Bref... Biopic de J. edgar Hoover, fondateur du FBI, et obsédé de la protection de la nation américaine, quitte à franchir la frontière de la légalité, et quitte à la provoquer.
J'y suis allé à reculons, le cinéma d'Eastwood n'étant vraiment pas ce que j'apprécie de mieux. Le meilleur film que j'aie pu voir remonte à Sur la route de Madison, c'est dire.
Sentiment mitigé au final. Il y a un parti-pris assez curieux : tenter de sous-tendre la trajectoire professionnelle d'Hoover par celle qui est personnelle. Une mère hyper-présente et dominatrice (Judi Dench, formidable) et une homosexualité confuse, refoulée, dans le placard. Le fait d'avoir choisi Dustin Lance Black au scénario n'est pas un hasard. Il y a de telles zones d'ombres dans le personnage que cette interprétation en vaut bien une autre, même si les éléments jouent aujourd'hui en la faveur des choix scénaristiques présentés. Il y a une scène de trop à mon gout, frisant le ridicule malgré le soin apporté à l'ensemble
Spoiler : :
Le scénario tente d'humaniser (en partie) Hoover et ses choix, ses actes, son action patriotique. sans pour autant occulter son art de la manipulation, ses passages en force, son caractère tempétueux, son obsession de lutte contre le communisme. Pas mal d'équilibre dans l'écriture, les dialogues en ce sens.
Ce qui m'a le plus embarrassé : une voix off envahissante, explicative, démonstratrice : il faut expliquer au spectateur tout sur tout, lui mettre les points sur les "i" qu'il comprenne bien ce qui se passe à l'écran. Pénible. Les aller-retours dans la passé/présent. la construction en flash back est toujours risquée (ici Hoover en train de dicter ses mémoires) car cela prend le risque de casser le rythme du film.
Le ton général du film est de stricte obédience Eastwoodienne : soigné, en clair-obscurs, nonchalant, au rythme d'un blues-jazz parfois malvenu. La musique choisie est agaçante sur certaines scènes. C'est peut été ce qu'Eastwood apprécie, mais ça m'a sorti de certaines scènes. Ca m'emmerde, sa musique, dans le cas présent. Elle n'est pas justifiée.
Les chix de photographie sont parfois moches. C'est plus étonnant. Dans le premier quart, certains plans sont carrément invisibles par manque de contraste. >Il s'agit peut être de la projection 2K à laquelle j'ai assisté, mais comme cela a perduré sur d'autres plans, il y a des choix discutables. je ne suis pas convaincu/
Côté acteurs, c'est du tout bon; Je n'apprécie par DiCaprio de manière générale mais je dois avouer qu'ici, il crève l'écran. Son maquillage est très réussi! Naomi Watts obtient là aussi un de ses meilleurs rôles. Tout en discrétion, en retenue. Elle m'a bluffé.
Josh Hamilton est une révélation, aussi. Là où je souscris moins, c'est son maquillage : artificiel dans la création de sa vieillesse, cela contraste avec le naturel de celui de DiCaprio. Ca m'a paru très gênant.
Maintenant, au global, j'ai suivi le film avec un intérêt général. peu de décrochages, du en partie à un métier solide de la plupart des intervenants. Rétrospectivement, cela faisait longtemps que je n'avais pas apprécié un film d'Eastwood.
Vu au cinéma d'Avoriaz, salle 1. Projection numérique moyenne, son numérique de très bonne qualité (excellent sur les ambiances, indéniablement bien travaillées!)
137 mn et Panavision 2,40:1