
Le milieu des années 90 est un moment de flottement dans la carrière de Spielberg. "La liste de Schindler" lui a enfin apporté la stature de "grand réalisateur" auquel il aspirait depuis "La couleur pourpre". Pourtant, il faut attendre quatre ans pour voir arriver ses films suivants : un "Jurassic Park : le monde perdu" tourné sans ambiguité pour l'argent ; et "Amistad". "Amistad" qui est le premier long métrage produit par Dreamworks, le studio créé par Spielberg, Geffen et Katzenberg. Un studio indépendant et ambitieux, aspirant carrément à devenir une nouvelle major. L'aventure se terminera dix ans plus tard sans que cette ambition ait été accomplie...
"Amistad" est tourné pour un budget modeste (40 millions de dollars) et réunit une distribution de vedettes (Anthony Hopkins, Morgan Freeman), de jeunes talents émergeants (Matthew McConaughey, Anna Paquin, Djimon Hounsou) et de solides seconds rôles.
"Amistad" relate un fait historique authentique, mais le film fut loin d'être reçu avec des louanges. En grande partie la relation d'un procès, il s'avère filmé de manière posée, voire plate, pour du Spielberg, les séquences flirtant avec la mièvrerie (la découverte du nouveau testament) ne manquent pas, l'emploi de la musique peut en rajouter inutilement dans l'emphase, les grandes plaidoiries nous endorment doucement.
Toutefois, malgré sa platitude, un certain manque d'inspiration, "Amistad" n'est pas pour autant à ranger dans les cacas honteux du style "Hook" ou le second "Jurassic park". La reconstitution convainc et le film a le mérite de décrire une époque transitoire sur l'abolition : l'esclavage en tant que tel est admis, mais le trafic d'hommes venant d'Afrique ne l'est pas, par exemple... Cela donne un fond assez riche au métrage, même si Spielberg n'a pas peur de faire dans l'anachronisme (la guerre de sécessions semble être en permanence sur le point d'exploser, alors qu'elle arrivera vingt ans plus tard). Quelque part, "Amistad" semble le prologue d'une fresque plus vaste sur l'esclavage aux USA qui reste à réaliser. Le fameux "Lincoln" que Spielberg tente difficilement de produire depuis des années ?
Le choc de deux cultures se découvrant et semblant incapable de se comprendre est correctement rendu. Reste aussi un grand moment fort dans le métrage : le récit de Cinque sur les évènements avant la révolte, des séquences fortes, absolument horrifiantes, venant briser le côté un peu policé de ce métrage...
Vu sur ciné cinéma émotion où il passe en ce moment, copie 1.85 16/9 correcte mais parfois bizarrement très floue. VM anglaise stéréo correcte. Signalétique "-10" durant les 10 premières minutes du métrage, en plein dans l'image...

Sorti en DVD en France par Dreamworks
