Après la chute de l'Union Soviétique, Icarus, un agent à la solde du KGB, a décidé de refaire sa vie aux Etats-Unis sous une nouvelle identité. Aujourd'hui Edward Genn est un homme d'affaires, marié et père de famille, ne travaillant plus que ponctuellement comme tueur à gages. Mais de dangereux ennemis ressurgissent du passé et s'en prennent à ce qu'il a de plus cher : sa femme et sa fille. Icarus va devoir ressortir les armes pour les protéger ?

Quatrième réalisation de Dolph Lundgren – cinquième même, si l’on tient compte de sa participation à la mise en scène de Diamond dogs – Icarus est un polar catégorie "hard boiled" à l’intrigue se situant quelque part entre Leon, True lies et la désormais incontournable trilogie des Jason Bourne. Pour le spectateur la barre est donc placée assez haut en termes de références, et il va sans dire que même armé de sa coutumière bonne volonté, Dolph ne parvient pas à hisser son bébé au niveau de ses modèles. L’absence de budget adéquate et le manque critique d’épaisseur d’un script butant constamment sur l’écueil pré-cité ne permettent clairement pas à Icarus de ressembler à autre chose qu’un DTV canadien à petit budget filmé dans l'urgence.
Pourtant, le scénario a tout de même 2, 3 choses à raconter et s’intéresse visiblement à son personnage principal, ainsi qu'au background historico-politique de celui-ci. Mais il ne réussit pas à développer tout ça de façon réellement personnelle et satisfaisante. Son recours à des techniques narratives un brin éculées (flash-back, voix-off du personnage principal qui débite d’embarrassantes platitudes à intervalle très réguliers) ne joue en outre guère en sa faveur, et c’est encore dans les scènes de bastons, bien vachardes et saignantes, que le spectateur y trouve le plus son compte. D’autant que – constituant sans doute là le point fort du film – Lundgren met en scène celles-ci, comme l’ensemble du script d’ailleurs, avec une très belle efficacité, cédant rarement au surdécoupage à la mode actuellement dans le cinéma d’action pour donner ainsi à son travail un appréciable côté série B à l’ancienne, façon John Flynn.
Et lorsqu’on apprend que la star suédoise a bouclé l’essentiel du tournage en 18 jours, et bien moi je dis que le résultat, aussi modeste soit-il en termes de réussite, forcerait malgré tout presque l’admiration, et qu’il n’est par conséquent pas interdit de penser qu’avec des moyens financiers plus importants - et des producteurs un peu plus conciliants qu'ici, car ceux-ci ont apparemment remonté le film à leur convenance derrière Lundgren - l'animal pourrait vraiment signer de jolies choses dans le domaine du film d’action.
Le film est sorti en DVD et Blu-ray à la vente en juin dernier. Il est distribué par Seven7 (et donc dispo sous peu à NOZ Evreux pour moins de 2 euros).