Downhill Racer - Michael Ritchie (1969)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
manuma
Messages : 3001
Enregistré le : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Downhill Racer - Michael Ritchie (1969)

Message par manuma »

David Chappellet est un skieur doué, mais pas pour les relations humaines. La blessure d'un de ses compatriotes lui permet de rejoindre l'équipe nationale pour les jeux olympiques. Mais là encore, David a bien l'intention de faire cavalier seul ...

Image


Le premier film d’un cinéaste que j’aime bien, Michael Ritchie, responsable de quelques échecs commerciaux et flops artistiques des année 80 indéfendables aux yeux de certains, comme The Island ou The Golden child, mais également auteur de plusieurs satires aiguisées des mœurs socio-politiques de l’Amérique des années 70 (Votez McKay, Smile, Semi-tough). The Downhill racer fait lui parti des quelques œuvres assez cotées de Ritchie. Il s’agit de la première des 2 collaborations du cinéaste avec l’acteur Robert Redford.

Le film mérite largement sa bonne réputation. C’est une réussite à tous les niveaux. Le scénario d’abord, qui nous invite à une passionnante étude de caractère doublée d’une réflexion pertinente sur la fragilité de l’exploit sportif, la notion de réussite dans le monde de la compétition sportive. Ne pas trop se fier à son titre français donc : : La Descente infernale est plus qu’un simple film d’aventures sportives. Ce qui n’empêche pas les séquences de compétitions d’être remarquablement filmées, dans un style semi-documentaire percutant et me semble t’il assez innovant pour l’époque, que l’on retrouvera d’ailleurs dans la plupart des films seventies de Ritchie. Visiblement ce sont de véritables courses de descente que le réalisateur filme ici. Sa caméra saisit brillamment petits détails, gestes, regards ou objets qui en disent beaucoup sur le stress et la concentration des skieurs avant le départ. Un regard tranchant que le réalisateur applique également au portrait de son drôle de héros, David Chappellet, une star du ski en devenir arrogant, taciturne et individualiste. A une scène d’engueulade entre Hackman et Redford près, le dialogue est relégué au second plan dans le film. Les échanges verbaux sont rares et souvent anecdotiques en surface. Ritchie joue davantage sur les silences, la composition des plans pour créer une atmosphère, faire passer une idée. Comme dans le passage des retrouvailles entre Chappellet et son père, qui nous apprend en une poignée de cadres quasi muets tout ce que l’on doit savoir de la relation entre le père et le fils, comme de l’ambiance provinciale déprimante et étouffante dans laquelle Chappellet a grandi. Au passage on retrouve là l’une des grandes thématiques du cinéma de Ritchie : le portrait de l’Amérique des bleds paumés.

Redford et Hackman jouent dans le même registre que Ritchie. Des prestations tout en retenue, puissantes, complexes tout en gardant une petite part de mystère. SPOILER La résolution est à la hauteur du reste. Chappellet gagne sa course mais Ritchie relativise tout de suite son exploit de façon subtile, ironique et un peu cruelle. SPOILER

Vu sur le DVD Zone 2 sorti tout récemment et dispo actuellement en hyper dans la collection Best of Paramount Pictures – La Dvdthèque pour 9€99. Aucun bonus, ce qui est dommage pour un film d’une telle richesse, mais bon, depuis le temps que j’attendais qu’il sorte en DVD, je vais pas faire la tronche.


Image
Modifié en dernier par manuma le dim. janv. 06, 2008 11:52 pm, modifié 3 fois.
milton arbogast
Messages : 1564
Enregistré le : ven. août 20, 2004 7:37 pm
Localisation : le coffre d'une bagnole au fond d'un etang pres d'un motel glauque

Re: The Downhill racer - Michael Ritchie (1969)

Message par milton arbogast »

Pour l'anecdote, c'est avec ce film que Robert Evans a appaté Polanski -grand amateur de ski devant l'eternel- pour le faire venir a Hollywood, avant de finalement lui refiler ROSEMARY'S BABY entre les pattes.
Grand bien lui en a pris!
"...Le cache-soleil en place et la ville frappée de terreur, j'étais vraiment aux anges!"
"Monty" Burns

"...JERRY GOLDSMITH EST MORT????"
Milton Arbogast, Posted: Fri Mar 07, 2008 12:13 pm
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21521
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Re: The Downhill racer - Michael Ritchie (1969)

Message par Superwonderscope »

Waow, merci de l'info :D . ca fiat une éternité que je vouklais le voir , je ne savais pas qu'il était sorti.
Il ne me reste plus qu'à trouver le thriller Snow Job avec Jean-Claude Killy (et Daniele Gaubert + Delia Boccardo) en 1972 et 2008 commencera bien. C'est Warner qui a ça...
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
manuma
Messages : 3001
Enregistré le : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Re: The Downhill racer - Michael Ritchie (1969)

Message par manuma »

Superwonderscope a écrit :Waow, merci de l'info :D . ca fiat une éternité que je vouklais le voir , je ne savais pas qu'il était sorti.
Tout pareil. Je l'attendais depuis des lustres et je suis tombé dessus par hasard l'autre matin en hyper. Une sortie DVD discrète donc ...
Superwonderscope a écrit :Il ne me reste plus qu'à trouver le thriller Snow Job avec Jean-Claude Killy ...
... dans le rôle de Christian Biton, un nom français comme on n'en trouve que dans les films américains ...
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21521
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Re: The Downhill racer - Michael Ritchie (1969)

Message par Superwonderscope »

tout comme Manuma. Cette descente infernale est vraiment épatante. Un film vraiment complexe où le personnage central n'est pas le héros qu'on imagine.

Quelques bémols. la copie : neigeuse, mais dans le mauvais sens du terme. il n'y a qu'à voir le générique Paramount pour voir les stries et le transfert aléatoire. pas de soin du matériel d'origine et ça se sent.

Les courses d'origine (Kitzbuhel, Megeve, St Anton...) sont effectivement filmées de manière très spectaculaire, avec des skieurs émérites de l'époque, certaines chites front très mal ... mais avec parfois des effets d'accélération d'images un peu ridicules :? . C'est supposé donner un "plus" spectaculaire mais c'est l'effet inverse qui se produit.

Mais je chipote, je chipote... ce portrait inattendu avec Un Redford impeccable, sexy et détestable vaut largement le détour. C'est tranchant, parfois amer, toujours intelligent, avec une mis en scène inspirée et peu amène envers ses personnages. La scène avec le père de Redford est assez terrible en ce sens, un summum d'incommunicabilité. Un peu comme le reste du film, d'ailleurs. Le final, même s'il s'agit d'une victoire, laisse un étrange arrière-gout au spectateur. Une mise en scène et un montage vraiment intelligents!

mais c'ets là aussi qu'on mesure combien Michael Ritchie et son regard acerbe s'est perdu au milieu des années 80 (Golden Child, quand même et même The Couch trip ou Wildcats...), les années toc où des cinéastes comme, entre autres, Pakula et Nichols se sont égarés
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
manuma
Messages : 3001
Enregistré le : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Re: The Downhill racer - Michael Ritchie (1969)

Message par manuma »

Ce passionnant drame sportif vient de ressortir en Zone 1 chez Criterion. Parmi les bonus proposés : des entretiens avec Robert Redford, le scénariste James Salter, le monteur Robert Harris et quelques autres participants au film, des extraits audio d'un séminaire de l'AFI (American Film Institute ?) avec Michael Ritchie, une featurette promotionelle intitulée How Fast ?, la bande-annonce et un livret rédigé par le critique Todd McCarthy.
bluesoul
Messages : 5097
Enregistré le : sam. sept. 27, 2008 4:09 pm
Localisation : Tokyo dans les annees 70s, baby! Yeah!

Re: The Downhill racer - Michael Ritchie (1969)

Message par bluesoul »

Film totalement inconnu pour ma part...
Michael Ritchie + Gene Hackman + Robert Redford = film de ski?! :shock: :shock:

Une critique qui donne envie, un sujet rare, je crois que je vais tenter l'aventure! 8))

Juste pour chipotter, la couverture francaise, avec son air "retouche Photoshop", fait quand meme pitie face a la superbe affiche originale(?) et ses deux visages. 8)) 8)) 8))
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Filou
Messages : 714
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 11:29 am
Localisation : A Sierre, en Suisse. Dingue non ?

Re: The Downhill racer - Michael Ritchie (1969)

Message par Filou »

C'est commandé pour ma part. Merci à Superwonderscope et à manuma pour leurs textes qui m'ont donné envie de voire ce film :wink:
"Suicides, assassinations, mad bombers, Mafia hitmen, automobile smash-ups: The Death Hour. A great Sunday night show for the whole family. It'd wipe that fuckin' Disney right off the air."

Network, 1976, Sidney Lumet
dario carpenter
Messages : 6311
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:10 pm
Localisation : Haute Normandie et parfois Ile de France!
Contact :

Re: The Downhill racer - Michael Ritchie (1969)

Message par dario carpenter »

pour info le dvd zone 2 est dispo à 3,50 euros chez Noz! :wink:
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21521
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Re: The Downhill racer - Michael Ritchie (1969)

Message par Superwonderscope »

Revu sur le très chouette Blu Ray Criterion (sans sous-titres).

Image

Un chef d’œuvre, ni plus, ni moins. Une caméra sèche, éprise de cinéma-vérité, à mi chemin entre la volonté documentaire et le pris sur le vif. Une direction d'acteur remarquable, équilibrant les moments de vie, les détails quotidiens, traquant les regards, le moindre geste. Le montage abrupt, coupant les dialogues, renforçant cet aspect cinéma-vérité. Accompagné d'une musique là aussi tranchant avec le tout venant, s'accordant aux accélérations des skieurs et autres prises de courbes, caméra au ras du sol. Il n'y a guère que la ballade en Camilla Sparv (radieuse et vaine) et Redford en hors piste où on trouve un morceau plus mélodique.

Des scènes de courses immersives, au son précis (LPCM 1.0 ici), direct, brut. On vit littéralement la course contre la montre/contre la vie.
Complexe, addictif, dramatique... on comprend que la Paramount ait été dubitative sur comment vendre le film. Parler de film de sport avec une victoire à la Pyrrhus, toujours délicat. Vraiment un film complètement à part. rétrospectivement, son échec commercial est compréhensible à l'époque. Heureux qu'il récupère du lustre aujourd'hui.

A noter que Redford, mécontent du traitement réservé à la sortie du film par Paramount, décida alors de lancer son Sundance Institute pour le cinéma indé US;
Deux interviews en bonus (que je n'ai pas regardés en entier). Où le conseiller technique en ski (et doublure de Redford) explique que le contenu du film est toujours d'actualité aujourd'hui. Et que le perso joué par Redford est typiquement ce qui est arrivé à quelqu'un comme Bode Miller vers 2008/2010 - pour ceux qui connaissent le ski et ses champions...

Très recommandé!
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Répondre