Hannibal anticipe, c'est sa force, il ne laisse rien au hasard, et il a toujours plusieurs coups d'avance. Donc Will a compris que le seul moyen de l'avoir, ça n'était pas d'essayer de le suivre mais de le surprendre, un peu comme un joueur d'échecs qui semble faire n'importe quoi, et destabilise son adversaire. La meilleure défense est l'attaque.
Donc contre toute attente, malgré tout leur passif, Will se pointe chez Lecter et lui dit qu'il souhaite reprendre la thérapie. Et Lecter accepte, parce qu'il veut sincèrement être ami avec le seul homme au monde qui peut rivaliser avec lui, parce qu'il le fascine, parce qu'il est le seul à pouvoir le comprendre, parce qu'il le considère comme faisant partie de la même espèce que lui, parce qu'il souhaite faire sortir de sa coquille le psychopathe qui sommeille en lui, et parce que "garde tes amis près de toi, et tes ennemis encore plus près". En fait, Will a compris comment raisonne Lecter, cliniquement, au-delà des sentiments et de la morale, et il adapte son comportement.
Et comme Will essaye de le faire comprendre à Jack dans la métaphore de la pêche, pour faire justice aux martyrs de Lecter, il s'expose lui-même comme appât vivant face à Lecter. Il est obligé de se livrer à lui, de lui ouvrir son esprit sans lui mentir (sinon, Lecter le saurait), d'entrer dans son jeu, dans son monde, quitte à y laisser son âme.
Donc c'est une confrontation psychologique fascinante : les 2 hommes se mentent (chacun veut la mort de l’autre) tout en étant sincères (leur relation de fascination/répulsion est proche d'une relation de couple). Tout ce que dit Will à Lecter pendant la thérapie, il le pense. Il se penche sur l'abîme en essayant de ne pas y tomber pour gagner la confiance de Lecter, lui laisser croire qu'il sombre du côté obscur pour pouvoir laisser Jack le capturer quand Lecter sera tombé dans son piège, mais c'est un jeu très dangereux.