Targets - Peter Bogdanovich (1967)

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milton arbogast
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Targets - Peter Bogdanovich (1967)

Message par milton arbogast »

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Voilà le genre de DVD sur lequel on tombe par le plus grand des hasards, sans tambour ni trompette, avec un prix tellement rikiki qu'on ne peut faire autrement que de l'acheter et qui, pour dees raisons encore plus mysterieuse, s'en va finir par prendre la poussiere pendant des mois dans une armoire avant qu'un beau soir on se decide -enfin- a le pousser dans le bidule adéquat.
...Et là :shock: le choc!
Chef-d'oeuvre ou pas chef-d'oeuvre?
....Chef d'oeuvre evidement!

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Le film se decoupe en deux histoire qui evolue parallèlement.
D'un côté nous voyons Byron Orlock, le roi de l'epouvante sur pellicule (Boris Karloff, dans son quasi propre rôle -même le pseudo garde les même sonorités- donnant lieu a une des mises en abyme les + fascinante depuis Gloria Swanson dans "Sunset Bvd") qui se prepare a aller assister a la présentation de son dernier film d'horreur dans un drive-in d'Hollywood (dernier dans tout les sens d'ailleurs sans doute, au vu de la lassitude du personnage pour ces rôles interchangeable qu'il enchaine depuis toujours)
De l'autre, un jeune homme vivant avec sa jeune epouse chez ses parents, le gendre idéal, le voisins parfait, propre sur lui, qui souris au facteur et tient la porte à la vielle dame.
L'ennui et que ce beau gosse est passablement secoué du bocal et que le coffre de sa bagnole est plein a craquer d'arme a feu diverse.
Un beau matin, aprés avoir tapé une note laconique pour expliquer son geste, il se lance dans une tuerie effroyable, qui partant de chez lui lui fera finalement croiser la route de Byron Orlock...

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Un film scotchant par sa sobriété, sa sauvagerie froide, sa precision clinique pour ce qui est du tueur, et de l'autre côté une lettre d'amour a un certain Hollywood en voie de disparition (à l'époque, bel et bien englouti aujourd'hui!), où Karloff/Orlock se definit lui même comme un dinosaure perdu dans une ville qu'il ne reconnait plus.
Si l'histoire du tueur est impresionante de noirceur; une noirceur typique d'une certaine nouvelle vague americaine de la in 60 (Penn et Peckinpah rôdent aux alentour!), les scenes de Karloff sont boulversantes par l'humanité que emmane de l'acteur; impossible de ne pas l'adorer en regardant ce film (impossible de ne pas aimer Karloff tout court me diront certain :roll: ), en vieillard usé mais d'une dignité et d'un classe impresionnante (même quand il se bourre la gueule et qu'il essaie de jouer les divas pour se faire detester) on ne sais plus tres bien si on assiste a un documentaire sur Karloff ou une oeuvre de fiction.
La confusion est encore accentuée par le fait que les extraits illustrant la carriere de Byron Orlock (quel pseudo savoureux!) sont evidement des extraits de films de Karloff (je ne sais plus quel film de Hawks, et le film qu'il presente au drive-in et dont on voit de sacré morceaux est THE TERROR de Roger Corman, avec Nicholson)
La derniere scene -que je ne spoilerais pas- offre d'ailleurs le plus pirandélien des jeux de miroir qui soit, en plus d'un climax emotionnel qui m'en a donné les larmes aux yeux ( :oops: bein oui quoi, on est pô des bêtes!)
...et tout ça pour 8€ m'sieur 'dames!

A bon entendeur!
Modifié en dernier par milton arbogast le ven. févr. 03, 2006 8:27 pm, modifié 1 fois.
Mercador
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Message par Mercador »

Le dernier grand rôle de Karloff où on voit qu'il prend plaisir à se moquer de son image. J'adore la séquence où il se réveille avec une gueule de bois carabinée et est effrayé par son propre reflet dans le miroir !

C'est d'ailleurs étonnant de voir à quel point Bogdanovich a su créer une oeuvre personnelle à partir des contraintes fixées par Corman : deux jours de tournage avec Karloff, Bogdanovich doit jouer dans le film pour économiser le cachet d'un acteur et même du placement de produit (une montre Seiko qu'il faut montrer à plusieurs reprises). :lol:
milton arbogast
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Message par milton arbogast »

Mercador a écrit :Le dernier grand rôle de Karloff où on voit qu'il prend plaisir à se moquer de son image. J'adore la séquence où il se réveille avec une gueule de bois carabinée et est effrayé par son propre reflet dans le miroir !
c'est un des passages les plus savoureux du film, ça m'a fait bcp rire!
C'est d'ailleurs étonnant de voir à quel point Bogdanovich a su créer une oeuvre personnelle à partir des contraintes fixées par Corman : deux jours de tournage avec Karloff, Bogdanovich doit jouer dans le film pour économiser le cachet d'un acteur et même du placement de produit (une montre Seiko qu'il faut montrer à plusieurs reprises). :lol:

deux jours? wow! z'ont pas perdus leurs temps! MAis c'est egalement vrai que l'economie du film n'est jamais un handicap ici, ne donnes jamais l'impression de voir un truc fauché et baclé comme c'est parfois (souvent) le cas avec Corman.
La scene de panique dans le drive-in par exemple et superbebment bien ficelée, on ne voit quasi rien, à peine plus de trois ou quatre voiture, mais c'est tres efficaces et vaut bien les grosses machines comme "UN TUEUR DANS LA FOULE" (film aupres duquel il est infiniment superieur de toute façon)[/quote]
Kerozene
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Message par Kerozene »

Pas seulement l'un des derniers grands rôle de Karloff, mais l'un de ses meilleurs rôles tout court !
Ce film est tout simplement remarquable.
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manuma
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Message par manuma »

Un choc pour moi également que la découverte de ce film sur canal à la fin des années 80. Il y a là dedans une tension pas possible et Karloff y est remarquablement utilisé. A la fois thriller magistral et pur bonheur de cinéphile, Targets est de loin le meilleur film de Bogdanovich que je connaisse, le reste de ce que j’ai vu de son œuvre oscillant principalement entre des chroniques dramatiques souvent intéressantes (Jack le magnifique, Texasville, The Thing called love) et des comédies romantico-burlesques rendant hommage à l’âge d’or d’Hollywood souvent pas terribles (Paper Moon) voire carrément désastreuses (Illegally Yours).

Le gag de la scène de Karloff et du miroir est en effet assez génial.
Manolito
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Message par Manolito »

Et pour rappel, il y a un test du zone 1 sur le site

http://www.devildead.com/indexfilm.php3 ... FilmID=715
Yza
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Re: Targets - Peter Bogdanovich (1967)

Message par Yza »

Revu avec plaisir ce film, pas un grand chef-d'oeuvre, mais très plaisant, vu les moyens financiers et techniques pour le réaliser...

Tiens, le database ne fait pas état du DVD zone 2, avec VF et STF, le supplément étant également STF...un oubli peut-être... :?: :roll:
Attention: message incompréhensible et cryptique...
Manolito
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Re: Targets - Peter Bogdanovich (1967)

Message par Manolito »

Un film qui pourrait presque être classé dans la section "horreur", ne serait-ce que par son sujet, très inspiré des meurtres du déséquilibré Charles Whitman, qui choquèrent l'Amérique en 1966. Si le film commence tel un thriller cinéphile, le métrage se concentre ensuite longtemps sur le suivi détaillé de la cavale sanglante de Bobby. Le lien entre ses actes et Byron Orlock ne sont pas si directs que cela, mais permettent à Bogdanvich de jouer habilement sur le reflet entre la réalité et l'art, entre l'ancien et le moderne, entre le vrai et l'artifice. Tout cela avec les moyens réduits, mais aussi l'efficacité d'une série B. Un bon film noir violent, en tous cas impressionnant pour un premier film...

Vu sur ciné cinéma classic où il passe en ce moment, copie 1.85 4/3, bien pour du câble, avec vm mono stf.
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