Les Indes noires TV (1964) – Marcel Bluwal
a.k.a. Le Theatre de la Jeunesse: Les Indes noires
En Ecosse, dix annees apres la douloureuse fermeture de la mine d’Aberfoyle, l’ingenieur James Starr est contacte par l’ancien contre-maitre James Ford, reste sur place avec sa famille, et qui lui demande instamment de venir pour lui faire part de quelque nouvelle de la plus haute importance. Tout aussi nostalgique de l’epoque de l’exploitation houilliere, Starr s’y rend sans attendre. Sur place, l’attendent, des amis, un espoir, un mystere…et un ennemi sans nom…
Adaptation du roman Les Indes noires de Jules Verne (1877), ce telefilm a ete realise dans le cadre de l’emission Le Theatre de la Jeunesse TV (1960) et presente ainsi les memes gages de qualites tels que voulus par Claude Santelli, son createur, pour pouvoir toucher les (jeunes) masses et leur presenter les classiques de la literature: interpretation de haute volee, tournages en exterieurs (ici; l’Auvergne), utilisation de superbes decors pour les scenes en studios, effects speciaux poussees (pour l’epoque—et le media!), ainsi qu’une excellente BO pour souligner la realisation. Une telle passion et dedication dans le service public fait decidemment plaisir a voir!
Comme d’autres d’adaptation (Le Secret de Wilhelm Storitz TV (1967) ), l’on pourrait facilement se meprendre et croire etre en presence d’une fiction destinee au grand ecran

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A la realisation, l’on retrouve Marcel Bluwal (Les nouvelles Aventures de Vidocq TV (1971), Les Miserables TV (1972), Serie Noire TV (1987) ) qui apporte tout son savoir-faire a l’entreprise.
Homme de television, dont la carriere aura couverte 56 annees (et continue!), Bluwal aura ete parmi les fondateurs de la television francaise, lancant notamment la serie consideree comme la premier feuilleton de la television francaise; L’inspecteur Leclerc enquete TV (1962).
Touche-a-tout, il s’essayera au cinema (Le Monte-charge (1962), Carambolages (1963), Le plus beau Pays du Monde (1999) ), tout en ayant une relation “suivie” avec l’art lyrique, assurant la mise en scene de pieces de theatres (1967 – 2009) et d’operas (1979 – 1993).
Si Jules Verne est surtout connu comme un vulgarisateur des sciences et un romancier pour la jeunesse, dans LIn, il se fera guide du monde des tenebres dans lequel evolue les mineurs de fonds.
L’auteur fera ainsi d’abord partager la fin d’une epoque de dur labeur, ainsi que la peine de ceux qui en ont vecu a coups de sang, de sueur et de larmes et qui en cherissaient les souvenirs.
Dans un deuxieme temps, le telespectateur penetre avec les personnages sous la terre, au coeur meme de l’univers que ceux-ci ont hante pendant des decennies. Si les lieux sont sombres, resonnent des pas solitaires des protagonistes et semblent “habites” par une presence mal intentionnee envers ces derniers, le coeur vaillant et les sentiments de ceux-ci rappellent a chaque moment qu’il en ont vecu. “Naitre, vivre et mourir par et pour la mine” pourrait ainsi etre leur devise.
Il est etonnant de voir qu’a travers ce recit datant de 1877, l’on retrouve de nombreuses “cles” pour comprendre la fierete des “gueules noires”, ainsi que le traumatisme des fermetures de sites miniers qui se multiplieront en France et en Belgique a partir des annees 60s.
Pour faire vivre son univers, Verne se serait inspire d’un voyage en Angleterre et en Ecosse, ainsi que dans le livre “La Vie souterraine ou les Mines (1866) et les Mineurs” de Louis Simonin, livre dans lequel Emile Zola puisera egaleemnt beaucoup pour son Germinal (1885). Pour completer son etude par des “travaux pratiques”, il se rendra en 1876 aux mines d’Anzin. Le titre lui-meme viendra sans doute du terme “Black Indies” en vigueur en Angleterre, et marquant l’importance des anglais a leurs mines (et a leurs richesses) en comparant celles-ci a leurs colonies en Indes.
Oeuvre toute aussi personnelle de l’auteur (dont la mere etait d’ascendence ecossaise) que rarement adaptee (la seule autre version semble dater de 1917 (Les Indes noires) ) et beneficiant de moyens mis en oeuvre avec application, ce telefilm merite ainsi de “sortir de l’ombre” et d’etre accessible au plus grand nombre. Tres chaudement recommande, donc.
Les Indes noires: 4.5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.