Veritable bombe qui terrorisa la Warner en 68 de par ses séquences de sexe explicite, de violence et d'usage ouvert de drogues, Performance se vit condamné par la critique voyant là un des films les plus inutiles mais surtout subversifs alors jamais tournés.
Performance est un drame psychologique s'inscrivant dans le filon du ciné experimental. L'histoire simple et complexe à la fois met en exergue moultes themes: la face cachée qu'on a tous en nous, ces identités secrètes qu'on garde au fond de soi et qui ne demandent qu'a exploser, les doubles qu'on se crée et les roles qu'on joue tous en public, ces personnalités toutes plus décadentes les unes que les autres qu'on endosse, reflet de nos facettes les plus secrètes.
Le film est une sorte de défi naviguant sans cesse entre rêve et réalité tournant autour de 2 personnages, Chas et Turner.
Chas est un sadique, brutal et narcissique, cachant sa bisexualité derrière une facade de macho, froid et implacable mais conscient du monde qui l'entoure.
Il cache son incapacité à communiquer derrière son introversion, son aptitude à rêver et son comportement violent auquel s'ajoute un perfectionisme maladif.
C'est là un personnage complexe qui derrière ses tares entretient un coté quasi obsessionel pour le propre comme le montrent 2 scénes:
- Celle où aprés avoir jeté de l'acide sur une Rolls et tondu son chauffeur il panique à l'idée d'avoir le col de sa chemise sale.
-Si le sexe est pour lui primaire, bestial, il aime pourtant s'admirer dans un miroir et s'aimer.
Turner est un jeune ex rock star au bout du rouleau, en pleine crise existentielle, vivant sur sa gloire passée, reclus dans son antre psychedelique et interlope avec 2 amantes avec lesquelles il s'adonne à la débauche entre sexe, drogue et musique..
Terriblement androgyne, nu ou en kimono de soie, maquillage et cheveux longs, audacieux et provoquant Mick jagger qui n'a pas jamais été autant lui même.
Homme/femme, femme/homme, il incarne à la perfection la bisexualité, trouvant en Chas son alter ego qu'il va absorber en l'empoisonnant mentalement, jeu de séduction cérébral et violent sous acides.
Si Chas cache sa féminité sous son machisme, Turner voit en Chas ce machisme qu'il aimerait posséder, créant ce double, gangster-chanteur gominé.
Performance est un kaleidoscope, enchevetrement d'images se superposant de façon complexe et experimentale, jonglant avec le passé et le présent, le rêve et la réalité, le fantasme et l'authenticité, perdant le spectateur dans les meandres et les turpitudes de l'esprit, veritable jeu de miroir renvoyant aux differentes facettes de nos personnalités.
Et les miroirs jouent ici une grande importance. Les visages feminins et masculins s'y superposent jusqu'à ne plus savoir qui est qui, qui est homme, qui est femme, dualité des genres.
Il en va de meme dans les scenes de sexe toujours osées, les corps se superposant à leur tour rendant l'identification des sexes impossibles.
On retrouve cela dans les personnages de Lucy, une des amantes de Turner, petite fille en jupe mais qui a tout du petit garçon.
Les personnages ne cessent de changer d'apparence, de perruque, de teinte de cheveux, de vetements quand ils ne sont pas nus, asexués.
Outre la drogue et le sexe, on notera aussi la violence du film, climat de brutalité étonnant comme lors de l'ouverture où Chas est torturé par ses partenaires, magnifique séquence de fessée cul nu au fouet



La nudité est omni-présente, masculine ou feminine, le tout dans des décors psychedeliques aux dominantes rouges, ocres et jaunes noyées dans un hindouisme de pacotille typique 70s relevé par la cythare entre deux airs rock entonnés par Jagger himself.
Le final suprendra, fin ouverte à l'interprétation.. Qui est qui? Qui a absorbé qui? Chacun verra ce qu'il veut bien y voir.
James Fox est un Chas parfait.
Mick Jagger, noueux, alors en plein gloire, nu



A leurs coté, la scandaleuse Pallenberg dont Eric vous contera demain les frasques sexuelles et la descente aux Enfers et la toute androgyne Michele Breton.
Aujourd'hui oeuvre culte pour beaucoup, Performance divisera surement mais jamais film n'a aussi bien porté son nom, ses performances d'acteurs que nous tenons tous au quotidien afin de garder secretes nos identités les plus profondes.