"Les rois du soleil" est une production des frères Mirisch, producteurs de blockbusters notables dans les années 50 et surtout 60, en coopération avec le studio United Artists, avec en particulier "Les 7 mercenaires", "La grande évasion" et "Wild Side Story" au début de cette décennie.
Les Mirisch ont déjà produit l'année d'avant un autre film d'aventures exotiques mettant en vedette l'exotique Yul Bryner, starifié en 1960 par "Les 7 mercenaires" : "Taras Bulba", lui aussi réalisé par Jack Lee Thompson. Ils remettent le couvert ici, avec aussi Brad Dexter, un autre des "7 mercenaires", et George Chakiris, vedette de "Wild Side Story".
Comme "Les 7 mercenaires", "Les rois du soleil" est tourné au Mexique, ce qui permet de bénéficier d'une figuration nombreuse aux faciès authentiquement indiens, ainsi que de décors historiques et spectaculaires, dont la cité maya de Cichen Iza (au début du métrage).
L'extinction très rapide de la civilisation maya aux alentours de la fin du premier millénaire de notre ère est un mystère de l'Histoire, ayant généré de nombreuses hypothèses. Si dans "Apocalypto", Mel Gibson évoque l'explication écologique d'une civilisation qui surexploite son environnement et sombre dans la décadence, "Les rois du soleil" penche pour l'idée d'une soudaine invasion brutale et rapide par une autre tribu.
A partir de là, "Les rois du soleil" brode un exil maya en bateaux à travers le golfe du Mexique, jusqu'à accoster et s'installer dans une région peuplé d'indiens nomades d'Amérique du nord, avec tipis, bisons et tout l'attirail de l'amérindien de western.
Et si Gibson optait pour une civilisation maya aux images pratiquement extraterrestres par leur bizarrerie et leur violence, "Les rois du soleil" penche vers un plus classique panachage entre western et film "Epic" d'aventures historiques, un peu tendance péplum.
"Les rois du soleil" tourne alors à la fantaisie d'aventures dont le scénario aligne des absurdités vite choquantes (deux peuples très éloignée et qui ne se sont jamais rencontrées parlent la même langue !). Il ne rechigne pas devant les anachronismes (le roi maya opposé aux sacrifices humaines), le kitsch (George Chakiris, brushing impeccable et affublé d'une cape en plumes ou en peau de panthère évoque plus une revue du Moulin Rouge qu'un roi d'une civilisation lointaine).
Yul Brynner en chef peau-rouge rayonne de charisme et d'autorité, bouffe l'écran dès qu'il apparaît, aux dépends des jeunes premiers George Chakiris et Shirley Anne Field, bien fades en comparaison. Mais Brynner n'a pas peur de surjouer de son charisme et de son corps athlétique et ondulant, jusqu'au ridicule par moment.
Bref, les défauts ne manquent pas dans ce grand spectacle très hollywoodien. Mais "Les rois du soleil" n'est pas dénué de qualités. J. Lee Thompson, en dépit d'un scénario discutable (les deux rois se disputent et se réconcilient de façon peu crédibles), sait profiter des moyens mis à sa disposition pour offrir des images à grand spectacle et originale : la nouvelle ville maya, les paysages superbes de la plage, Yul Brynner au centre de sa masse d'indiens formant des mouvements de foules, et surtout une bataille finale aux péripéties et cascades convaincantes, grouillant littéralement de guerriers furieux.
Le plus réussi dans ce métrage, c'est surtout la musique omniprésente d'Elmer Bernstein (La grande évasion, Les 7 mercenaires) qui en était d'ailleurs très fier si l'on en croit les témoignages d'imdb. Si au début, on peut avoir l'impression d'une partition américaine/western parmi d'autres, elle ne cesse ensuite de prendre en puissance et transforme "Les rois du soleil" en un opéra grandiose, barbare et intense, qui ne lâche jamais le spectateur. A nouveau, la bataille finale illustre bien la puissance de cette musique qui tire ce film vers le haut. Un film avec des défauts indéniable, mais aussi une oeuvre originale et unique, il faut bien lui reconnaître cela !
Vu sur TCM replay, copie 2.35 HD, VM anglaise mono 2.0 PCM, STF (plein de bugs).