Deux amis se rendent a Delos, un centre de loisirs futuriste ou des robots d’une apparence plus qu’humaine exauceront leurs moindres desirs, quitte a “mourir” pour amuser les invites. Ce qu’ils ignorant, est que ces derniers, non a l’abri d’un mauvais fonctionnement, pourrait tres bien inverser les roles…
Michael Crichton n’est plus a presenter; auteur a success de best-sellers / box-office success planetaires tels Jurassic Park (1993) et sa suite Jurassic Park II (1997), ou moins “reussis”, tels Timeline (2003) ou encore Rising Sun (1993), tous deux adaptes au cinema—comme d’ailleurs la plupart de ses romans.
Si l’adaptation des romans de l’auteur a fini par etre une figure imposee a Hollywood, au point de brouiller l’image d’auteur de romans a succes avec celle de scenariste de Blockbuster pour Hollywood, Crichton a cependant eu de par le passe encore une autre autre corde a son arc qui, temps ecoule oblige, a pour beaucoup ete oubliee. Michael Crichton a en effet ete aussi realisateur, notamment des adaptations de ses propres romans dans les annees 70s.
En tant que realisateur il a notamment mis en scene Westworld (1973), Coma (1978) ou The First Great Train Roberry (1979). A l’epoque, et seulement en quelques rares exceptions, a-t’il laisse a d’autre le soin a d‘autres de l’adapter (The Andromeda Strain (1971) ).
A ce titre, Westworld est le deuxieme film de Crichton, et au meme titre que Coma ou TFGTR, il fait montre d’une grande maitrise dans sa realisation, voire d’une tout aussi grande maturite dans sa mise en images pour un realisateur qui a etudie…la medecine. Il est d’ailleurs etonnant—et dommage—que Crichton n’ait pas continue dans cette voie.
Si la plupart des romans de Crichton, prennent un postulat qualifiable de “credible”, y rajoutent assez d’elements “veridiques” ou “scientifiquement etoffees”, WW est en fait le concept qui (de nos jours en tout cas) parait le plus “science-fictionnel” dans son oeuvre Et pourtant, remis dans le contexte de son époque et compare a celui de la notre, ce postulat parait plus sujet a caution…
A l’epoque, l’idee de WW a ete donne a Crichton lors d’une visite dans un par d’attraction (Disney) ou, bluffe par les automates utilises, il n’a fait que pousser l’idee de leur utilisation dans ses derniers retranchements et les emanciper de la plupart de leurs entraves pour les rendre encore plus autonomes.
A l’arrivee, et 35 annees apres le film, l’impression que ce dernier genere est ambigue, car celle d’un metrage qui etrangement a “le cul entre deux chaises” et pourtant et en meme temps est “plus que bien assis”.
D’un cote, le film et son univers sont presque 4 decennies plus tard, toujours tres loin de la realite…Les automates de chez Disney ne sont toujours “que” des automates. La science et l’idee qu’elle a pu se faire en ce qui concerne la robotique dans les annees 70s a beaucoup evoluee. Ainsi, les robots ne sont pas systematiquement humanoides, encore moins “humanises”, et plus que tout; dans la realite ressemblent moins a leurs maitres qu’a…des robots…
D’un autre cote, le film a decide de ne pas, hormis quelques tenues vestimentaires un tantinet vieillottes de nos jours, indiquer une quelconque époque. L’aeroglisseur du debut de metrage, laisserait supposer que le film se deroule toujours (meme pour notre époque contemporaine) quelque part dans l’”avenir”.
Un autre element interessant est l’impression que devait vehiculer a l’epoque le “dysfonctionnement” des robots. A l’epoque, la science-fiction robotique reprenait souvent l’idee d’une “revolte” ou “rebellion” des machines. Impression que vehicule encore (au premier degre) le film. Certains elements cependant, entament un peu cette vision manicheenne du recit.
D’un cote, l’on notera ainsi une replique d’un des techniciens qui fait allusion au fait que les “parties les plus complexes des robots sont fabriquees par des machines, et qu’au final, les hommes eux-memes ne sont plus aptes a comprendre leur fonctionnement intrinseque”. Si cela soutiendrait encore la theorie de la rebellion, ceci rend cette derniere un peu plus “complexe” qu’a l’habitude.
Un autre replique laisse sous-entendre que les dysfonctionnement se “propagent” comme le ferait une “maladie”, donc quelque part; comme un “virus”. A ce titre, fesons remarquer que l’idee des “virus informatiques” et de leurs ravages etait encore a une quinzaine d’annees de ses balbutiements dans notre monde reel…
D’un point de vue technologie, l’on ne peut qu’assumer qu’un tel parc d’attraction couterait une fortune colossale (p.ex. passer des nuits a reparer des robots qui sont des merveilles de la technologie pour avoir quelques “malotrus” qui les dezinguent a longueur de journees), alors que de nos jours, sans robots-mais avec des simulations virtuelles ou images de syntheses l’on parvient souvent—et a un prix moindre—a creer le meme effet…
Par contre, et a nouveau, l’idee que l’on retient de l’entertainment facon WW, est le cote TRES prononce du sexe et de la violence, les robots n’ayant visiblement que deux functions; pour les “males” provoquer les visiteurs pour se faire tirer ensuite comme des lapins, et pour les “femelles” de leur servir de poupees gonflables …
C’est en fait, ce parti-pris qui de nos jours marque plus lors de la vision de WW. Celle d’un entertainment visceral, tendance: “amorale” (l’on pourrait facilement imaginer un groupe de visiteurs massacrant tous les “males“ et violant les “femelles”, pourquoi pas?). Et realisant cela, l’on remarquera qu’entre shoot-em-up sanglants, jeux parfois amoraux ou encore jeux videos de viols, la seule difference est que l’action n’est pas “physique”, mais l’”esprit” reste le meme…
Si en 1973, WW parlait des machines, de nos jours—et peut-etre involontairement, changement d’epoque oblige—il semble parler plutot des visiteurs…De “nous” en sommes…
Depuis quelques temps, circule l’information (http://www.imdb.com) d’un re-make de WW (sans cesse repousse—cette fois a 2012). Il sera interessant de voir, si la nouvelle mouture se focalisera sur les visiteurs et racontera quelque chose de neuf et dans l’air du temps, ou…sur les robots, et racontera quelque chose d’ancien et de “depasse”…
Le casting du film, aussi, et etrangement, sans etre fondamentalement “marquant”, est plus que satisfaisant.
James Brolin (Skyjacked (1972), The Car (1977), Capricorn One (1977) ) et Richard Benjamin (Catch-22 (1970), The Last of Sheila (1973), The Ray Bradbury Theater (1992) ) dans les roles de monsieurs-tout-le-monde venus “tuer” et “baiser” (sans arriere-pensees) sont parfaits. Ils sont credibles, tout en evitant les stereotypes. Si le personnage de Dick Van Patten (Eight is Enough (1977), Spaceballs (1987) ) cabotine un peu, cela ne nuit pas, et rend au contraire le concept credible. Apres tout, tout le monde n’est (heureusement) pas ne pour etre un “tueur”.
Yul Brynner (The Ten Commandments (1956), The Magnificient Seven (1960), The Ultimate Warrior (1975) ) dans le role du “Gunslinger” (“porte-flingue”) met la barre tres haute, et livre une interpretation de tueur artificiel et implacable que seule Schwarzenegger egalera onze annees plus tard avec Terminator (1984).
Le tout conferant ainsi a WW, l’aura d’un film qui partant d’un propos tres science-fictionnel, a l’arrivee et malgre le temps passant (voire le temps “aidant”), parvient a interroger avec une etonnante justesse sur des phenomenes que le realisateur / auteur a peut-etre meme reussi a anticiper…
A voir, car un film qui partant d’un concept assez culotte—celui de laisser des tenants et aboutissants dans le “flou artistique” le plus complet—a grace a ce parti-pris reussi a etre 35 annees plus tard “moderne” et “contemporain”…
Westworld : 4.5 / 5
P.S. Assez bizarrement, j'aurais jure qu'il y avait un thread sur ce film, mais impossible de le trouver...?
