Curieux film que ce "Voleur", un peu oublié j'ai l'impression, aussi bien dans la filmo de Belmondo que dans celle de Louis Malle. Un film assez intrigant, qui, sous des aspects aventureux à la Arsène Lupin, s'avère être bien plus profond qu'un simple film d'aventures, et ce à plusieurs niveaux. A travers ce personnage de voleur, Malle aborde de nombreux thèmes, s'attaquant à différentes couches de la société, bourgeoisie en tête. Tout le monde en prend pour son grade, le film contient d'ailleurs quelques séquences d'un mordant assez savoureux, le tout étant toujours en équilibre sur un fil tendu entre cynisme et ironie. Le portrait reste toutefois toujours très juste, l'oeil du cinéaste aiguisé comme jamais et on se laisse porter par le soin apporté à la reconstitution si réelle du début du 20e siècle.
Côté acteurs, on retrouve un Belmondo très sobre, au jeu naturaliste (dans la lignée d'un rôle comme Léon Morin par exemple), sans artifices, mais avec toujours une présence inimitable et un charme irrésistible. Joli tableau féminin (Françoise Fabian, Marlene Jobert, Genevieve Bujold) même si les femmes ne sortent pas forcément grandies de toute cette histoire... Mais après tout, les hommes non plus ne sont pas épargnés, entre désillusion (J.Guiomar), envies de révolution étouffées dans l'oeuf (C.Denner), opportunisme politique, avarice, arrangements entre amis...
Un film assez riche donc, avec peut être un petit quart d'heure en trop tout de même, mais qui se laisse voir sans ennui, dévoilant une facette plus rare de son interprète principal, avec un vrai propos en fond. Intéressant, dans la lignée d'un "Stavisky" par exemple, pour comparer ce qui est comparable...
Ressorti en salles par Swashbuckler et projeté au Reflet Medicis en ce moment.
