Production Full moon réalisée par le roumain Ted Nicoalou à qui on doit la très belle série des Subspecies / Bloodstone qui contait les exactions du vampire Radu, Vampire journals nous entraine une fois de plus dans le monde des vampires qui semble être cher au réalisateur.
Zach n'est pas un vampire traditionnel. Il est doté d'un coeur mortel et de sentiments humains. Depuis que sa fiancée fut tuée par un redoutable maître-vampire, il erre à travers le monde afin d'exterminer ceux de sa race. Il arrive en Transylvanie et y fait la connaissance de Sofia, une pianiste virtuose convoitée par un cruel Maître vampire en quête du Démon qui lui donnera le pouvoir absolu.
Petite série B, Vampire... est pourtant un film étonnant sur bon nombre de points.
Sa présentation du monde des vampires d'une part. On y découvre qu'il existe plusieurs castes dont les maitres vampires, redoutables et cruels, incarnant le Mal à l'état pur et les vampires dotés de sentiments, pauvres créatures condamnées malgré elles à errer pour l'éternité et à tuer pour survivre. Il existe entre ces castes une haine absolue, les vampires dit "humains" accusant les Maitres d'être responsables de leur sort alors que ces derniers n'ont de cesse de vouloir les exterminer.
On y retrouve en filigrane tout le dilemme du vampire qui donnait à Interview d'un vampire son thème principal. Zach pourrait être ici le beau Louis / Brad Pitt tandis que Ash serait une réincarnation encore plus démoniaque et cruelle de Lestat.
Nicolaou sans jamais forcer le trait parvient parfaitement à instaurer une atmosphère à la fois cruelle et tendre, emplie de mélancolie à travers le personnage de Zach principalement, partagé entre colère, rancoeur et desespoir en quête de cette humanité à laquelle il n'a plus droit mais qu'il aimerait tant retrouver.
D'autre part, Vampire.. brille par la beauté de ses images. Nicoalou signe ici un film magnifique doté d'une photographie sublime privilégiant les tons chauds tels le rouge, le jaune, l'or et les tons verts. La caméra est mobile, légère, vole et s'envole, tourbillonne suivant ses personnages dans de superbes décors qui rapellent un peu le cinéma gothique italien. On arriverait à songer par instant à bava. Le fait de l'avoir visionné en italien accentue l'impression.
Les costumes sont tout aussi superbes et Nicolaou retrouve cette façon qu'il avait déjà dans Subspecies de filmer ses vampires, ombres griffues gigantesques caressant les murs avant de s'envoler.
Certains plans sont empreints d'un certain onirisme notamment l'ouverture du film où la jeune fille tout en voiles diaphanes danse au coeur de l'église avant d'être assassinée par le maitre vampire, longue poursuite tout au ralenti où les voiles tourbillonnent avant que les crocs du monstre ne se plantent dans son cou.
On sera vite séduit également par la beauté des décor exterieurs, cette Transylvanie hivernale, ses plans sur ses cimetières, ses gargouilles, ses statues de pierre millénaires et ses angelots accentuant le coté mélancolique de l'ensemble, appuyé par une BO tout aussi mélancolique et la voix off monocorde de Zach qui narre l'aventure.
Le gore n'est pas exempt même si ce n'est pas là l'atout principal du film. On notera la violente ouverture et les décapitations récurrentes particulièrement efficaces des vampires, les transformations des créatures de la nuit en être humains, simples, subtiles mais fort efficaces et quelques effusions de sang fort bienvenues.
L'interprétation tout en justesse est là encore une des forces du film... et on admirera la beauté sauvage de David Gunn et Jonathon Morris.. Mmmm

On regrettera cependant le final un tant soit peu trop rapide et décevant. La destruction du maitre-vampire est d'une facilité déconcertante tout comme cet effet de lumière digne d'une vieille série B d'antan simulant la désintégration du monstre. On aurait aimé un réel affrontement entre les deux vampires, un combat digne de leur cruauté et de leurs aspirations réciproques. En tout et pour tout, Nicolaou boucle son final en quelques minutes seulement, gâchant ainsi ce qui avait été si séduisant.
Point de happy end pour autant, on reste dans un contexte désespéré où la malédiction du vampire continuera pour l'éternité.
Le corbeau qui tient son carnet intime sexuel!
