Argo
Vu le film dans le sens Japon -> Italie (Rome). Avis mitige. Explications suivent...
D'abord les bons points.
La reconstitution de l'atmosphere est tout simplement excellente et retranscrit en "live" et au raz de la foule

les souvenirs des images floues (et lointaines) des JTs de l'epoque telles que rapportees par le tube cathodique familial.
Le film dans une ouverture de quelques minutes parvient egalement a relativiser l'imagerie d'Epinale qu'on a de la revolution iranienne et rappelle qu'avant l'Ayatollah Khomenei, il y avait en place l'un des nombreux "friendly dictators" mis en place ou du moins soutenu par l'Occident (en general) et les USA (en particulier).
Bon point aussi pour la lucidite avec laquelle l'on montre un dictateur "laique" se voir remplace par un dictateur "religieux" et qu'a l'ordre de la violence suit la violence du chaos.
Interessant aussi cette "petite" histoire (l'exfiltration d'un (petit) groupe d'otages) complement occultee par la "grande" Histoire (la prise d'otages, sa duree, et--pour ceux qui se rappellent--la tentative de liberation ratee qui se soldera par la debacle de Jimmy Carter aux elections suivantes et l'election de Ronald Reagan en sa place.
Malheureusement, le film se perd un peu en chemin par la suite.
D'abord par le melange de genres. Un film "politique"? Pas vraiment, en tout cas, pas au-dela de son ouverture sur le Shah d'Iran. Un film de "genre"? Non plus, a moins que le final est cense lui donner ce cachet-la. Un film ironique ou cynique, car glorifiant Hollywood au grand Dam de la CIA lorsqu'il s'agit de faire prendre des vessies pour des lanternes au bon peuple...Peut-etre...ou pas...?
Parmi les elements qui composent le film, l'on trouve du suspense, mais ce dernier est cantonne au debut (la fuite eperdue des six employes dans un pays qui leur est devenu resolument hostile) au milieu (la scene du marche) et a la fin (le passage de l'aeroport.
Si l'equilibre narratif parait bon, bizarrement, ca ne suffit pourtant pas pour "estampiller" le film, car le debut ne fait que lancer le film (tout-le-monde dans la salle devrait connaitre le pitch du film a l'ecran, non?), la fin ne marche pas, car se situe complement en porte-a-faux avec le cote "realiste" et "documentaire" du film pour ne proposer qu'un suspense balise et tronque (les miliciens pourront-ils arriver a leur fin, "bien sur que non" est-on tente de dire).
Le milieu est par contre interessant, car propose une agression gratuite et pouvant deraper a tout moment (ce ne sont pas 1-2 fonctionnaires du ministere de la culture qui pourraient s'opposer a un lynchage en bonne et due forme du groupe) et represente le deuxieme--et le dernier--"climax" du film en fait.
Le film est bien sur "documentaire", mais cet aspect passe a la trappe dans la derniere ligne droite (l'aeroport), tout en proposant quelques scenes trop balisees (le telephone auquel il faut repondre, etc). Paradoxalement, les acteurs interiorisent tres (trop!) leurs personnages...et font parfois trop..."vrais" pour vraiment faire "film", fesant penser a un docu-drama de "prime-time" ou "late-night" sur ABC/CBS/NBC/HBO.
En fait, d'un point de vue casting, seul le producteur interprete par Alan Arkin parvient a faire "larger than life", un peu le comble pour un film se voulant "veredict".
Si la realisation d'Affleck est quant a elle sans faute, l'on se (sur)prend parfois a imaginer regarder un "tele"-film plus qu'un film de "cinema", de nouveau, un peu un comble ou alors un mauvais calcul...?
Malgre tout le mal que bibi en a dit, Argo se laisse voir, mais ne reste pas dans les memoires, en tout cas, pas au-dela du fait de laisser perplexe quant a sa reelle "fonction" et nature. Fiction? Reality-show/film? Film made in Hollywood? Documentaire? Histoire a profile bas? Film plus too much par rapport a la realite historique?
Pas mauvais, juste un peu vain quelque part, et franchement, au-dela du brossage dans le sens du poil d'Hollywood, pas matiere a Oscar non plus. M'enfin bon, quand on a 12 heures a tuer dans une boite a sardine, ca passe plutot bien.
Argo: 3.5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.