
Celui là je voulais le voir depuis un moment, parce qu'il était signé Peter Collinson et que le sujet du film me paraissait convenir au poil à ce cinéaste.
Reposant sur une intrigue qui, si elle peut sembler aujourd’hui légèrement avariée (et ne présente à dire vrai pas de grosses surprises) n’en demeure pas moins très bien écrite et accrocheuse d’un bout à l’autre, Fright produit encore son petit effet 35 ans plus tard. Le film doit une grande partie de sa réussite à la personnalité singulière de son auteur qui ne se contente pas de nous livrer une réalisation efficace et experte dans l’instauration d’un climat d’angoisse mais enveloppe son intrigue, dès lors qu’Amanda se retrouve face à son agresseur, d’une atmosphère bien pesante et assez tordue, donnant au film ce beau petit cachet dérangeant caractéristique de la plupart des meilleurs travaux du réalisateur.
On retrouve donc dans ce huit-clot psychologique par moment extrêmement tendu des échos de The Penthouse comme d’œuvre à venir du cinéaste telles que Open season, And then they were none, The Spiral staircase ou Tomorrow never comes , et cela aussi bien dans les situations développées que dans les thèmes explorés. Description de la folie meurtrière d’un côté, de la difficulté à agir et réagir face à l’agression physique de l'autre, associée à une vision particulièrement sombre des rapports homme-femme, reposant sur la manipulation et la domination, tout cela fait de l’ensemble une oeuvre qui porte indéniablement la griffe du cinéaste anglais.
A cela s’ajoute, comme toujours dans les mises en scène de Peter Collinson, une grande richesse formelle dans la composition des plans et, plus généralement, une virtuosité – ici dans la façon de retranscrire à l’écran la folie du personnage de Brian – qui ne tombe jamais non plus dans la gratuité et l’excès de zèle.

L’interprétation est impeccable, avec une encore toute fraîche et très convaincante Susan George dans le rôle de la baby-sitter malmenée et le propre fiston du réalisateur dans celui du gosse de la famille.
Seul principal regret : un rebondissement final peut-être amené trop brutalement pour convaincre totalement.
Vu sur le DVD Zone 1 d’Anchor Bay. Copie nickel pour ce que j’y connais. En revanche, l’édition ne propose le film que dans sa version d’origine sans sous-titre en option. Avec le film, on a droit à une belle affichette, une bande annonce d’époque, une intéressante même si sommaire bio de Peter Collinson et un petit bonus caché, anecdotique mais sympa.