
Pierre, un pilote d'avion revenu traumatisé de la guerre d'Indochine, vit chez sa fiancée, une infirmière, en attendant de retrouver la force d'affronter le monde extérieur. Son chemin croise celui d'une petite orpheline placée dans une institution catholique de banlieue parisienne...
A l'instar de films comme "Le roi de coeur" ou "La bataille d'Alger", "Les dimanches de Ville d'Avray" est un film qui avait tout pour être un succès en France, mais qui a toujours été très ostracisé dans notre pays ; des soucis de droits l'ayant de plus rendu très difficile à voir. Il avait pourtant récolté un Oscar du meilleur film étranger, à une époque ou le cinéma français était le cinéma le plus régulièrement récompensé dans cette catégorie. Sa mauvaise réputation, il la doit à une critique sévère des "Cahiers", benoitement recopiée depuis par divers guides (Cf. le Tulard) ; un avis ne reflétant pourtant pas la totalité de l'accueil critique reçu en son temps. Midi Minuit l'avait ainsi encensé.
Ce qui lui était reproché par les copains de la Nouvelle Vague était sa photo trop "artistique" (comprendre : sa belle photo), pourtant signée par le grand Henri Decae ; une psychologie délicate, proche par exemple de "Jeux interdits", un regard sur l'enfance non dénué de sentiments, une perception de la réalité passée au filtre d'un merveilleux poétique. Bref, un cinéma aux spécificités totalement françaises, sorte de prolongement des films de Carné, au service d'une histoire tout à fait touchante. Le couple formé par Hardy Kruger et la petite Patricia Gozzi restant pour longtemps dans la mémoire du spectateur. Un film aux spécificités très françaises, qui vaudront aux "Dimanches de Ville d'Avray" de devenir culte dans les pays anglo saxons, mais aussi de sombrer dans un semi oubli en France. Tout n'est pas parfait dans ce film, je suis un peu réservé sur sa fin, un brin mécanique et "scénarisé", mais il s'agit certainement d'un film singulier dans le cinéma français des années 60, à redécouvrir...
Longtemps très difficile à voir, hors quelques diffusions exceptionnelles en cinémathèque ou sur canal +, il est ressorti la semaine dernière à Paris au Champo et au Mac Mahon. Un dvd est aussi sorti il y a peu en Italie...