Opération Clandestine / Carey Treatment - Blake Edwards 1972

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21522
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Opération Clandestine / Carey Treatment - Blake Edwards 1972

Message par Superwonderscope »

Le Dr Carey (James Coburn) est un pathologiste renommé qui rejoint l'Hopital de Boston, tenu d'une main de fer par le Dr Kendall (Dan O'Herlihy). Il y rejoint son ami le Dr Tao (James Hong) qui est cependant arreté pour le meurtre de la fille du d Kendall, Suspecté de l'avoir avortée comme un boucher. le Dr Carey mène son enquête à sa manière, persuadé de l'innocence de son ami.

Image


Blake Edwards là où on ne l'attend pas vraiment : un thriller médical. Et cette opération clandestine est plutôt réussie. mariage adroit d'une fine observation des moeurs de l'époque et du thriller-whodunit se passant dans le milieu médical - qui préfigure pas mal Urgences.

Coburn fait un Carey incisif, persifleur, pourfendeur du laxisme et de la corruption ambiante. tout en étant gentilment anticonformiste et, quelque part, en avance sur son temps. car le sujet de l'avortement, sujet brulant s'il en est aux USA, est le coeur du film. Illegalité, pratique de la médecine en fonction de ses croyances. De Dr Tao pratique illégalement les avortements, mais de par son attachement au fait que les femmes doivent avoir le contrôle sur le corps. Une idée qui passe mal (et qui a mal passé en 1972, le film ayant été un gros échec) et qui mène de docteur par la case prison.

Côté enquête, là aussi c'est plutôt anticonformiste. la scène où Carey arrache la vérité de la bouche de la roomate de la fille Kendall (jouée par Jennifer Edwards) est assez couillue. Une séance de gymkana en voiture, avec cascades à la clé - et une montée en puissance du suspense et de l'hystérie de l'adolescente. Pas mal du tout. Ce qui fait quelque part dire à un flic que Carey est pire que tous les traitements policiers effectués - voir la séquence de torture mentale finale.

En fait, à y regarder de plus près, Edwards délaisse le côté whodunit pour mieux s'intéresser au personnage de Carey. ses contradictions, son attachement à la diététicienne jouée par Jennifer O'Neill. En pleine séparation, elle aussi vacille dans son quotidien. leur histoire, menée en parallèle des tumultes hospitaliers, tient lieu là aussi de photographie des mœurs de l'époque. Le mariage est une notion "out", la question de l'avortement se pose ouvertement (là où les italiens donnent la même année le côté exploitatif et racoleur de la chose dans Mais qu'avez-vous fait à Solange?), la violence policière, la trafic de drogue dans les hopitaux...mais mené avec un certain détachement. La volonté n'est pas de faire du spectaculaire, mais de l'insérer dans un quotidien bien réel.

La révélation va dans le sens de la marche
Spoiler : :
il s'agit comme dans Solange d'un avortement qui a mal tourné, car pratiqué par des non-spécialistes
et ne se place jamais d'un point de vue moral - mais éthique. C'est peut-être ce qui a gêné pas mal de spectateurs lors de sa sortie. D'autant plus que, suprême retournement, il ne s'agit
Spoiler : :
en acun cas d'un avortement
!

Comme d'habitude chez Edwards, le Scope est utilisé de manière plus qu'adéquate pour bien mettre en profondeur l'ensemble des décors, et les déplacements de personnages dans l'espace. Qu'il soit confiné (comme la scène de massage assez tordue ) ou vaste (l'autopsie), Edwards sait composer avec son cadre et le rendre parlant de par les regards des acteurs ou l'espace créé, même dans les scènes de bagarres, poursuites ou la scène finale.

The Carey Treatment garde un côté éminemment moderne 40 ans après sa réalisation, c'est bien là sa force. Parce qu'il pose de bonnes questions de la meilleure manière qui soit.


Vus sur un enregistrement sur FR3 datant de (ouhla) environ 1990 que j'ai toujours conservé et passé sur DVD et que je suis très content d'avoir conservé!), projeté au cinéma de Minuit. Scope 2.35:1 respecté, avec st jaunes incrustés sur l'image. Durée : 1h39. A ma connaissance, aucun dvd officiel, hormis un obscur dvd espagnol. C'est une prod MGM.

Plus une partition funky-jazzy de Roy Budd (un auteur dont je découvre aujourd'hui l'étendue du talent!), autre bon atout du film.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21522
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Re: Opération Clandestine / Carey Treatment - Blake Edwards

Message par Superwonderscope »

Nouvelle revisitation de ce thrieller hors des sentiers battus. Il existe un DVD chez Warner Archive depuis, mais pas de HD.

Revu avec beaucoup de plaisir The Carey Treatment/Operation Clandestine de Blake Edwards. Sur mon vieil enregistrement du Ciné Club de FR3 de 1993, sur VHS transféré sur un DVD-R (Vostf 2.35:1) en 2006... que je ne suis pas près de lâcher et qui tient la route.

Un virage inattendu pour ce cinéaste dans un thriller médical préfigurant Coma/Morts Suspectes. Bien mieux que son Tamarind Seed deux ans après.
Le film tacle des sujets brûlants comme l'avortement, le racisme larvé des "riches blancs avec du pouvoir", entre autres. Toujours d'une pertinence brûlante 45 ans après (cf la politique Trumpiste actuelle, entre autres...) . Edwards profite d'une intrigue de whodunit pour une brillante étude de caractère. Coburn en pathologiste impertinent aux méthodes particulières y est excellent, ambigu.
Comme toujours chez Edwards, magnifique utilisation du format Scope. Un des rares a vraiment maîtriser sa signification et sa portée.
Et Roy Budd à la partition jazz/rock apporté une dimension autre.
Le film n'est pas exempt de quelques longueurs mais ça reste un film à part, aux élans justes et rentre-dedans. Et quelle direction d'acteurs!
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Répondre