King Kong vs. Godzilla / King Kong contre Godzilla (1962) Inoshirô Honda

[francis moury]

Pour mes titres de thread, je me base toujours sur ce que donne IMDB en terme de date et de nom de réal. La source me semble relativement fiable, ils donnent généralement le nom le plus usité et donc, je fais de même.
Ta remarque est cependant justifiée, je l'admets.

Cher MadXav merci de votre réponse : vous savez, IMDB n'est malheureusement pas une source fiable d'histoire du cinéma : elle fourmille d'erreurs, de lacunes et d'inexactitudes.

C'est un très bel outil (notamment sur le cinéma américain) mais inégal et qui vaut ce que vaut celui qui a rédigé chaque notice individuelle : très variable. Tout dépend du contributeur. J'en parle en connaissance de cause puisque j'y contribue très occasionnellement.

Les dates notamment sont très souvent erronées concernant les films étrangers car ce sont très souvent des dates de sortie aux USA et pas celles de réalisation ni de production ni de tournage ni de première distribution nationale en exclusivité. L'histoire du cinéma consiste à connaître d'abord et à distinguer d'abord ces différentes dates, fondamentales à la connaissance de chaque film. Sans parler du reste... connaître un film est une opération qui peut se révéler redoutablement complexe à mesure qu'on passe d'un niveau d'information au niveau suivant : genèse, réalisation-production, distribution et vie du film après sa sortie. Des évidences qu'il ne faut jamais se lasser de répéter...

PS : Je vous félicite de vos scrupules concernant le problème des titres : le titre japonais et le titre d'exploitation français (lorsqu'il existe) ont en effet priorité absolue sur le titre d'exploitation américain. Sauf dans le cas où on parle de la version américaine lorsqu' elle diffère de la version japonaise, ce qui arrive comme vous le savez déjà.

Bien sûr pour être complet, il faudrait signaler tous les titres étrangers d'exploitation, leurs différentes dates de sortie dans les pays respectifs, mentionner les coupes, les longueurs exactes des copies, les différences, les scènes rajoutées, etc...

"Quel travail !" allez-vous penser... et encore... ce n'est que le début du travail lorsqu'on doit établir une fiche exhaustive sur un film : IMDB en est très rarement capable. Des livres, revues et fanzines français l'ont fait sur HONDA bien mieux qu'eux et bien avant eux... dès les années 1965-1970.

[MadXav]

J'ai bien entendu conscience du fait qu'imdb ne peut pas être considéré comme une "bible". Cependant, cela reste sans doute la source d'information la plus importante qui soit à disposition de chacun (à défaut d'être vraiment la plus fiable).
Il est par ailleurs évident qu'être précis, fiable et exhaustif sur un film ou un réalisateur est un travail qui, avant d'être long, est très complexe et sujet à erreur. Consulter exclusivement imdb, comme toute autre base de données ou encyclopédie est bien sûr un "risque".
Cependant, s'il m'est arrivé d'y trouver des erreurs, elle ne me semblent pas si courantes que ça...

Pour finir au sujet de Inoshirô Honda, je prends en compte la remarque complètement fondée du passionné et je modifie l'intitulé de mon thread (je fais ça aussi en mémoire d'un sympathique échange que nous avions eu sur DVDRama à propos de Cannibal Holocaust)... Cependant, je clame haut et fort avoir déjà vu, à plusieurs reprises, le monsieur appelé par ce nom (Ishirô Honda) dans la presse spécialisée et (je suis moins catégorique sur ce dernier point) au générique de certains films... D'où l'idée qu'il s'agit probablement d'un nom "simplifié" qu'il a lui même choisi, sans doute pour des raisons commerciales, comme le font beaucoup d'acteurs ou de réalisateurs.

[Häxan]

Pour rassurer MadXav, même si Inoshiro Honda est a priori le nom correct, on trouve pourtant en France l'utilisation de Ishiro comme le prouve l'affiche suivante:



et au moins aussi sur cette affiche, même si je n'en est pas trouvé une meilleure représentation:

[Karen]

Je l'ai toujours trouvé des plus plaisant ce King Kong Vs. Godzilla. Ca passe à toute vitesse, on mélange des pharmaciens publicitaires japonais adeptes de super-baies génético mystiques provenant d'une île mystérieuse habritant soi-disant une étrange créature, et un sous marin américain qui s'écrase VRAIMENT malencontreusement sur l'iceberg qui retenait prisonnier notre cher dinosaure, et hop c'est parti on ne s'ennuie pas une seconde. Enfin juste un peu mais très poliment.

On débarque sur l’île Farou afin de s'approprier la surprenante divinité King Kong pour en faire une égérie de publicité pour des médicaments (??!). On fait fumer les autochtones, même les enfants, on fait danser tout le monde grâce à la merveilleuse invention du TRANSISTOR, et hop le tour est joué.

Entrecoupé de séquences américaines pour bien nous expliquer la grande complexité de l'histoire grâce à différents reporters ('A vous le Chili.' 'A vous l'Amérique.' 'A vous le Japon.' 'A vous le Chili.'), un spécialiste à la crédibilité douteuse nous informe que Godzilla est un croisement entre un Tyrannosaure et un Stégosaure. Godzilla qui nous propose pour la première fois une version de son cri légèrement plus aiguë, dans une volonté de le rendre moins 'dark'. C'est ce cri qui sera dorénavant utilisé pour de nombreux films à venir.

L'armée s'en mêle. On parle de nucléaire. Le bombe à Neutron. 'Va t-on en arriver là?' Pendant ce temps Godzilla se dirige tranquillement vers sa terre natale, le Japon.

Sur l'île Farou, après la fameuse attaque de la pieuvre géante plus ou moins fort réussie (et aux effets sonores des plus efficaces), notre Kong enfin apparu se met une biture au jus de baies et tombe ivre mort. (Pour l'anecdote, la stop motion fut utilisé deux fois dans le film, à un moment du combat contre la pieuvre -quand elle saisit un indigène- et lors d'un flying kick de Godzilla à Kong.)

En pleine mer sur le radeau censé le rapatrier, notre Kong au costume approximatif se libère, a pied dans l'océan, et la terre ferme atteinte, le fight tant attendu peut commencer. Mais le pauvre ne fait pas le poids face à l'haleine surpuissante et la motivation de son nemesis... Malgré le minimum réglementaire d'envoi de cailloux et de rochers (le leitmotiv du film), King Kong se fait littéralement botter les poils de fesses à coup de queue, de cailloux de tailles diverses, se fait épiler le torse; bref, une humiliation.

Pendant ce temps l'armée fait ce qu'elle peut, creuse des trous, fout le feu, fait un peu n'importe quoi, mais clairement on ne s'ennuie pas.

Et le tournant crucial arrive, les lignes électriques effraient Godzilla, mais rendent King Kong surpuissant et possédé par la foudre.

Kong est tout fou, détruit gentiment Tokyo, subtilise la sœur du héros, et se fait ensuite endormir à grand coups de tams tams.

On décide ensuite de provoquer le duel tant attendu, en envoyant par ballon Kong jusqu'au mont Fuji où Godzilla s’ennuyait poliment.

'Si on est chanceux, les deux mourrons' nous prévient un sympathique et optimiste protagoniste.

S'en suit donc un nouveau combat de catch/cailloux, où Kong fait rapidement n'importe quoi en partant en roulade (j'ai envie de dire en roue libre) pour s'écraser lamentablement contre un rocher et s'assommer tout seul, Godzilla joue de la queue et du lance flamme, et lance à nouveau beaucoup, beaucoup de cailloux.

Mais là une tempête pleine d'éclairs rend notre Kong électrique et complètement possédé par le démon du combat, enfonce un arbre dans la gorge de Godzilla (hommage au King Kong original avec le combat contre le Tyrannosaurus Rex, une des plus célèbres photos promotionnelles de l'époque), Godzilla vomit du feu pour renvoyer l'arbre comme projectile, bref ça dépote. On a clairement affaire à un duel des éléments, Godzilla incarnant le feu et l'eau, et Kong la terre et l'air.

Et là nos deux compères tombent à l'eau, parce que oui il y a aussi une histoire de tremblement de terre, Godzilla disparaît dans les limbes, pendant que Kong retourne à pied par la mer vers son île (plan iconique qui plus tard collera à l'imagerie Godzilla). La Toho déclara à l'époque suite aux débats qui faisaient rage, que Kong était censé être le gagnant, étant bien plus populaire à l'époque. (Cela explique aussi le ton semi-comique du film pour tout ce qui concerne Kong, le but étant de ne pas effrayer les jeunes et de prendre plutôt parti pour le grand singe).


Un très bon moment pour ma part donc, à voir régulièrement sans hésiter, se régalant de la naïveté et la bonne ambiance communicative de l'entreprise!

Niveau anecdotes, il s'agit du premier film couleur et en widescreen pour nos deux monstres mythiques, et le troisième film pour tous les deux (après King Kong et Son of Kong pour l'un, et Godzilla et Godzilla Raids Again pour l'autre). A la base l'idée était un 'Frankenstein vs. King Kong', mais aucun studio américain ne fut intéressé. C'est là que la Toho entra en scène.

C'est aussi le seul film de ce qu'on appelle la Showa Era (1930-1979) dont la version Japonaise n'est pas sortie en salles aux Etats-Unis.

Aussi, l'artwork promotionnel utilisait des photos du Kong de 33, les publicitaires trouvant ce Kong de 62 trop ridicule pour promouvoir le film. .!

Sinon, pour terminer, le réalisateur aurait été renommé Inoshirô Honda par erreur pour certaines sorties à l'étranger, mais son nom serait bel et bien Ishirō Honda.

[orco]

2014 sera vraiment l'année Godzilla... King Kong vs. Godzilla et King Kong Escapes sortiront en Blu-Ray US en avril chez Universal (donc très certainement les montages US).
http://www.blu-ray.com/news/?id=13108

[Karen]

Le vrai nom du réalisateur est Ishirō Honda !

Je tiens à ce que la vérité soit rétablie!

[orco]

http://www.scifijapan.com/articles/2014 ... cover-art/
Ouf, les BR conserveront les sous-titres français comme sur les DVD. Ce sera d'ailleurs surement un simple portage des masters HD qui ont servi à ceux-ci, mais c'est déjà ça.

[orco]

Ayé j'ai vu le Blu-Ray US : l'image est de toute beauté, de jolies couleurs vives (particulièrement sur l'ile de Farou), un bon piqué qui préserve le grain, pas de DNR et edge enhancement. Pour ce qui est du film, j'avais oublié à quel point l'intrigue était décousue et élliptique par moments, remontage oblige. Mais les combats sont bien fun (vas-y que je t'envoie plein de rochers, tiens mange-moi cet arbre!) et on a droit encore à de bien jolies maquettes. Et puis la tronche de King Kong quand même . Loin d'être le meilleur de la franchise, mais très plaisant.

Ah et puis ces incrustations où le premier plan est fixe mais pas l'arrière plan!

[Superwonderscope]

un steelbook chez FYE pour septembre 2019:

http://www.devildead.com/indexnews.php3?NewsID=10836

[Superwonderscope]

Comme le père Noël m’a gentiment offert le coffret (absolument magnifique ) Criterion, j’ai commencé à jeter un œil sur l’ensemble des films. Toutes les copies ne sont pas top, mais la version originale japonaise de King Kong Vs Godzilla est assez wow. Le mixage en DTS HD MA 4.0 japonais est surprenant dans le rendu stéréophonique et, en effet, quelque peu différent du montage US.
Ça vaut clairement le détour!

[Superwonderscope]

Alors là, en effet, le film japonais d'origine n'a plus rien à voir avec la tambouille faite par Universal...

En fait, (et entre autres modifications) la version tripatouillée par RKO/Universal a enlevé la (superbe) musique d'aKIRA iFUKUBE pour faire une mixtouille de leur librairie musicale (on y retrouve le thème de l'étrange créature du Lac Noir à l'apparition de King Kong!).
Les scènes retournées par Thomas Montgomery pour la version internationale a excisé toute la partie de la satire du monde des médias japonais, pour rendre le film moins comique - ce qu était la volonté originale de la Toho, a fin de rendre le film moins terrifiant pour les enfants, qui commençaient à l'intéresser à Godzilla. D'où le look assez ridicule de King Kong, là aussi une volonté de tsuburaya. Des moments entiers ont été éludés de la version US, l'ordre des scènes changé, le ton a été modifié, d'extraits d'autres films Toho insérés... bref, à la revoyure, c'est du grand n'importe quoi. Dans le coffret Crietrion, la version internationale est présentée en langue anglaise LPCM mono pauvret, générique Universal.

Par contre pour la version japonaise originale, c'est autre chose et une vraie (re)découverte. Générique Toho indiquant "30e anniversaire", un mixage stéréophonique 4.0 DTS HD MA absolument splendide. Le thème principal magnifique et très noir d'Ifukube est surprenant, et de loin à mes oreilles, sa plus belle composition. Le premier plan de la terre qui tourne, avec son effet spécial raté... l'est délibérément, en fait (ce que n'explique pas la version US), car faisant partie d'une volonté de "déconstruction" du mythe Godzilla, des jouets et de la publicité dans la guerre des médias. Quelque chose d'incompréhensible pour les américains, qui ont donc enlevé toute cette partie. Une autodérision enviée de la narration, beaucoup de dialogues jouant sur ces aspects de quasi sature à tous les étages. A ce jour, le film est le plus gros succès japonais de la saga, encaissant presque 13 millions d'entrées au Japon. (entrées France: 554 695)
Il y a donc plus de logique dans la progression dramatique du film, les interactions entre KK et G plus équilibrées, et cette volonté plus comique d'autodérision... même si certaines scènes d'attaques sont quand même assez sombres. On sent qu'Honda a gardé quelques traces des deux premiers en noir et blanc, avec leur ton pessimiste.
Tsuburaya s'en done à coeur joie avec la piscine Toho construite pour l'occasion, donc beaucoup de scènes marines. Honda voulait utiliser de la stop motion, mais tout fut arrêté à cause du cout astronomique. On remarque quand même que quelques plans de stop motion ont été conservés (une tentacule du poulpito géant -un vrai poulpe supposé avoir été mangé par Tsuburaya après le tournage - qui attrape un natif, ainsi qu'un moment où Godzilla catapulte King Kong d'un saut avant.
Il y a des miniatures saisissantes, des plans larges (l’électrification, entre autres) vraiment superbes. D'autres plus contestables (la fonte des chars, notamment), mais on ressent vraiment l'amour du détail et on voit le travail titanesque des scènes mises en branle.
Ça n'est pas parfait, King Kong se prend une bonne branlée, Big G a quelque peu changé mais reste inquiétant (ce qu'il ne sera plus trop par la suite, sa gueule va encore évoluer) mais un vrai plaisir, et un scénario malgré son ton de comédie, qui reste très intelligent sur le rapport aux médias et le sensationnalisme - tout en collant aux thèmes originaux de King Kong. Vraiment très bien!

Cette version se trouve sur le disque "suppléments" du "coffret" (il s'agit d'un format grand livre avec illustration et description pour chaque film, se terminant avec 8 Blu rays insérés sur deux pages épaisses cartonnées , (KK Vs G sur disque numéro , avec des sta, en TohoScope d'origine. On sent quand même qu'il s'agit d'une version composite. des plans parfois flous et mal définis se mélangent avec d'autres à la définition superbe et aux couleurs magnifiques (je crois qu'il s'agit du premier Godzilla en couleurs, d'ailleurs?)