Vu hier soir en vo, et je ne serais pas aussi élogieux que Nadia dans sa critique. Je n'ai pas du tout mais alors pas du tout été sensible à cette histoire d'amour déchiré purement romantique noir, dans le sens où la mort est ici sublimée par le meurtre. Là où je la rejoins, c'est dans sa judicieuse comparaison avec Seven - les meurtres obéissent à une logique "cabalistique" - mais là où dans Seven par exemple, la psychopathie encastrait le scénario de manière solidement intrinsèque, ici on serait plus à même de croire en un
prétexte judaïque (pour l'exotisme tout ça

et la caricature du rabin participe à ce que j'appelle "le complexe de la tarte à la crème" : ça n'a pas de goût et c'est là pour faire du remplissage)... L'approche aurait pu s'avérer intéressante, mais elle me paraît être mise à l'écart en se centrant sur le personnage de Phibes - contrairement à
Seven où - dans la plus stricte tradition du thriller, on ne sait pas qui tue. Quant au jeu de Vincent Price, bizarrement, je n'ai jamais vraiment adhéré, ce fut également le cas dans
La Maison Usher : je trouve son jeu trop théâtral - en cela le film est fidèle à cette atmosphère funèbre qu'elle veut développer - mais cette théâtralisation se montre hélas grandiloquente, surtout aujourd'hui. Les décors sont à la limite du supportable en ce qui me concerne, même s'ils participent avec Phibes à créer cette once d'ambiance macabre. Surtout, l'humour présent dans le film, typiquement british bien entendu, tout en retenue, est pense-t-on le bienvenu mais on finit par comprendre avec le recul qu'il forme un constrate irritant avec le climat central du départ, forcément amoindri. En cela, il y a ici, pour moi, un défaut grave. La légereté de l'intrigue policière - presque parodique quand on sait que le réalisateur avait tourné nombre de
Chapon Melon et bottes de cuir - se mêle aux errances nocturnes et aux lamentations gutturales de Phibes. Il y a là cruel défaut d'harmonisation des genres.
Par goût pour la comparaison, je rapprocherais ce rôle de tueur d'un Jigsaw, surtout pour la dernière scène de meurtre. Il y a là cette aspiration sadique où la mort est jouée avec une dose machiavélique qui rejoint Jigsaw, lui aussi maladif et portant le même vêtement.
La musique, l'orgue, me paraît surchargée et manque cruellement d'intensité, à l'image de ce film qui hésite entre parodie policière, conte macabre et romance noire. Quelques longueurs et les meurtres manquent ou d'imagination (chauve-souris, rat, sauterelles) ou de vraisemblance (réfrigération dans une voiture, un médecin qui se laisse vider de son sang

ou encore le dernier meurtre). Pas assez approfondi dans les motifs présentés, une mise en scène dénuée de génie pour un résultat au final guère stressant. Niveau baroque, on a vu nettement plus transcendant.
6,5/20