Ah Black moon, film de mon enfance que je revois toujours avec autant de plaisir et étonné de lire que Manolito n'a pas aimé.
Ne rien comprendre à Black moon est ce qu'il y a de plus naturel puisqu'il n'y a rien à compendre dans ce film comme le disait Malle lui même à sa sortie et comme un carton l'annonce en début de film. Il n'y a aucun sens à trouver au film, chacun y verra ce qu'il veut y voir, y verra le sens qu'il veut lui donner.
Black moon est une suite d'images et de thèmes qui se mélent et s'entremèlent en un infini nombre d'intersections dans un contexte étrange, onirique, mystérieux, féerique. On y retrouve les themes chers à Malle, l'inceste, l'adolescence, la fuite vers un ailleurs plus propice à la vie, la recherche de soi même... ici tous présents dans un univers futuriste inquiétant et fascinant à la fois.
Black moon c'est un peu Alice au pays des Merveilles, un voyage dans la plus totale irrationalité.
Lilly/Alice fuit la réalité dans ce pays imaginaire où sévit la Guerre, une guerre contre l'Homme et la Femme, la Femme étant ici exterminée, démontrant la mysoginie de Malle en des temps feministes.
Lillly résiste et fuit vers ce lieu irréel, libre de toute contrainte et de tout code et toute logique, pays où elle croisera entre autre une licorne qui parle, où les fleurs pleurent, où vivent des animaux géants et une grand- mère naine écoutant une radio qui n'existe pas.. un pays où même les perspectives sont déformées.
C'est là aussi qu'elle rencontrera un frère et une soeur incestueux qui finalement ne sont que les deux faces d'un même être qui tente de se réunir désesperemment. Black moon tourne donc avant tout autour de la liberté, la plus totale des libertés exempte de toute formalité et logique.
Black moon baigne sans cesse dans un univers baroque, surréaliste, irréel où tout code de langage et toute forme d'intelligence sont absent rendant volontairement le film inintelligible. On saisit seulement ca et là une trame ou plutot un minuscule fil directeur, un thème, une idée, une image.
Black moon est en fait un film fait de signes plus ou moins sophistiqués ou fermés auxquels on s'attache ou non.
Malgré cet hermetisme et ce refus de se laisser à tout code, on ne peut nier la qualité visuelle du film, veritable peinture surréaliste qui séduira voire eblouira l'amateur.
Black moon, oeuvre eparse et sans cohesion aucune ni véritable but fait partie de ces films dont on pourrait débattre des heures en y trouvant mille choses à dire et découvrir tout en ayant rien à dire tant régne la confusion.
Dans ce maelstrom cérebral on y retrouvera la laitière Cathryn Harrison dans le rôle d'Alice /Lilly, Cathy Stewart et l'ex dandy warolhien Joe Dalessandro.
Black moon est un film en résumé qui fait appel uniquement à l'intuition et à la perception sensitive du spectateur qui lui apportera peut être une clé quant à la perception justement de cet imaginaire à l'esthétique indéniablement superbe.