Un industriel britannique se voit attribué une seconde personnalité, après un accident de voiture. Son existence privée et professionnelle deviendront de plus en plus chancelantes...

Dernier long métrage de l’anglais Basil Dearden, qui par une macabre ironie du sort
Spoiler : :
Deux choses ont prioritairement retenues mon attention ici : l’originalité du script, qui combine le thème du double maléfique à celui, plus clairement orienté fantastique, du dédoublement de personnalité, vécu comme un cauchemar éveillé. Le film anticipe ainsi d’une bonne vingtaine d’années toute une vague de suspenses / thrillers fantastiques brodant autour de ce sujet, tels que L’échelle de Jacob, le bien nommé Identity ou encore The Fight club … mais arrive en revanche 4 ans après le Seconds de John Frankenheimer, qui nous narrait déjà les mésaventures d’un industriel aisé en pleine crise d’identité. L’autre particularité du film se situe au niveau du choix de son interprète principal, Roger Moore, alors dans sa période Persuaders (série sur laquelle bossa d’ailleurs Basil Dearden) et en passe de devenir l’agent secret le plus célèbre de la planète (personnage qu’il cite par ailleurs dans le film, au détour d’une réplique clin d’œil). Moore, plutôt habitué aux rôles d’homme d’action / aristo cavaleur, interprète donc un personnage nettement plus fragile ici, bon père de famille voyant sa petite vie très ordonnée basculer progressivement dans le chaos total. Une première – et quasiment une dernière (seule, dans mon souvenir, sa prestation de toubib accusé de meurtre, dans The Naked game de Bryan Forbes, tient sensiblement du même registre) - dans la carrière de l’acteur, qui relève avec un certain succès le challenge, tout en conservant la plupart de ses célèbres mimiques (sourires en coin, roulements d’œil).
Ainsi, même si le scénario ne tient pas toutes ses promesses, ou plus précisément abat un peu tardivement ses meilleures cartes, laissant comme un petit goût d’inabouti dans la bouche du spectateur, et que les quelques effets visuels ultra datés du film jettent l’embarras sur plusieurs séquences clefs de celui-ci (tout en donnant un charme suranné l’ensemble), The Man who haunted himself s’avère au final une bonne petite surprise.
Le film est notamment dispo en DVD Zone 1 chez l’éditeur Anchor Bay, avec une piste audio française, ainsi qu’un commentaire de Sir Roger himself, Bryan Forbes et du journaliste Jonathan Sothscott. Quant à la swingin’ music de Michael J. Lewis, pour ceux que cela intéresse, une bonne vingtaine de minutes de celle-ci se trouvent sur un CD promo du compositeur, couplées avec son excellente partition pour le non moins bon 92 in the shade.
Enfin, j’ai un petit doute concernant la nationalité du métrage. Il me semblait qu’il s’agissait d’une production anglaise. Mais, à la vision du générique de début, j’ai constaté la présence du logo de la Motion Picture Association of America, avec le numéro de visa qui l’accompagne. Dois-je en conclure que ce Man who haunted himself est une production 100% ricaine ? (IMDB le référence comme de nationalité anglaise). Quelqu’un pour me répondre, juste histoire de faire vivre un peu ce thread …