernière de 105 minutes. La première zappe visiblement un épilogue avec la police, dans lequel apparaît sans doute Rick Battaglia, l’acteur étant présent au générique de début mais totalement absent du film. Si quelqu’un à plus de précisions là-dessus …
Enfin, le film n’existe officiellement qu’en VHS.