Qui a peur de Virginia Woolf ? - 1966 - Mike Nichols

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Manolito
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Qui a peur de Virginia Woolf ? - 1966 - Mike Nichols

Message par Manolito »

Titre US : Who's Afraid of Virginia Woolf?

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Après une soirée bien arrosée, un professeur d'histoire et son épouse accueillent un jeune enseignant et sa jeune femme pour faire connaissance. La soirée tourne au jeu de massacre psychologique et verbal...

C'est dès son premier film "Qui a peur de Virginia Woolf ?" que Mike Nichols fait une entrée remarquée parmi les metteurs en scène hollywoodien. Il faut dire qu'il bénéficie ici de l'encadrement de la major warner et du couple de Stars à la ville Richard Burton et Liz Taylor, assumant leur âge dans leur incarnation d'un couple vieillissant et amer, qui, alcool aidant, va passer la soirée à se déchirer, s'envoyer des vacheries et se faire des successions de coups bas face à un public composé d'un jeune couple pris bien au dépourvu !

Le film fit scandale à l'époque pour les situations scabreuses évoquées, la crudité du langage, les références très directes à la sexualité des personnages. Ce qui ne l'empêchera de récolter 5 Oscars. L'application du code Hays volait alors en éclat, et sera définitivement balayée par des films comme "La nuit des morts vivants" ou "Macadam Cowboy" à la fin des années 60.

Psychodrame intense, le film est très bien joué par ses deux vedettes, avec Liz Taylor, mi femme fragile, mi furie déchaînée, et un Burton cassant son image virile avec son professeur timoré, peut-être impuissant (ou homosexuel comme le suggère une scène ?), le métrage jouant fortement sur les ambiguités. Car en effet, l'aspect le plus intéressant de "Qu'est-il arrivé à Virginia Woolf" n'est pas tant la violence de ses échanges (scandaleuse à l'époque) que l'ambiguité des situations et des personnages. Qu'est-ce qui est vérité, affabulation, manipulation, folie illusoire ?

Un film intéressant donc, mais j'avoue ne pas avoir trop adhéré. La faute à des dialogues parfois très écrits, à l'artifice palpable, aux situations répétitives, le film (long, plus de deux heures) ne paraissant aboutir à quelque chose de moins grossier et plus touchant que dans son dernier tiers. Bref, intéressant, mais pour moi, pas un grand classique...

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En France, warner a sorti ce film dans deux éditions : d'abord une édition collector (sur deux dvd) en 2007, puis une édition simple de 2008 qui consiste en fait au premier disque de la précédente éditions livré seul.

C'est dans cette édition simple que j'ai vu le métrage. Très belle copie 1.85 16/9, restituant avec beaucoup de soin la photo en noir et blanc du métrage (photo oscarisée en l'occurrence) : le grain est rendu finement, le piqué est excellent, les dégradés de gris sont rendus avec variété et nuance. On peut chipoter sur quelques défauts d'état, quelques poussière... Mais c'est un très beau transfert que nous sert warner. Avec VF et STF. Bande son anglaise mono d'origine et de bonne facture.
arioch
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Re: Qui a peur de Virginia Woolf ? - 1966 - Mike Nichols

Message par arioch »

Honnêtement, vu la répétition, j'ai été bien embarrassé car je me suis profondément ennuyé avec pourtant une idée que je trouve vraiment excellente. Je n'aime pas du tout ce film, j'essaierais de le revoir un jour mais dans l'immédiat, bof, bof, bof...
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Who's Afraid of Virginia Woolfe? - Mike Nichols (1966)

Message par Superwonderscope »

VF : Qui a peur de Virginia Woolfe?

Un couple au bord de la crise (Elizabeth Taylor & Richard Burton) sortent d'une fête imbibée. ils ont invité un jeune couple (George Segal & Sandy Dennis) à terminer loa soirée chez eux. Le jeune couple va être témoin et acteurs d'un violent règlement de compte qui va virer au carnage généralisé.

Qui n'a jamais vu ce film doit impérativement se ruer dessus. il s'agit d'un des plus spectaculaires numéros d'acteurs jamais mis en scène. Et pas du cabotinage et de la roue libre : de vrais acteurs au sommet de leur art, laissant au metteur en scène (Nichols était jusque là un metteur en scène de théâtre très demandé) de les diriger vers le meilleur comme le pire des personnages.
Au-delà des insultes, des jeux d'esprits, de manipulation, c'est un combat à quatre qui prend des tours inattendus. car le film se permet de tenir, sans quasi aucun temps mort, sur plus de 130 minutes et sur quatre personnages (on passera sur le tenancier du bar qui a deux lignes de dialogues). Avec des renversements de situation incongrus, des salves de méchanceté rarement vues et entendues.
Taylor se donne à fond, se donnant en pâture à la caméra et au spectateur. Quel talent :shock: Burton, un peu en retrait au début, gagne en épaisseur et en perversité. Ordonnateur des "jeux" qui vont mettre la pression sur le jeune couple, et qui va lui aussi commencer à se révéler, notamment dans une scène particulièrement retors (avec la grossesse de Sandy Dennis).

On voit poindre un nouvel élément : le lendemain se trouve être l'anniversaire du fils de Taylor/Burton : à 16 ans, il semble s'être enfui à plusieurs reprises de la maison. Et devient un enjeu capital entre ce couple qui s'entre-déchire de manière de plus en plus morbide, perverse et violente. Surtout, une révélation finale des plus terribles, car
Spoiler : :
chacun y voudra bien y voir ce qu'il veut, mais le couple Segal/Dennis a été juste des marionnettes bonnes à manipuler, pour un couple en manque d'enfant et finalement qui s'aime encore- etmalgré tout
C'est parfois épuisant à voir, jouissif, repoussant. Mais également une très belle mise en scène, aérant ce qu'il est possible de faire vis-à-vis de la structure théâtrale initiale. Adroitement, il met en place le danger latent et qui éclate à la figure de chacun.

Un film imbibé d'alcool, de pression constante, d'inhibitions, de non-dits, de vérités crues, de folie furieuse. Essentiel (et il est incompréhensible qu'un homme comme Nichols ait pu pondre des merdasses insensées comme Consenting Adults par la suite!).

Taylor (qui s'était enlaidie et avait grossi pour le rôle) & Dennis emportèrent un oscar chacune (amplement mérité!), le film fit rebondir la carrière de Taylor & Burton, devenant un inattendu succès monstrueux au Box Office. En même temps, Burton & Taylor transcendaient l'écran d épar leur vie privée. la ligne de rupture était très floue)/.

le film annonce:

http://www.youtube.com/watch?v=hZEKQnMCze8

et une scène culte :
http://www.youtube.com/watch?v=nInE5TITzE8

Vu sur le DVD Z2 Warner "édition collector". 1.85:1 Noir et blanc, vo avec stf. 2h11.Très beaux contrastes, avec une définition claire, propre. Pas encore vu le second disque de bonus/ Mais une copie d'une très bonne tenue.
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Re: Who's Afraid of Virginia Woolfe? - Mike Nichols (1966)

Message par manuma »

Superwonderscope a écrit :(et il est incompréhensible qu'un homme comme Nichols ait pu pondre des merdasses insensées comme Consenting Adults par la suite!)
Consenting adults, c'est vrai que c'est une merdasse, mais c'est pas la faute à Nichols :D
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Re: Who's Afraid of Virginia Woolfe? - Mike Nichols (1966)

Message par Superwonderscope »

euh... rappelle-moi... c'est Nichols derrière la caméra , ou pas? :D

oups

c'est pakula :D

deux auteurs respectueux perdus dans les années 90, en somme. (A propos d'Henry était affreux, Wolf aussi)
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Re: Who's Afraid of Virginia Woolfe? - Mike Nichols (1966)

Message par manuma »

Sauf que Nichols s'est quand même un peu ressaisit sur la fin (Charlie Wilson's war, c'était pas mal du tout, Angels in America, parait que c'est bien) tandis que la carrière de Pakula me semble avoir lentement mais inexorablement plongée dans la médiocrité après Le Choix de Sophie.

Sinon, ce réputé Virginia Woolf est le seul titre cinématographique de fiction du bonhomme que je n'ai jamais vu. Concernant le couple Burton - Taylor, je ne connais que le Boom de Losey. Et ça ne m'avait pas franchement donner envie de découvrir leurs autres exploits cinématographiques communs ...
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