Vu également sur le BD Français, de très belle qualité. Pour la photographie, je l'ai aussi trouvée assez lumineuse et naturelle, à l'instar de Manolito. Certains de bayous sont splendides, magnifiques photographiés en la circonstance, avec une complexité d'éclairage qui fait honneur à Bruno de Keyzer.
Pour le film, j'ai été accroché de suite par l'ambiance nonchalante, parfois éthérée et quasi-fantastique. Je n'aime pas tout chez Tavernier, mais ce film se classe parmi ceux que je préfère. Le taxer de classicisme, je ne comprend pas trop. Pour reprendre l'exemple cité, il y a un gouffre entre un Bloodwork bien pépère et démonstratif et ce film-ci!
Pour la progression dramatique (et la psychologie du caractère central, tout comme dans son rapport avec les autres), cela m'a fait penser à Ca commence aujourd'hui avec Philippe Torreton. La travail sur la caméra présente quelques similitudes (les légers travellings avant en steadycam), tout comme la position du couple central dans la narration, les courts moments "hors histoire principale" (ici la scène de pêche sur le ponton avec Mary Steenburgen)
idem pour la musique : je n'ai à aucun moment décelé un travail effectué par Marco Beltrami

La partition complètement décalée est à des lieues de sa patte habituelle et on sent que Tavernier y a bien imprégné son désir d'environnement sonore particulier. Le travail oscille ainsi entre des compos à la Jorge Arriagada (sur l'utilisation de la clarinette, à la Blancs Cassés), Philippe sarde (genre Max & Jeremie) ou encore Louis Sclavis (justement : Ca commence aujourd'hui)
La direction d'acteurs est exemplaire : Tommy Lee Jones s'avère un Robicheaux plus vieillissant qu'Alec Baldwin, entre autres. Mais c'est du côté de la gestion des regards et du rapport à l'autre que Tavernier est le plus fort. Jones ne regarde quasiment jamais ses interlocuteurs en face (refus de la réalité, probablement?) : son regard est fuyant, comme perdu dans le vide. c'est particulier avec les personnes avec lesquelles il entretient un rapport interrogatif, voire méfiant (les dialogues avec Hobman ou encore la scène de fouille chez Doucet) : c'est assez flagrant. Il ne regarde bien face que sa femme, l'agent du FBI (à la fin) son partenaire ou sa fille - voire la scène finale. C'est plutôt bien amené et donne une tonalité différente à l'ensemble.
L'approche documentaire sur l'impact de Katrina donne là aussi une petite épaisseur supplémentaire au récit et à la narration, un peu là aussi ce qu'il avait fait sur L 627, voire La Mort en Direct (et Ca commence aujourd'hui, là aussi). il y a régulièrement ce contrepoint social chez Tavernier qui rend son travail un peu plus particulier que ses congénères. Et en tous cas, un vraie patte reconnaissable, un auteur au sens propre qui continue à explorer différents sujets sur un même ton, une construction narrative spécifique. Et un récit (je comprend qu'on ne puisse y accrocher!) parfois disjoint qui ne se contente pas de se concentrer sur le "suspense", qui parfois semble accessoire, tant ce récit se concentre sur l'humain.
Un point qui m'a dérangé : la voix off de Tommy Lee Jones qui donne dans le trop explicatif , parfois. Ceci est bien mineur comparé au reste pour ma part!
(NB :Il y a un cameo de John Sayles dans le role du réalisateur qui est absolument hilarant!)
A noter que le film est sorti aux USA dans une version tronquée de 102 mn et qu'ici, il est disponible dans sa version uncut de 117mn.
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