Le marquis Philippe de Montfaucon retourne dans son château de Bellenac et demande à sa femme Catherine et à son fils de rester à Paris. Mais ceux-ci décident tout de même de le rejoindre.

J’avais découvert ce thriller occulte adolescent, lors d’une diffusion en prime sur FR3 et l’envie m’a pris d’y rejeter un œil, même s’il ne m’avait pas trop impressionné à l’époque.
Loin d’être intégralement convaincant, Eye of the devil navigue plus du côté des quelques sympathiques curiosités inabouties que compte l’œuvre inégale de J. Lee Thompson, tel The Reincarnation of Peter Proud, que de ses plus rares franches réussites du type Les Nerfs à vif. Le film souffre en premier lieu d’un scénario mal fichu (adapté par Dennis Murphy du roman Day of the arrow de Robin Estridge et retravaillé ultérieurement par Terry Southern), entaché d’ellipses parfois perturbantes, de zones d’ombre fâcheuses (la nature des liens qui unissent le marquis De Montfaucon à Odile et Christian De Caray n’est par exemple jamais clairement expliquée) et flirtant à mon goût un peu trop avec le grotesque dans sa vision d’une France provinciale décrite comme presque moyenâgeuse. Une vision d’autant plus troublante que le film, en partie tourné en France (notamment au Château de Hautefort dans le Périgord), possède par moment un authentique parfum frenchie, rare pour une production étrangère de ce type.
Ces maladresses scénaristiques sont heureusement largement compensées par la qualité de la réalisation de J. Lee Thompson, étonnamment soignée. Un très beau et subtilement inquiétant générique de début, un montage qui expérimente à bon escient, des cadres travaillés qui ont de la gueule soutenus par une superbe photo noir & blanc (pour exemple ce savant plan dans l’obscur caveau familial visité par Deborah Kerr, où par un subtil jeu d’éclairage on peut lire le mot Demon à partir de l’inscription murale De Montfaucon) : Lee Thompson – qui arriva sur le projet après les désistements successifs de Sydney J. Furie, Arthur Hiller et Michael Anderson - est indéniablement en top forme ici. Mais il faut dire aussi qu’il eut l'occasion de retravailler sa copie, puisque le réalisateur anglais retourna intégralement les 2 tiers de son film suite au départ de Kim Novak, blessée en plein tournage.
L’interprétation fait également oublier les petites faiblesses du script. David Niven, imperturbable dans un rôle idéalement passif pour lui, et la grande Deborah Kerr apportent en effet une incontestablement classe british à l’ensemble, bien secondés par David Hemmings (en blond) et la troublante Sharon Tate dans un rôle de sorcière moderne. Enfin, le film bénéficie d'une somptueuse partition musicale de Gary McFarland, à la richesse thématique exceptionnelle.
Chopé récemment sur TCM dans une copie plein cadre bien fatiguée, un suspense horrifique intéressant qui gagne à la revoyure.