
Attention, film puissant! En pleine vague du néoréalisme, De Santis livre une oeuvre bicéphale. Très emprunt d'Italie d'après-guerre, mais avec une pointe de thriller à forte connotation érotique. Prolongeant l'Obsession de Visconti. Moins littéraire que Visconti, moins documentariste que Rossellini, mais une combinaison hardie qui fit d'ailleurs scandale à l'époque. Une très très forte connotation érotique, via une Silvana Mangano provocante, sexy, magnifiée dans des contre plongées vertigineuses... le voir pouvoir de la femme sur des hommes finalement faibles. C'est un vrai film sur les femmes. Leur dur labeur, leur pouvoir sur l'homme. Un casting ahurissant de vraies gueules - des femmes de tous horizons, toutes classes sociales, avec déjà des notions de clandestins venant chiper le travail des vraies sous contrat.
Le film glisse vers le constat social d'époque, des moments de documentaire assez forts alternent avec des moments de fiction parfois étourdissants ( et je pèse mes mots).
La mise en scène étonne avec ses gigantesques mouvements de caméra sur les champs irrigués par des femmes au travail. Des travellings et autres panoramiques d'une longueur impressionnante. Complexité des cadrages, de la composition des plans... techniquement, c'est carrément de la haute voltige. Et la composition du suspense s'avère là aussi remarquable. Un affrontement final tendu, d'une découpage sûr de son coup. Et un final (dont je ne me souvenais pas), qui m'a quand même laissé la bouche ouverte. La photo d'Otello Martelli (Stromboli ou La Strada) dans un noir et blanc saisissant y fait pour beaucoup!.
La caméra ose le désir, la violence, le côté bestial et sale de l'abattoir... pas étonnant que le lim révolta les bonnes meurs en 1949!!
Raf Vallone apparait comme le seul élément masculin apaisant. Incarnation de la virilité ultime (tout comme Silvana Mangano, il respire le sexe!), sens du devoir, soldat... il n'en finira pas moins victime, comme tous les hommes du récit.
Bref, j'ai redécouvert le film via le superbe Blu Ray Crierions sorti en début d'année. la copie est juste sublime, pas d'autre mot. Même si le son en mode LPCM 1.0 (avec stp) peut paraitre en retrait, il est juste parfait, notamment pour les scènes de choeurs des travailleuses. Interdites de se parler, elles ne pouvaient que chanter afin d'exprimer leur peine, les joies ou encore les violents de travers de la vie en communauté.
1.37:1
NB
1H48
codé A
avec sta
pas encore vu les bonus...
Vivement recommandé!