
Le sujet peut être à portée universelle, mais les problèmes traités sont typiquement américains. certaines références dépasseront de ce fait probablement le spectateur non-américain... Michael Moore reprend son traitement par voix off, avec son ton typiquement détaché sous forme de fable, en prenant des exemples précis sur les effets pervers du capitalisme "libéré". A sa voir des choses proprement hallucinantes : la plupart des sociétés US prennent des assurances sur la mort de leurs employés et se font donc de l'argent en espérant la mort prochaine de leurs collaborateurs. Le jackpot étant pour une jeune femme de - de 30 ans, la plus à même de disparaitre le plus tard possible selon les statistiques. Voir donc le mari travaillant chez walMart d'une jeune mère disparue suite à une violente crise d'asthme... WalMart s'étant fait plus d'un million de $ suite au décès, sans que le mari n'ait été directement averti de l'assurance sur la mort contractée.
Puis Moore en vient aux relations troubles entre les banques et le pouvoir politique... c'est bien sûr totalement subjectif et parfois irritant mais tellement juste dans la dépiction de la progression rampante de l'emprise de l'économie sur le reste que certains passages font froid dans le dos. On aura beau aimer (ou pas) Moore et sa manière de voir/présenter le sujet, il n'en reste qu'il évite d'enfoncer des portes ouvertes. En nommant expressément certains responsables, directeurs de banques et autres managers et économistes qu'on se demande comment Moore soit encore vivant aujourd'hui.
Son pamphlet gagne d'autant en force de par les exemples présentés (comme cette famille expropriée de leur maison qui, pour gagner un peu d'argent, se voit obligée d'accepter la proposition de la banque qui les exproprie - de gagner 1 000 $ pour nettoyer leur maison qu'il quitte afin qu'elle soit habitable pour les nouveaux propriétaires. Situation humiliante mais qui ne semble géner pas grand monde dans la banque en question (Citibank). Sauf qu'assez récemment, certaines réactions ont commencé à se faire sentir et Moore ne s'est pas privé de présenter certains événements que les medias US ont volontairement occulté. Car c'est bien aussi cela dont il s'agit : les medias principaux (qu'il s'agisse de Foxnews, CNN ou le NY Times, etc...) ne reflètent que très peu la situation sociale américaine, se focalisant sur des news à sensation ou à vocation politique, l'"infotainment" étant devenue la règle. Moore tente de combler ce vide. Forcément, sa méthode peut énerver mais malgré ce qu'on pense du bonhomme, il est un des rares à pouvoir s'exprimer sur ces sujets de manière assez libre... il prend parti, ne s'en cache pas et oriente sa démonstration avec pas mal de brio.
Ce n'est pas spécifiquement une remise en question du système capitaliste, mais un appel à plus de responsabilité et de véritable démocratie au sein d'un système paralysé par le diktat économique plutôt que faire la part belle à l'humain et a ses valeurs.
Le final reste certes assez naïf (et quand même assez drôle) mais je me prend à penser qu'un cinéaste français fasse la même chose ici (et le fasse avec succès!). Au bout du compte, Capitalism demeure le film de Moore que j'ai le plus apprécié jusque là.
Vu en AVP à L.A au cinéma Arclight Hollywood, salle peu remplie (le film n'ayant pas été publicisé) mais les sneaks de ce week end ont visiblement dépassé les attentes en termes de résultat par écran.
1.85:1, 2H07, DTS.
le site :
http://www.capitalismalovestory.com/