
Au XVIIIème siècle, une ville viennoise est assiégée par des armées turques. Une troupe de théâtre joue pour les assiégés des histoires inspirées par les contes du Baron de Munchausen. Un vieil homme monte sur scène et prétend être le vrai Baron...
Après "Brazil", Gilliam, le plus européen des réalisateurs américains, se lance dans cette grosse co-production anglo-allemande, tournée entre l'Espagne, le royaume uni et surtout l'Italie. Avec certains de ces vieux complices (Eric Idle, le scénariste Charle McKeown) et des artisans magistraux du cinéma italiens (Giuseppe Rotunno à la photo, Dante Ferretti à la direction artistique), il se lance dans ce projet à énorme budget. Dès les premières semaines de tournage, la production s'effondre : le producteur allemand Thomas Schuly est aux abonnés absents, le tournage accumule des retards monstrueux, on reproche notamment à Rotunno de travailler trop lentement, de l'argent est détourné dans les méandres de la Cinecitta... Très vite la production est arrêtée et les assurances sont appelées à la rescousse.
Au cours de cette période que Gilliam décrira comme la pire de sa vie, il est fortement question d'arrêter définitivement le film, mais le studio distributeur américain (Columbia) tient absolument à ce qu'il soit achevé et avance l'argent nécessaire au sauvetage du métrage. Le scénario est largement réécrit et certaines scènes sont largement modifiées pour être plus économiques. La scène de la lune est très remaniée, et Sean Connery qui devait tourner le rôle du Roi de la Lune quitte le tournage. Il est remplacé par Robin Williams qui accepte de venir à l'aide de ce film, bien qu'il n'apparaît pas sous son nom au générique. Le film est terminé par Gilliam qui livre un montage assez resserré du métrage pensant ainsi s'attirer les bonnes grâces de Columbia. La direction du studio ayant changé entretemps, cela ne servira à rien et le film sera sacrifié sur le marché US, mal distribué. Gilliam n'acceptera pas par la suite de faire un director's cut alternatif bien que cela lui ait été proposé : il jugea en effet le travail trop lourd à reprendre. A sa sortie, "Les aventures du baron de Munchausen" n'est pas très bien accueilli par la critique, qui regrette le côté sombre de "Brazil".
Heureusement, aujourd'hui, avec le passage des années, "Les aventures du baron de Munchausen" a prouvé qu'il traverse très bien les années et est devenu un classique du cinéma familial, du genre qu'on ressort toujours avec plaisir au temps des fêtes, entre un "Septième voyage de Sinbad" ou un "Les aventures de Robin des Bois". En le revoyant aujourd'hui, on ne se dit guère qu'on est devant un spectacle au rabais terminé sous haute surveillance des assurances !
Sans doute n'en était-il pas vraiment conscient, mais Gilliam capte alors les tous derniers feux de la CineCitta, alors que le cinéma italien est déjà pratiquement mort. Les grands artistes du décor, des costumes et de l'image du cinéma italien classique signent ici leur chant du cygne dans ce déploiement de créativité et de fantaisie. Les effets spéciaux sont en très grande majorité excellent, les décors sont sublimes. L'humour, assez souvent Pythonesque, n'est pas toujours très fin, Mais le cinéma de Gilliam déborde ici d'invention et de trouvailles, dans un festival d'images merveilleuses toujours époustouflantes. Un classique !

Alors qu'il a longtemps trainé un dvd simple assez pauvret de ce Baron de Munchausen, Columbia a fini par lui offrir une édition digne de ce nom en 2008, édition vingtième anniversaire dispo en dvd et en bluray... Je l'ai revu pour ma part sur le bluray français. Une copie HD de qualité, très propre, avec une définition toujours parfaitement affutée, mais qui ne fait pas de cadeau à certains des plans les plus granuleux. Certains noirs m'ont paru un peu bouchés, mais bon... J'ai été surpris de constater que les incrustations et autres trucages passent pour la plupart aujourd'hui très bien (les scènes sur la lune par exemple), la HD ayant plus tendance à mettre en avant leurs qualités que leurs défauts. Belle piste sonore Dolby truehd 5.1 non compressée anglaise. VF en truehd et STF. Fourni avec une foultitude de bonus !

Merci monsieur Sony !
