Riso Amaro (VF : Riz Amer) - Giuseppe De Santis (1949)

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Superwonderscope
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Riso Amaro (VF : Riz Amer) - Giuseppe De Santis (1949)

Message par Superwonderscope »

Mai 1948. Comme tous les ans, des milliers de femmes arrivent dans la plaine du Pô afin de récolter et planter le riz pendant 40 jours. Silvana (Silvana Mangano) croise le regard de walter (Vittorio gassman), en fuite de la police avec sa complice Francesca (Doris Dowling) après un cambriolage; Elle qui va s'immiscer parmi les travailleuses, mais Silvana a remarqué qu'elle cache quelque chose.

Image

Attention, film puissant! En pleine vague du néoréalisme, De Santis livre une oeuvre bicéphale. Très emprunt d'Italie d'après-guerre, mais avec une pointe de thriller à forte connotation érotique. Prolongeant l'Obsession de Visconti. Moins littéraire que Visconti, moins documentariste que Rossellini, mais une combinaison hardie qui fit d'ailleurs scandale à l'époque. Une très très forte connotation érotique, via une Silvana Mangano provocante, sexy, magnifiée dans des contre plongées vertigineuses... le voir pouvoir de la femme sur des hommes finalement faibles. C'est un vrai film sur les femmes. Leur dur labeur, leur pouvoir sur l'homme. Un casting ahurissant de vraies gueules - des femmes de tous horizons, toutes classes sociales, avec déjà des notions de clandestins venant chiper le travail des vraies sous contrat.

Le film glisse vers le constat social d'époque, des moments de documentaire assez forts alternent avec des moments de fiction parfois étourdissants ( et je pèse mes mots).
La mise en scène étonne avec ses gigantesques mouvements de caméra sur les champs irrigués par des femmes au travail. Des travellings et autres panoramiques d'une longueur impressionnante. Complexité des cadrages, de la composition des plans... techniquement, c'est carrément de la haute voltige. Et la composition du suspense s'avère là aussi remarquable. Un affrontement final tendu, d'une découpage sûr de son coup. Et un final (dont je ne me souvenais pas), qui m'a quand même laissé la bouche ouverte. La photo d'Otello Martelli (Stromboli ou La Strada) dans un noir et blanc saisissant y fait pour beaucoup!.

La caméra ose le désir, la violence, le côté bestial et sale de l'abattoir... pas étonnant que le lim révolta les bonnes meurs en 1949!!

Raf Vallone apparait comme le seul élément masculin apaisant. Incarnation de la virilité ultime (tout comme Silvana Mangano, il respire le sexe!), sens du devoir, soldat... il n'en finira pas moins victime, comme tous les hommes du récit.

Bref, j'ai redécouvert le film via le superbe Blu Ray Crierions sorti en début d'année. la copie est juste sublime, pas d'autre mot. Même si le son en mode LPCM 1.0 (avec stp) peut paraitre en retrait, il est juste parfait, notamment pour les scènes de choeurs des travailleuses. Interdites de se parler, elles ne pouvaient que chanter afin d'exprimer leur peine, les joies ou encore les violents de travers de la vie en communauté.

1.37:1
NB
1H48
codé A
avec sta

pas encore vu les bonus...

Vivement recommandé!
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Manolito
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Re: Riso Amaro (VF : Riz Amer) - Giuseppe De Santis (1949)

Message par Manolito »

Produit par Dino de Laurentiis pour Lux Film, qui allait se marier avec Silvana Mangano la même année, "Riz amer" est effectivement proche des "Amants diaboliques"/"Ossessione" de Visconti, dans le sens que si il est indéniablement rattaché au néoréalisme (sujet de la vraie vie, emploi de décors naturels, regard social), il ne va pas aussi loin dans l'expérience que des projets plus jusqu'au boutistes comme "Le voleur de bicyclette", "La terre tremble". Ici, pas d'acteurs non professionnels, mais par contre des acteurs d'une jeune génération émergente, appelée à briller dans l'âge d'or du cinéma italien.

Et le sujet n'est pas purement social car est construit autour d'une histoire de Film Noir (des voleurs en cavale se réfugient dans une ferme de riziculture) comme "Ossessione" qui transposait "Le facteur sonne toujours deux fois". C'est un film techniquement très réussi, surtout comparé aux films italiens de l'immédiat après-guerre qui sont souvent plus bruts. L'imbrication du social et du thriller est parfaite et donne à "Riz amer" sa forte originalité, encore renforcée par celle de son contexte.

Dans sa manière de filmer le travail de façon lyrique, grandiose, il rappelle "La terre tremble" et ses pêcheurs siciliens, et "Riz amer" propose des scènes vraiment soufflantes, comme le départ des travailleuses à la gare, la récolte sous la pluie, la danse dans la forêt, la fête...

Comme le notre SWS, c'est surtout un film de femmes, de femmes vues de façon intelligente et respectueuse, et non passées au filtre d'un cinéma complètement masculin. C'est suffisamment rare pour être signaler ! Des femmes ici esclaves d'un travail dur, mais aussi plus libres sur certains aspects de leur vie, car le travail leur donne une autonomie et un pouvoir sur leur destin.

Certains moments sont un peu sur-dramatiques
Spoiler : :
le suicide de Silvana à la fin
Mais "Riz amer" est vraiment un très bon film, donnant envie de voir d'autres films de Giuseppe de Santis, resté un peu à l'ombre des plus grands noms du cinéma italien d'alors...

Vu sur OCS replay, copie sd 1.33 4/3 VOSTF.
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