arioch a écrit :Le mec de ZERO THEOREM, il est attentiste, dénué d'émotion...
Je ne pense pas qu'il soit dénué d'émotion. L'émotion est certes bien cachée en lui, mais elle boue à l'intérieur... Quand il refuse l'amour de Bainsley qui lui propose de partir avec elle, c'est sous l'emprise d'un sentiment de trahison qu'il ressent après avoir compris qu'elle n'était qu'un outil de manipulation aux ordres de Management -ce qu'il n'arrive pas à croire pendant un bon moment, malgré la mise en garde de Bob. Je vois le héros comme un éternel sceptique, et pour cause... Mais au moment de ce refus, on voit bien qu'il est au bord des larmes, et Gilliam s'attarde sur son visage pour bien montrer sa lutte intérieure...
arioch a écrit :C'est la nana qui lui fait découvrir l'amour, c'est le fils qui lui apporte un sentiment d'amitié, lui fait découvrir la pizza (ouhlala, un plaisir italien)... Le héros ne s'intéresse à personne. Il n'aime personne.
Il y a échange de bons procédés, disons de bonnes influences entre eux...
Au début, le fils de Management prend le héros de haut, en se moquant de lui... Puis peu à peu il s'y attache. Et quand le gamin tombe malade, Qohen qui s'est lui aussi pris d'amitié pour le môme, se plie en quatre -presque comme un père- pour prendre soin de lui... Avant de péter un câble et de tout démolir pour supprimer toutes les caméras de surveillance installées par son employeur... Tout ça montre encore que le héros n'est pas dénué d'émotion.
Quant à la nana, cette rencontre avec le héros, bien qu'au départ planifiée, la décide finalement à plaquer sa triste condition de cyber-pute pour retrouver, sinon sa liberté, au moins son autonomie dans le monde réel... Elle reconnait elle-même que c'est lui qui a bouleversé sa vie, sans qu'elle ne sache se l'expliquer, parce que "
quelque chose en lui la touche".
arioch a écrit :Et si ce n'est pas un coup de fil d'une entité supérieure (Dieu, quoi), je ne pense pas que le mec attendrait un appel de Darty pour venir lui changer son frigo.
Et si l'influence disproportionnée de cet appel sur le héros n'était que le fruit d'une émotion, d'un rêve qu'il assimile à son questionnement, son manque intérieur... Tout comme l'étaient exactement les rêves fous de Sam Lowry, ceux du Baron de Munchausen, de la gamine de Tideland, ou même le fameux Graal de Parry dans Fisher King ?
Puisque aussi fantaisiste soit-il, croire en son rêve a toujours été un postulat d'échappatoire et d'émancipation pour Terry Gilliam, son thème fétiche depuis toujours... Ce qui explique aussi que la plupart des personnages qui entourent ses héros anti-système sont justement dénués de rêves, soumis à une condition et/ou une réalité scabreuse...
arioch a écrit :La croyance des autres personnages n'est jamais abordé. Par contre, ce sont des personnes qui vivent, certains de manière plus futiles que d'autres mais aucun ne vient et dit "Je ne crois en rien".
Mais qui vivent comment ? Ils sont tous désespérément seuls, même quand ils sont en groupe... On le ressent même en voyant les gens danser dans la scène de la fête chez le superviseur, dont on entend sans arrêt qu'il n'a pas d'ami (une remarque récurrente qui s'applique aux autres personnages... le fils de Management qui avoue ne connaitre aucune fille de son âge.. Bainsley qui évoque aussi sa solitude malgré tous les regards masculins braqués sur elle en permanence...).
Le monde de Zero Therorem est un monde de gens désespérément SEULS, enfermés dans un cyber-univers bariolé d'écrans d'ordinateurs... On le voit même au travers des passants en trottinette dans les rues de la ville. Et ce n'est pas un hasard s'il y a autant de couleurs et de lumières aussi flashy que criardes, agressives... La logique voudrait qu'elles illustrent une joie de vivre, mais au lieu de ça, elles écoeurent jusqu'à la nausée et font ressortir toute la vacuité d'un univers ultra-capitaliste et orwellien.