Venus Senki (1989) – Yasuhiko Yoshikazu
[ Chronicles of the Venus Wars ] a.k.a. Venus Wars
En 2003(!) et suite a l’impact d’un planetoide sur Venus, cette derniere devient terraformable. En 2089, sur une planete Venus colonisee, deux continents; Ishtar et Aphrodia se livrent une guerre sans merci. Suite a l’invasion et l’occupation d’Io, la capital d’Aphrodia par les forces ishtarienne, les destins de plusieurs protagonistes se voient bouscules. Parmi eux, une equipe de motards, equipe de deuxieme zone d’un sport extrement violent…
Adaptation pour le grand ecran du manga (en quatre volumes) de Yasuhiko Yoshikazu par ce dernier, VS, et meme si plus centre sur l’action, fait partie de la tendance amorcee fin des annees ‘70s avec notamment Kido Senshi Gundam / [ Mobile Suit Gundam ] TV (1979) ou Chojiku Yosai Macross / [ Super-Dimensional Fortress Macross ] TV (1982) de mettre des conflits en image de facon moins manicheenne, mettant en relief les oppositions et les contradictions des partis en presence et de demonter les guerres comme les tragedies complexes qu’elles sont, plus que d’en faire de simples jeux pour guerriers du dimanche.
Yoshikazu possede en la matiere une certaine experience, car ayant realise Kido Senshi Gundam II: Ai no Senshi-hen / [ Mobile Suit Gundam II: Betrayal of the Soldier ] (1981), avant de se tourner vers l’action spatiale avec Crusher Joe (1983) ou encore l’aventure epique avec Arion (1986).
Le realisateur continue d’appliquer son trait—si reconnaissable—déjà largement utilise dans les productions precedentes, profitant d’un budget qui parait plus que comfortable.
L’animation du studio Triangle Staff ( Totsuzen! Neko no Kuni Banipal Witt / [ Suddenly! Land of the Cats Banipal Witt (1995) ] Macross Plus OVA (1995), Serial Experiment Lain TV (1998) ) parvient sans probleme a donner vie aux personnages du realisateur-auteur et se revele etre d’une tres grande qualite pour un produit qui aurait pu chercher la facilite technique a tous les niveaux.
La realisation se permet ainsi un soucis et luxe de details qu’on ne voit plus vraiment de nos jours (voire que les ordinateurs compensent a tire-larigot), tellement est elle fluide, et ce, tant dans l’action que les moments plus intimes. Bref, une reussite dans son genre.
Ainsi, decors, animation, chara-design sont on ne peut plus “fouilles” et les scenes d’actions restent toutes d’une lisibilite exemplaire, le tout donnant un petit cachet “verite” a l’entreprise qui merite un label de qualite L’on se trouve donc clairement face au haut du panier dans le genre.
Cote intrigue, si les personnages s’essayent a jouer les heros, leur premiere experience tend a etre douloureuse face a un adversaire surarme et mieux entraine. La pillule que represente la demission de leur gouvernement face a des adversaires au final pas tres differents, mais seulement favorises par la tournure des evenements leur restera tout autant en travers de la gorge, tout comme leur status de (nouveaux) chomeurs “techniques”.
Si l’argumentaire de base parait plutot “light” (les annees ‘80s virent au Japon le phenomene des “Bosozokus” / [ Violent Speed Gangs ] ou bandes de jeunes loubards motorises se developper, lancant un sous-courant dans les industries des manga et de l’animation soudainement peuplees de voyous cools et rebelles (ou inversement). L’idee-maitresse semblant ici d’etre de monter en plus un gros canon sur la dite moto.
Heureusement, l’argument ne s’arrete pas la, et Yasukazu puise dans ses experiences passees pour mettre en presence des “rustres” qui ont initialement plus envie d’en decoudre avec ceux qui ont fait derailler leurs vies que de se battre pour leur pays, pour ensuite finir par se battre pour quelque chose de plus concret—meme si ca les depasse(!)—entraines qu’ils sont dans la tourmente.
Le conflit se voit etre traite de facon plus circonspecte (meme si superficielle), car mettant en parallele les deux partis, qui au final sont tout-a-fait interchangeables. Le role d’une certaine presse est egalement egratigne au passage, mettant un peu pres tous les partis dos-a-dos.
Les personnages sont bien campes et possedent tous un temperament bien trempe, les individualisant tous et fesant que le spectateur soit s’identifie a eux au du moins parvient a s’attacher a eux sans probleme.
La bande-originale de Jo Hisaishi ( Arion (1986), Brother (2000), Okuribito / Departures (2008) ), meme si tres classique pour un “film de guerre” reste plutot bonne.
Une tres serie B qui semble etonnament avoir glisse dans un certain oubli au Japon, mais qui merite cependant d’etre redecouverte.
Venus Senki: 4.0 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.