Capitalism : A Love Story - Michael Moore (2009)

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Superwonderscope
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Capitalism : A Love Story - Michael Moore (2009)

Message par Superwonderscope »

Nouveau documentaire sur le sujet du capitalisme aux USA et de ses travers. Ou comment la main-mise des banques américaines sur le pouvoir politique a pu conduire a certaines dérives, notamment la crise financière récente.

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Le sujet peut être à portée universelle, mais les problèmes traités sont typiquement américains. certaines références dépasseront de ce fait probablement le spectateur non-américain... Michael Moore reprend son traitement par voix off, avec son ton typiquement détaché sous forme de fable, en prenant des exemples précis sur les effets pervers du capitalisme "libéré". A sa voir des choses proprement hallucinantes : la plupart des sociétés US prennent des assurances sur la mort de leurs employés et se font donc de l'argent en espérant la mort prochaine de leurs collaborateurs. Le jackpot étant pour une jeune femme de - de 30 ans, la plus à même de disparaitre le plus tard possible selon les statistiques. Voir donc le mari travaillant chez walMart d'une jeune mère disparue suite à une violente crise d'asthme... WalMart s'étant fait plus d'un million de $ suite au décès, sans que le mari n'ait été directement averti de l'assurance sur la mort contractée.
Puis Moore en vient aux relations troubles entre les banques et le pouvoir politique... c'est bien sûr totalement subjectif et parfois irritant mais tellement juste dans la dépiction de la progression rampante de l'emprise de l'économie sur le reste que certains passages font froid dans le dos. On aura beau aimer (ou pas) Moore et sa manière de voir/présenter le sujet, il n'en reste qu'il évite d'enfoncer des portes ouvertes. En nommant expressément certains responsables, directeurs de banques et autres managers et économistes qu'on se demande comment Moore soit encore vivant aujourd'hui.

Son pamphlet gagne d'autant en force de par les exemples présentés (comme cette famille expropriée de leur maison qui, pour gagner un peu d'argent, se voit obligée d'accepter la proposition de la banque qui les exproprie - de gagner 1 000 $ pour nettoyer leur maison qu'il quitte afin qu'elle soit habitable pour les nouveaux propriétaires. Situation humiliante mais qui ne semble géner pas grand monde dans la banque en question (Citibank). Sauf qu'assez récemment, certaines réactions ont commencé à se faire sentir et Moore ne s'est pas privé de présenter certains événements que les medias US ont volontairement occulté. Car c'est bien aussi cela dont il s'agit : les medias principaux (qu'il s'agisse de Foxnews, CNN ou le NY Times, etc...) ne reflètent que très peu la situation sociale américaine, se focalisant sur des news à sensation ou à vocation politique, l'"infotainment" étant devenue la règle. Moore tente de combler ce vide. Forcément, sa méthode peut énerver mais malgré ce qu'on pense du bonhomme, il est un des rares à pouvoir s'exprimer sur ces sujets de manière assez libre... il prend parti, ne s'en cache pas et oriente sa démonstration avec pas mal de brio.

Ce n'est pas spécifiquement une remise en question du système capitaliste, mais un appel à plus de responsabilité et de véritable démocratie au sein d'un système paralysé par le diktat économique plutôt que faire la part belle à l'humain et a ses valeurs.

Le final reste certes assez naïf (et quand même assez drôle) mais je me prend à penser qu'un cinéaste français fasse la même chose ici (et le fasse avec succès!). Au bout du compte, Capitalism demeure le film de Moore que j'ai le plus apprécié jusque là.


Vu en AVP à L.A au cinéma Arclight Hollywood, salle peu remplie (le film n'ayant pas été publicisé) mais les sneaks de ce week end ont visiblement dépassé les attentes en termes de résultat par écran.

1.85:1, 2H07, DTS.

le site :
http://www.capitalismalovestory.com/
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Duncan Idaho
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Re: Capitalism : A Love Story - Michael Moore (2009)

Message par Duncan Idaho »

je suis allé voir ce film hier soir, dans l'unique salle de Tours qui passe ce genre d'oeuvres non commerciales. En VO, en plus. Merci le cinéma associatif !

J'en suis ressorti bien secoué.

C'est du Michael Moore digne de la grande époque qui nous revient. Il attaque en appuyant là où ça fait mal, il enseigne, il informe, il dénonce, il fait rire, il fait sursauter... après la tiédeur de slackers uprising (je n'ai pas vu sicko) ça me rassure, ses dents sont toujours bien aiguisées !

Bref, Moore nous plonge la tête dans ce que les USA ont de plus haïssable : la nation vue comme une entreprise et gérée comme telle par une aristocratie des Affaires pour qui les "travailleurs" (les salariés, ou aussi "peasants") ne sont que du bétail sacrifiable sans états d'âme sur l'autel de la religion Dollar. Et ça fait froid dans le dos, comme ce chapitre sur les pilotes d'avions de lignes intérieures qui touchent moins de 20000$ (environ 13000€) par an, moins qu'un directeur de fast-food, et qui se retrouvent pour certains à cumuler les petits boulots, voire à donner leur plasma contre rémunération !
Plus généralement, au fil de sa démonstration ponctuée d'exemples sordides, Moore en arrive à expliquer les tenants et les aboutissants, les causes et les conséquences de la crise économique actuelle, en remontant plus en amont avec la politique de déréglementation ultra-libérale de Reagan qui jetait les bases du marasme actuel en jetant aux orties le peu de lois sociales en vigueur là-bas, décrit en détail le point de vue des grands groupes financiers en cheville avec le Pouvoir et la Justice pour se faire encore plus de pognon, puis finalement sous G.W. Bush l'asservissement total du Trésor américain (le ministère des finances) à un groupe particulier, dont les cadres dirigeants sont aussi membres des organismes de régulation de la Bourse décrite comme un énorme casino incontrôlable, dans tous les ministères du genre logement et affaires sociales... pour mieux les bloquer, et les commentaires désabusés de certains représentants du peuple admettant à voix haute que le Congrès n'a plus aucun pouvoir, que la démocratie américaine est morte au profit d'une ploutocratie (http://www.toupie.org/Dictionnaire/Ploutocratie.htm) à qui tout doit obéir.
Et de rebondir finalement sur ce qui fait aussi la force des films de Moore : montrer que rien n'est jamais définitif, en proposant des alternatives concrètes : la Démocratie, la social-démocratie à l'Européenne, les entreprises coopératives, les manifestations, l'occupation d'usines par ses salariés, le squat de son propre logement par des expulsés et, cerise sur le gâteau, l'appel de certains députés à la désobéissance civique.
En espérant que le peuple se réveillera et foutra tout ce système pourri en l'air.

Bref, j'ai beaucoup aimé. Et je vous dis, si c'est encore possible, allez-y !!
Lord Taki
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Re: Capitalism : A Love Story - Michael Moore (2009)

Message par Lord Taki »

Ce qui fait peur ce ne sont pas ces sociétés qui font de l'argent sur la mort de leurs employé-e-s en contractant des assurances vies dont elles sont les bénéficiaires.

Ce qui fait peur est que malgré la connaissance de ces dérives nous n'ayons pas encore donné un grand coup de balai.

Un documentaire plus sobre que d'habitude pour Moore et c'est tant mieux.

Indispensable.
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